30.
Comme il ne pouvait plus supporter les plaintes qui éclataient contre lui de toutes parts, il résolut de chercher une ville qui égalât la majesté de Rome, et où il pût établir le siège de son empire. Ayant trouvé un lieu fort propre à ce dessein, entre la Troade et l’ancienne Ilion, il y jeta des fondements, et y éleva une partie de muraille qu’on voit encore aujourd’hui lorsqu’on fait voile vers l’Hellespont; mais s’étant dégoûté de cette entreprise, il la laissa imparfaite, et ayant admiré l’avantage de l’assiette de Byzance, il prit la résolution de l’agrandir de telle sorte, qu’elle pût avoir la gloire d’être la capitale de l’univers. Elle est assise sur une hauteur et comprend une partie de l’isthme que font le Céras et la Propontide. Il y avait autrefois une porte, à l’endroit où finissent les galeries que l’empereur Sévère fit bâtir à Byzance, lorsqu’il ne fut plus irrité contre les habitants, pour avoir accueilli favorablement Niger, son ennemi. Il y a un mur qui descend le long de la colline du côté d’Occident, jusqu’au temple de Vénus et jusqu’à la mer qui est vis-à-vis de Chrysopole. Il y en a un autre qui descend de la même sorte, du côté de Septentrion, jusqu’au port, et jusqu’à l’endroit de la mer où est l’embouchure par où l’on entre dans le Pont-Euxin. Cet espace de terre qui s’étend jusqu’au Pont est étroit, mais il est long de près de trois cents stades. Voilà quelle était l’étendue de l’ancienne ville. Constantin ayant bâti un grand marché en rond, à l’endroit où était autrefois la porte, et ayant fait des galeries tout autour, il fit bâtir de marbre de Proeconése deux voûtes à l’opposite l’une de l’autre, par lesquelles on peut entrer dans les galeries de Sévère et sortir de l’ancienne ville. Voulant accroître la ville, il fit faire une nouvelle muraille plus longue de quinze stades que l’ancienne, et qui égalant la grandeur de l’isthme, s’étendait depuis une mer jusqu’à l’autre.