33.
Mais Constantin renversant tout ce qu’il y avait de plus sagement établi, divisa cette charge en quatre, et fit quatre préfets du prétoire. Il assigna au premier toute l’Egypte, la Pentapole de Libye, l’Orient jusqu’à la Mésopotamie, la Cilicie, la Cappadoce, l’Arménie, la côte maritime, depuis la Pamphylie jusqu’à Trébizonde, les forts qui sont aux environs du Hase, la Thrace, la Moesie, jusqu’au mont Hoemus et jusqu’à Rhodope et à la ville de Dobère, l’île de Chypre et les Cyclades, excepté Lemnos, Imbros, et Lesbos. Il assigna au second la Macédoine, la Thessalie, la Grèce, et les lies d’alentour, Crête, les deux Épires, l’Illyrie, le pays des Daces et des Triballes, jusqu’à Valérie en Pannonie, et la Moesie supérieure. Il assigna au troisième toute l’Italie, la Sicile, les lies d’alentour, la Sardaigne, la Corsique, et l’Afrique, depuis les Syrtes jusqu’à Cyrène. Il donna au quatrième la Gaule Transalpine, l’Espagne et l’île de la Grande-Bretagne.
Il ne se contenta pas d’avoir divisé de la sorte cette charge, il trouva d’autres moyens de l’affaiblir et de la ruiner. Au lieu qu’en toutes les provinces de l’empire les gens de guerre étaient commandés par des centeniers, par des tribuns et par des capitaines, qui tenaient la place des préteurs, ce prince établit des maîtres de la milice, dont l’un avait sous lui l’infanterie, et l’autre la cavalerie, avec pouvoir de réprimer les désordres et de châtier les coupables, et par là diminua encore la fonction du préfet du prétoire. Ce changement fut très préjudiciable à l’empire, en temps de paix et en temps de guerre: car tant que les préfets du prétoire levèrent les impositions publiques par le ministère des officiers inférieurs et qu’ils les employèrent au paiement et à l’entretien des armées, et que d’ailleurs ils eurent le pouvoir de réprimer les désordres, les gens de guerre faisant réflexion que celui qui leur fournissait des vivres était le même qui avait droit de les punir, demeuraient dans le devoir, de peur d’être punis et d’être privés de leur paie. Mais depuis que le soin des vivres a été confié à l’un et l’ordre de la discipline militaire à l’autre, ils disposent de tout selon leur caprice, et appliquent à leur profit particulier le fond destiné au paiement des troupes.
