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Constance, étant parti d’Orient pour faire la guerre à Magnence, crut devoir se réconcilier avec Vétranion pour n’avoir pas deux rebelles à combattre en même temps. Magnence fit aussi son possible pour gagner l’amitié de Vétranion, et pour l’engager à prendre les armes contre Constance. L’un et l’autre lui ayant envoyé des ambassadeurs pour ce sujet, il se déclara pour Constance. Les ambassadeurs de Magnence étant retournés sans avoir rien obtenu, Constance demanda la jonction des troupes et une assemblée pour résoudre de quelle manière on ferait la guerre à Magnence. Vétranion s’étant ainsi laissé surprendre par Constance, ils montèrent tous deux sur un lieu un peu élevé, qu’on leur avait préparé en forme de trône; Constance, usant du droit que sa naissance lui donnait de parler le premier, représenta aux gens de guerre, avec les termes les plus avantageux qu’il put trouver, les libéralités que l’empereur son père avait exercées envers eux, la sainteté des serments par lesquels ils s’étaient obligés à demeurer inviolablement attachés aux intérêts de ses enfants, et les conjura de ne pas permettre que Magnence, qui avait trempé ses mains dans le sang d’un des fils de Constantin, sous lequel ils avaient servi, et de la libéralité duquel ils avaient reçu tant de récompenses, s’échappât impunément. Les gens de guerre qui avaient déjà été gagnés par argent ayant entendu ce discours, s’écrièrent qu’il fallait se défaire des faux empereurs. Dès l’heure même ils ôtèrent la robe impériale à Vétranion, et le réduisirent à une condition privée. Constance empêcha de lui faire aucun mauvais traitement, et lui assigna des revenus honnêtes pour vivre en Bithynie. Après y avoir vécu quelque temps sans affaires et sans soins, il y mourut.
