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et l’été étant déjà commencé, il mit ordre aux affaires des Gaules, obligeant les uns par la terreur de ses armes à demeurer en repos, et persuadant aux autres par l’expérience du passe de préférer volontairement la paix à la guerre. Ayant établi toute sorte d’officiers dans les villes et sur les frontières, il passa les Alpes avec son armée. Etant allé dans le pays des Rhètes où est la source du Danube, qui, ayant arrosé la Bavière et la Pannonie, coule par la Dace, par la Thrace, par la Moesie, par la Scythie, et se décharge dans le Pont-Euxin, il fit faire des vaisseaux sur lesquels il descendit avec trois mille hommes le long du Danube, et commanda à vingt mille d’aller par terre à Sirmium. Allant continuellement à la voile et à la rame, et ayant les vents étésiens favorables, il arriva en douze jours à cette ville. Le bruit de l’arrivée de l’empereur s’étant répandu, chacun croyait que c’était Constance, mais quand on sut que c’était Julien, on fut fort surpris de la diligence de sa marche. Lorsque l’armée qui le suivait par terre fut arrivée, il écrivit au sénat de Rome et aux troupes d’Italie pour leur déclarer son avènement à la couronne, et pour leur commander de veiller à la conservation des places.
Les deux consuls de cette année-là, Taurus et Florentius, s’étant enfuis à la première nouvelle qu’ils avaient reçue que Julien avait passé les Alpes et était arrivé en Pannonie, il commanda de les nommer dans les actes publies les consuls fugitifs. Il faisait de grandes caresses aux habitants des villes par où il passait, et leur donnait de grandes espérances d’un heureux gouvernement. Il écrivit aux Athéniens, aux Lacédémoniens et aux Corinthiens pour les informer des motifs de son voyage.