15.
En continuant son voyage, il arriva à une autre île du même fleuve, où il y avait un fort; s’en étant approché, il reconnut qu’il était imprenable. Il ne laissa pas d’exhorter les habitants à se rendre: ils lui promirent de le faire, et il passa le long de plusieurs châteaux, se contentant de semblables promesses, parce qu’il ne se voulait pas arrêter et qu’il se hâtait d’arriver au lieu où était le théâtre principal de la guerre. En peu de jours il arriva à la ville de Dacire, qui est à la droite de ceux qui naviguent sur l’Euphrate. Les soldats l’ayant trouvée vide, y pillèrent une grande quantité de blé et d’autre butin, tuèrent des femmes qui y étaient restées, et la ruinèrent de telle sorte qu’il ne demeura aucun vestige de bâtiment. Sur un des bords où marchait l’armée, il y avait une source de laquelle sortait du bitume. L’empereur alla après cela à Sitha, puis à Mégie, et enfin à Zaragardie, où il y a un trône de pierre que ceux du pays appellent le trône de Trajan. Les soldats ayant pillé et brêlé cette ville sans résistance, employèrent le reste de ce jour-là et tout le jour suivant à se reposer. L’empereur étonné, de ce qu’après avoir fait tant de chemin sur les terres des ennemis, il n’en paraissait point qui sortissent des embuscades, us qui tinssent la campagne, envoya Hormisdas qui connaissait parfaitement le pays avec quelques troupes pour découvrir la campagne. Il courut un extrême danger, dont il ne fut préservé que par un bonheur extraordinaire. Le suréna (c’est le nous d’une dignité parmi les Perses) s’était mis en embuscade et attendait Hormisdas en un endroit par où il devait repasser, sans se défier de rien. Mais un canal, qui trouva par hasard rempli par l’Euphrate, empêcha ses gens de passer. Ils aperçurent le jour suivant l’embuscade, l’attaquèrent, ou tuèrent une partie, mirent l’autre en fuite et rejoignirent l’armée.