19.
Le suréna étant sorti avec quelques troupes d’une ville d’Assyrie, fondit à l’improviste sur les éclaireurs de l’armée romaine, tua un des trois tribuns, mit le reste en déroute, et prit une des enseignes faite en forme de dragon, telles que sont pour l’ordinaire celles que les Romains portent dans les armées.
L’empereur indigné de cette petite disgrâce fondit sur les troupes du suréna, les mit en déroute, reprit l’enseigne; et étant allé droit à la ville où le suréna avait attaqué ses éclaireurs, la prit et y mit le feu. Il dégrada le chef des éclaireurs qui avait laissé prendre l’enseigne, et qui avait préféré sa vie à la gloire du nom romain, et le regarda toujours depuis avec mépris, aussi bien que ceux qui avaient eu part à la honte de sa fuite. Etant ensuite descendu le long d’un fleuve, il arriva à un fort qui est proche de la ville de Fissénie elle était entourée d’un fossé fort profond, où les Perses avaient fait couler l’eau d’un fleuve nommé le fleuve Royal. Ayant passé au-delà de cette ville, comme au delà d’une place où il n’y avait point d’ennemis appréhender, ils marchèrent par un marais qui avait été fait exprès: car les Perses avaient creusé un canal où ils avaient fait couler la rivière, de sorte qu’ils croyaient en avoir rendu le passage impossible à une armée. Mais l’empereur l’ayant traversé le premier, ses gens eurent honte de ne le pas suivre et le traversèrent après lui, bien qu’ils eussent de l’eau jusqu’aux genoux. Le soleil s’étant couché, l’armée passa la nuit en cet endroit-là. L’empereur ayant commandé ensuite à des soldats et à des charpentiers de le suivre, fit couper des arbres et bâtir des ponts pour mettre sur les canaux, fit combler les creux, élargir les chemins étroits, et fit passer assez commodément son armée jusqu’à la ville de Bithra, où il y avait un palais et des maisons qui suffirent à le loger avec tous les gens de guerre.
