1.
J’ai représenté dans le livre précédent tout ce qui est arrivé jusqu’à la mort de Jovien, après laquelle Valentinien fut choisi pour gouverner l’empire. Ce dernier étant tombé malade en chemin, et sa maladie ayant augmenté la disposition qu’il avait à la colère et à la cruauté, il s’imagina faussement que les amis de Julien l’avaient empoisonné. Quelques personnes de qualité furent accusées, et les accusations furent examinées avec beaucoup de prudence et beaucoup d’adresse par Saluste, qui était encore alors préfet de prétoire. Sa maladie lui ayant donné un peu de relâche, il partit de Nicée pour se rendre à Constantinople. Quand il y fut arrivé, les plus intimes de ses amis et les principaux officier, de l’armée le supplièrent d’avoir la bonté d’associer quelqu’un à l’empire, de peur que s’il survenait quelque changement inopiné, ils ne tombassent en des malheurs semblables à ceux qu’ils avaient éprouvés après la mort de Julien. Il leur accorda leur prière, et après une mûre délibération, il choisit Valens, son frère, dans la croyance qu’il lui serait plus fidèle qu’aucun autre, et l’associa à l’empire.
