3.
Après cela Valentinien jugea à propos de partager l’empire avec son frère, et lui ayant assigné l’Orient, l’Egypte, la Bithynie, et la Thrace, il prit pour lui l’Illyrie, l’Italie, les pays qui sont au-delà des Alpes, l’Espagne, la Grande-Bretagne, l’Afrique. Ce partage ayant été fait de la sorte, Valentinien s’appliqua sérieusement à bien gouverner, à établir de bons magistrats, à lever exactement les impositions publiques, et à les employer aux nécessités des gens de guerre. Voulant faire des lois, il commença par défendre à sacrifier durant la nuit, prétendant arrêter par là le cours des impiétés qui se commettaient. Mais Prétextat, proconsul de Grèce, homme recommandable par toutes sortes de vertus, déclara hautement que si cette loi avait lieu, elle rendrait la vie insupportable à tous les païens. C’est pourquoi l’empereur s’en désista, et permit de célébrer les saints mystères selon l’ancienne coutume.
Les Barbares qui habitent au-delà du Rhin, et qui s’étaient tenus trop heureux de vivre en repos sous le règne de Julien, par l’appréhension qu’ils avaient de sa puissance, se soulevèrent aussitôt qu’ils surent sa mort, et prirent les armes. Comme Valentinien avait quelque expérience de la guerre, il ne manqua pas de préparer à l’heure même sa cavalerie, son infanterie et ses troupes années à la légère, et de veiller à la défense des places qui sont sur le Rhin.