15.
Entre les philosophes célèbres, Maxime fut le premier mis à mort. Hilaire de Phrygie le fut ensuite, pour avoir expliqué trop clairement un oracle. Puis Simonide, Patrice de Libye, et Andronique de Carie, qui étaient tous trois fort habiles, et qui ne furent condamnés que par l’envie qu’on portait à leur mérite et à leur vertu. La confusion était si générale et si horrible, que les dénonciateurs entraient dans les maisons à la tête d’une troupe de gens perdus, et mettaient ceux qu’il leur plaisait entre les mains des exécuteurs, pour les faire mourir sans connaissance de cause. Festus, que l’empereur avait envoyé en Asie en qualité de proconsul, et à qui il n’avait donné cet emploi qu’en considération de sa cruauté, afin qu’il n’épargnât aucun homme remarquable par son savoir, mit, pour ainsi dire, le comble à la misère publique. Ce détestable consul réussit selon son intention. Car ce furieux magistrat ayant fait une exacte recherche des savants, les fit mourir sans aucune formalité de justice, à la réserve de ceux qui, pour sauver leur vie, abandonnèrent leurs maisons. Voilà un fidèle récit des malheurs que l’indiscrétion de Théodore attira sur les villes.
