25.
Théodose reçut à Thessalonique quantité de personnes qui y abordèrent des divers endroits pour les affaires publiques ou pour leurs nécessités particulières, et après les avoir expédiées il les renvoya. Des troupes nombreuses de Scythes, de Goths, de Taifales, et d’autres nations ayant traversé le Danube et pillé les territoires de quelques villes de l’empire, pour chercher du soulagement à la famine dont elles étaient pressées, depuis qu’elles avaient été chassées de leur pays par les Huns, il se prépara de tout son pouvoir à la guerre.
Comme la Thrace était occupée par les nations dont je viens de parler, et que les garnisons des places de la province n’osaient, je ne dirai pas tenir la campagne, mais se montrer seulement au haut des murailles, Modarès, issu du sang des rois des Scythes, qui s’était rendu depuis longtemps aux Romains, et qui leur avait donné de si grandes preuves de sa fidélité qu’il ait parvenu à la charge de maître de la milice, monta, sans que les Barbares s’en aperçussent, sur une hauteur plate et longue qui commandait la plaine qui s’étendait au dessous. Ayant appris de ses espions que les ennemis consumaient les vivres qu’ils avaient pris à la campagne et dans les places non fortifiées, et qu’ils étaient pleins de vin, il commanda à ses soldats de prendre leurs boucliers et leurs épées, sans se charger d’autres armes plus pesantes, ce qui ayant été fait, ils fondirent sur les Barbares, et en peu d’heures ils en tuèrent un grand nombre, les uns sans qu’ils le sentissent, les autres dans le moment nième qu’ils commençaient à se sentir, en revenant de leur assoupissement. Lorsqu’ils eurent tué tous les hommes, ils les dépouillèrent. Ils prirent après cela les femmes et les enfants, avec quatre mille chariots, sans un nombre innombrable de valets qui suivaient à pied, et qui montaient quelquefois dessus pour se délasser. L’armée s’étant si heureusement servie de cette occasion qui avait été présentée par le hasard, la Thrace fut délivrée du péril qui la menaçait, et rétablie dans une agréable tranquillité, par la perte inopinée des nations qui avaient troublé son repos.