34.
Pendant que Théodose gouvernait de la sorte, Gratien envoya Vitalien en Illyrie pour y commander les troupes. C’était un homme qui n’était nullement capable de rétablir les affaires. Peu après deux bandes de Germains, qui habitent au-delà du Rhin, dont l’une était commandée par Fritigerne, et l’autre par Allothe et par Safrace, incommodèrent si fort les Gaules, que l’empereur Gratien, pour être délivré de leurs violences, leur permit de s’emparer de la Pannonie et de la Moesie supérieure. Ces peuples étant donc montés sur le Danube, à dessein de passer par la Pannonie, d’aller en Epire et de subjuguer la Grèce, crurent devoir amasser quantité de provisions et attaquer Atanaric, prince des Scythes, pour ne laisser derrière eux aucun ennemi. L’ayant donc attaqué, ils le chassèrent sans peine du lieu qu’il occupait. Quand il eut été chassé de la sorte, il se réfugia vers Théodose qui venait d’être guéri d’une maladie dangereuse; celui-ci vint au devant de lui hors de Constantinople pour le recevoir, et lui fit après sa mort, qui survint incontinent, des funérailles si superbes, que les Scythes, étonnés d’une magnificence si extraordinaire, s’en retournèrent en leur pays sans exercer aucun acte d’hostilité contre les Romains, et que ceux qui étaient venus avec Atanaric gardèrent longtemps les bords du Danube pour empêcher les incursions des autres peuples. Théodose eut dans le même temps d’autres succès assez heureux. Il remporta quelques avantages sur les Scyres et sur les Carpodaces qui s’étaient joints à quelques Huns, et les contraignit de repasser le Danube; de sorte que les soldats commencèrent à reprendre un peu de cœur et les paysans à cultiver leurs terres en repos.