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La corruption de l’esprit et des mœurs étant aussi grande sous le règne de Théodose que je l’ai décrite, les bonnes choses y étant généralement méprisées, le luxe et les débauches y étant montés à un excès tout-à-fait insupportable, les habitants d’Antioche, capitale de Syrie, ne pouvant plus souffrir les impositions qui croissaient de jour en jour, se soulevèrent, abattirent les statues de l’empereur, de l’impératrice, avec des railleries dignes des mauvais traitements qu’ils ressentaient, mais peut-être trop piquantes et trop satiriques. L’empereur ayant donné des marques de sa colère, les décurions de la ville jugèrent à propos d’envoyer des députés pour l’apaiser et pour lui faire des excuses de l’emportement du peuple. Ils choisirent pour cet effet Libanius, dont les ouvrages publient assez le mérite, et Hilaire, recommandable par l’éminence de sa science. Ce célèbre orateur fit un excellent discours sur le sujet de la sédition en présence de l’empereur et du sénat, et parla avec tant d’éloquence, que non seulement il obtint la grâce des coupables, mais qu’il reçut ordre de ce prince de faire un autre discours sur la générosité avec laquelle il oubliait cette injure. Hilaire reçut de son côté les éloges qui étaient dus à son mérite, et fut honoré de la charge de gouverneur de la Palestine.