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Les affaires étant en cet état en Orient, en Thrace et en Illyrie, Maxime non content de commander aux peuples qui avaient obéi à Gratien, méditait de priver le jeune Valentinien de tout ou au moins d’une partie de ce qu’il possédait. Il se préparait pour cet effet à passer les Alpes, et à aller en Italie. Mais parce que les chemins sont fort étroits, et qu’après avoir monté des montagnes presque inaccessibles, on trouve des lacs où il est périlleux de mener des troupes, il ne se bâtait pas de faire une entreprise si difficile.
Valentinien lui ayant fait proposer la paix, et lui ayant envoyé d’Aquilée. où il était, Domnin, Syrien de nation, le plus fidèle de ses sujets, le plus puissant et le plus expérimenté de la cour, Maxime lui fit tant d’honneurs, et le combla de tant de présents, qu’il lui persuada que Valentinien n’avait point de meilleur ami que lui. Il acheva de tromper en lui donnant une partie de ses troupes pour repousser les Barbares qui menaçaient la Pannonie,
Domnin étant parti fort satisfait des présents et du renfort qu’il avait reçus, rendit, sans y penser, le passage des Alpes plus aisé à Maxime; car celui-ci l’ayant suivi avec toute son armée, et ayant envoyé devant des gens pour empêcher qu’il ne sût qu’il marchait sur ses pas, il s’avança en diligence par les montagnes et par les lacs, entra en Italie, et mena son armée à Aquilée.