11.
Il n’y avait plus personne à Constantinople qui osât regarder Eutrope. Stilicon était maître des affaires en Occident. Eutrope désirant empêcher qu’il ne vint à Constantinople, conseilla à l’empereur d’assembler le sénat et de le déclarer ennemi de l’empire. Ce qui ayant été fait, il s’unit avec Gildon, comte d’Afrique, et par son moyen ôta l’Afrique à Honorius pour la donner à Arcadius. Stilicon ayant conçu autant de déplaisir que d’inquiétude de cette surprise, se servit d’un avantage que la fortune lui présenta. Gildon avait un frère nominé Masceldèle, auquel il tendait des pièges par une fureur barbare. Celui-ci s’enfuit en Italie, et raconta à Stilicon les mauvais traitements que son frère lui avait faits. Stilicon lui donna des vaisseaux et des troupes, avec lesquelles ayant attaqué son frère à l’improviste, il remporta un tel avantage que Gildon s’étrangla pour ne pas tomber entre les mains de ses ennemis. Masceldèle remit l’Afrique sous l’obéissance d’Honorius, et retourna victorieux en Italie. Bien que Stilicon eût de la jalousie d’un si glorieux exploit de Masoeldèle, il la dissimulait. Passant néanmoins un jour un pont dans un faubourg, ses gardes, au signal qui leur avait été donné, jetèrent Maceldèle dans la rivière, où il fut noyé, et Stilicon n’en fit que rire.