16.
Lorsque Tribigilde eut passé avec ses gens les chemins unis de la Pamphylie, et qu’il fut descendu dans les endroits creux, au dessus desquels étaient les gens de Valentin, ceux-ci jetèrent avec leurs frondes des pierres aussi grosses ou même plus grosses que le poing. Tribigilde n’avait aucun moyen de se sauver, car il avait d’un côté un étang et des marais, et de l’autre un passage si étroit qu’à peine suffisait-il pour deux hommes. Les gens du pays appellent ce passage-là un limaçon, parce qu’il est d’une figure ronde et qu’il ressemble en quelque sorte à la coquille dont le limaçon se couvre. Il était gardé par Florentius avec un nombre suffisant de gens de guerre. Les Barbares perdirent beaucoup de monde dans un lieu si étroit, où ils étaient accablés par la multitude et par la grosseur des pierres qu’on jetait incessamment sur eux. Plusieurs ne sachant que faire, poussèrent leurs chevaux dans l’étang et y périrent. Tribigilde monta avec trois cents hommes par le passage étroit, et ayant gagné Florentius, par argent, il se sauva et laissa périr le reste de ses troupes. Mais après avoir évité ce danger il en trouva d’autres qui ne furent pas moins terribles, car les habitants de toutes les villes s’étant armés à la hâte, l’enfermèrent avec les trois cents compagnons de sa fuite, entre le fleuve Mélas et le fleuve Eurymédon, dont l’un coule au dessus de Sida, et l’autre arrose Aspende. Ne sachant plus que faire, il avertit secrètement Gaina de l’état de ses affaires. Celui-ci étant fâché de ce qui était arrivé, et ne s’étant pas encore déclaré pour la révolte, envoya Léon son lieutenant au secours de la Pamphylie, avec ordre de se joindre à Valentin pour s’opposer au passage de Tribigilde. Bien que Léon fût brutal de son naturel et fort adonné à la débauche, il ne laissa pas d’exécuter ses ordres.