26.
Quand Alaric se fut retiré du Péloponnèse et du pays que le fleuve Archéloüs arrose, il attendit dans l’Epire où habitent les Molosses, les Thesprotes et d’autres peuples, le temps d’exécuter ce dont il était convenu avec Stilicon. Celui-ci, ayant reconnu la haine dont ceux qui gouvernaient l’empire sous le nom d’Arcadius étaient animés contre lui, résolut de mettre l’Illyrie sous la domination d’Honorius par le moyen d’Alaric, et n’était plus en peine que de trouver une occasion favorable pour l’exécution de ce dessein.
Pendant qu’ils étaient dans cette disposition, Rodogaise se prépara à entrer en Italie, à la tête d’une armée composée de quatre cent mille hommes, tant Gaulois que Germains. Toute l’Italie étant étonnée d’un si épouvantable armement, et Rome même tremblant à la vue d’un si extrême péril, Stilicon ramassa les troupes qui étaient dans Pavie, ville de Ligurie, divisées en trente compagnies, outre un renfort qu’il obtint des Alains et des Huns, ses alliés, passa le premier le Danube, fondit sur les ennemis, et les tailla en pièces, à la réserve d’un petit nombre qu’il enrôla parmi ses troupes. Ayant, par un exploit si célèbre, délivré l’Italie du danger dont elle était menacée, il s’en retourna comme en triomphe et couronné par la main de ses soldats.