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Bien qu’ils fussent plus de trente mille qui l’excitaient à la guerre, il était toujours disposé à entretenir la paix par respect pour le traité qu’il avait fait du vivant de Stilicon. Il envoya des ambassadeurs à cet effet, et demanda en otage Aetius et Jason, dont l’un était fils de Jovius, et l’autre de Gaudence. Il offrit de son côté de donner des otages parmi les plus qualifiés de son parti, et de mener son armée de Norique en Pannonie.
L’empereur rejeta ces conditions. Il est certain que pour bien pourvoir à ses affaires il devait faire de deux choses l’une, ou renvoyer la guerre à un autre temps et obtenir une trêve à l’aide d’un peu d’argent, ou, s’il voulait faire la guerre, ramasser toutes ses troupes et fermer les passages. De plus, il devait investir Sarus des fonctions de général, parce que c’était un homme qui, par son expérience et par sa valeur, était capable de jeter la terreur dans le cœur de ses ennemis, et qui, d’ailleurs, avait un assez bon nombre de troupes étrangères pour leur résister. Mais Honorius, en refusant la paix, en méprisant l’amitié de Sarus, en négligeant d’amasser ses troupes, en mettant toute son espérance dans les projets et dans les vœux d’Olympius, attira tous les malheurs dont l’empire fut accablé. Il choisit des généraux qui ne pouvaient exciter que le mépris des ennemis. Il donna le commandement de la cavalerie à Turpillion, celui de l’infanterie à Varanus, et celui des ailes des domestiques à Vigilantius, ce qui fit désespérer à plusieurs du salut de l’Italie, dont ils croyaient voir déjà la ruine de leurs propres yeux.
