39.
Au reste, la mort de Séréna ne détourna pas Alaric du siège de Rome. Au contraire, quand il eut entouré les murailles et qu’il se fut rendu maître du Tibre et du port, il empêcha l’entrée des vivres. Les Romains attendaient de jour en jour du secours de Ravenne. Mais ce secours n’étant point arrivé, ils furent obligés de ménager leurs vivres et de ne cuire chaque jour que la moitié d’autant de pain qu’ils en cuisaient auparavant, et ensuite de n’en cuire que le tiers. Lorsque les provisions furent consommées, la peste succéda à la famine. Comme on ne pouvait emporter les corps morts hors de la ville, parce que les ennemis en tenaient les portes fermées, il fallut les enterrer dedans, et la puanteur qu’ils exhalaient aurait été capable de faire périr les habitants quand ils ne seraient pas morts de faim. Il est vrai pourtant que Léta, femme de l’empereur Gratien, et Pissamène, sa mère, qui, par la libéralité de Théodose, tiraient pour leur table une grande somme de l’épargne, eurent la bonté de fournir des vivres à plusieurs personnes.