7.
Alaric n’ayant pu obtenir la paix aux conditions qu’il avait offertes, et n’ayant point reçu d’otages, attaqua Rome, et menaça de la mettre à feu et à sang si les habitants ne se joignaient à lui pour faire la guerre à Honorius. Comme ils avaient peine à se résoudre, il attaqua le port, et s’en étant rendu maître en peu de jours il y trouva toutes les provisions qu’il menaça de distribuer à ses soldats, à moins qu’on ne lui accordât promptement ce qu’il avait demandé. Le sénat s’étant assemblé, il n’y eut personne qui ne fût d’avis de consentir à ce qu’Alaric désirait, puisqu’il n’y avait point d’autre moyen d’éviter la mort, et qu’il n’entrait plus de vivres dans la ville. Ayant donc reçu les ambassadeurs dans l’enceinte de leurs murailles, et l’ayant mandé en dehors, ils proclamèrent empereur selon son ordre Attalus, préfet du prétoire, et le revêtirent de la robe impériale. Attalus donna à l’heure même la charge de préfet du prétoire à Lampadius, le gouvernement de Rome à Marcianus, et le commandement des troupes à Alaric et à Valens, et d’autres charges à d’autres. Ce Valens était celui qui avait autrefois commandé les troupes en Dalmatie. Il se rendit ensuite au palais entouré de gardes et en y allant n’eut point d’heureux présages. Quand il fut entré dans le sénat, il y tint le jour suivant un discours fort arrogant, se vantant qu’il assujettirait toute la terre à la domination romaine, et faisant encore d’autres promesses plus extravagantes, qui devaient bientôt attirer sur lui la colère et les châtiments du ciel.
Les Romains avaient une joie inconcevable de l’établissement de ces nouveaux magistrats, sur la sage administration desquels ils fondaient leurs espérances. Surtout ils étaient ravis de ce que Tertullius avait été honoré du consulat. Il n’y avait que les Atticius qui possédant d’immenses richesses, semblaient voir leur disgrâce particulière dans la prospérité publique.
Attalus ne suivit pas le bon conseil qu’Alaric lui avait donné d’envoyer des troupes en Afrique et à Carthage pour ôter le commandement à Héraclien qui favorisait le parti d’Honorius, de peur qu’il ne traversât leurs desseins; mais ajoutant foi aux promesses dont les devins le flattaient, de le rendre maître sans peine de Carthage et de l’Afrique, au lieu d’envoyer Drumas qui avec ce qu’il avait de troupes étrangères aurait aisément ôté le commandement à Héraclien, il y envoya Constantin sans lui donner de forces suffisantes.