3.
Si depuis ce temps-là les Grecs étaient demeurés unis entre eux, et qu’ils se fussent contentés de l’état de leur fortune, au lieu que les Athéniens et les Lacédémoniens se disputèrent perpétuellement les uns aux autres l’empire de leur nation, ils n’auraient jamais été assujettis à aucune autre puissance. Mais la guerre du Péloponnèse ayant épuisé les richesses et consumé les forces de la Grèce, Philippe tira avantage de cette faiblesse, et s’en servit pour accroître par ruse et par adresse l’état dont il avait hérité de ses pères, qui d’ailleurs n’avait rien de comparable à ceux de ses voisins. Ayant gagné par argent l’affection de ses troupes et celle de ses alliés, il se rendit si puissant, de faible qu’il était auparavant, qu’il livra bataille aux Athéniens à Chéronée. Après cette victoire, il fit sentir à tout le monde les effets de sa clémence et de sa douceur, et se prépara à faire la guerre aux Perses. Mais il fut surpris par la mort dans le temps même où il levait des troupes.
