5.
Les hérauts vont partout inviter à un spectacle qu’on n’a jamais vu et qu’on ne verra plus jamais. Au temps de la moisson, peu de jours avant la célébration des jeux, les quindécemvirs étant assis au lieu le plus élevé du capitole, distribuent au peuple des flambeaux, du soufre et du bitume, matières qui servent aux expiations. Il n’y a que les personnes libres qui y participent, les esclaves en sont exclus. Le peuple étant assemblé dans les lieux que nous avons dit, et dans le temple de Diane, qui est sur le mont Aventin, chacun y porte du blé, de l’orge et des fèves, et y passe la nuit en l’honneur des parques avec toute sorte d’honnêteté et de gravité. Lorsque le temps de la fête est arrivé, laquelle on célèbre durant trois jours et durant autant de nuits, on offre les victimes à Tarente, sur le bord du Tibre. Les dieux auxquels on sacrifie sont Jupiter, Junon, Apollon, Latone, Diane, les Parques, les Lucines, Cérès, Pluton et Proserpine. A la seconde heure de la première nuit des jeux, l’empereur immole avec les quindécemvirs trois agneaux sur trois autels dressés au bord du fleuve; et, ayant arrosé les autels avec du sang, il brûle les victimes entières. La scène étant préparée comme un théâtre, on allume des flambeaux et des buchers, on chante une hymne nouvellement composée, et on célèbre les jeux. Ceux qui les célèbrent ont pour récompense les prémices des fruits, du blé, de l’orge et des fèves qu’on distribue au peuple, comme je l’ai déjà dit. Le second jour on monte au capitole, et après les sacrifices ordinaires, on vient au théâtre et on y célèbre les jeux en l’honneur d’Apollon et de Diane. Le troisième jour les dames de qualité s’assemblent dans le capitole à l’heure marquée par l’oracle, font leurs prières et chantent des hymnes. Le troisième jour vingt sept jeunes hommes et autant de jeunes filles, tous dans la fleur du bonheur aussi bien que de la jeunesse, c’est-à-dire qui ont tous leur père et leur mère vivants, chantent des hymnes en grec et en latin dans le temple d’Apollon, par lesquelles les villes et les provinces sont maintenues sous l’obéissance de l’empire. On observait encore quelques autres cérémonies selon l’ordre que l’on en avait reçu des dieux, et tant que l’on les a observées notre état n’a point ou de disgrâce, ni souffert de perte. Pour justifier que ce que je dis est véritable, je n’ai qu’à rapporter l’oracle de la Sibylle, que d’autres ont déjà rapporté avant moi.
