12.
Maxence ayant évité ce piège, et croyant sa puissance bien affermie, envoya son portrait en Afrique, et à Carthage. Les gens de guerre qui étaient dans le pays empêchèrent qu’il ne fût proposé en public, à cause de l’affection qu’ils avaient portée à Maximien Galère, et de la vénération qu’ils conservaient pour sa mémoire. Mais ayant jugé en même temps que Maxence ne manquerait pas de se venger de la désobéissance avec laquelle ils avaient contrevenu à ses ordres, ils se retirèrent à Alexandrie, où ayant trouvé des troupes auxquelles ils ne pouvaient résister, ils retournèrent par mer à Carthage.
Maxence, irrité de leur insolence, se résolut de passer en Afrique pour la réprimer. Mais les aruspices ayant fait des sacrifices, et ayant rapporté que les dieux n’étaient pas favorables à cette expédition, il n’osa l’entreprendre; d’ailleurs, il appréhendait qu’Alexandre, qui était lieutenant du préfet du prétoire d’Afrique, ne s’opposât à son passage. Voulant donc s’assurer qu’il ne lui serait point contraire, il envoya lui demander en otage son fils, qui était un jeune homme de fort bonne mine. Alexandre, se doutant qu’il lui demandait son fils, non pour le tenir en otage, mais pour exercer contre lui quelque perfidie, refusa de le donner. Maxence ayant depuis envoyé des gens pour le tuer en trahison, et leur dessein ayant été découvert, les gens de guerre se mutinèrent, et revêtirent Alexandre de la robe impériale, bien qu’il fût Phrygien de nation, timide et lâche de son naturel, et avancé en âge.
