15.
Il y avait longtemps que Constantin se défiait de lui, mais il se prépara alors à le combattre. Il fit des levées en tous les pays qu’il avait réduits à son obéissance: en Germanie, en Gaule, en Grande-Bretagne, et amassa jusqu’à quatre-vingt mille hommes de pied, et jusqu’à huit mille chevaux. Il passa en Italie par les Alpes, sans exercer aucun acte d’hostilité contre les villes qui se rendaient d’elles-mêmes, et ruina celles qui osèrent lui résister.
Maxence avait une armée beaucoup plus nombreuse. Rome et l’Italie lui avaient fourni quatre-vingt mille hommes; Carthage, et l’Afrique, quarante mille. La Sicile en avait aussi fourni un nombre considérable, si bien qu’il avait sous ses enseignes cent soixante-dix mille hommes d’infanterie, et dix-huit mille de cavalerie.
Ayant chacun une armée si considérable, Maxence fit construire un pont sur le Tibre, lequel au lieu de toucher d’un bord à l’autre, était comme divisé en deux parties par le milieu; et ces deux parties étaient jointes ensemble par des chevilles de fer, qu’on ôtait toutes les fois qu’on les voulait séparer. Maxence commanda aux ouvriers d’ôter les chevilles, lorsque l’armée de Constantin voudrait marcher sur le pont.