16.
Constantin s’avança jusqu’à Rome, et se plaça dans une campagne fort vaste, et fort propre à ranger la cavalerie. Maxence demeura dans la ville où il offrit des sacrifices, fit consulter les entrailles des victimes, et lire les livres des Sibylles. Ayant trouvé qu’il était prédit que celui qui travaillait à la ruine de l’empire périrait d’une mort funeste, il expliqua de lui même cette prédiction, comme s’il eut dû repousser ceux qui venaient attaquer Rome. Mais la vérité parut par l’événement; car Maxence ayant fait sortir son armée hors de Rome, et ayant passé le pont qu’il avait fait construire, une multitude incroyable de chauves-souris vola sur les murailles. Constantin commanda à l’heure même à ses gens de prendre leurs rangs, et dès que les deux armées furent en présence, il donna le signal à la cavalerie de commencer l’attaque. Elle fondit avec une telle vigueur sur celle de Maxence qu’elle la mit en déroute. Son infanterie combattit aussi en bon ordre aussitôt qu’il en eut donné le signal. Le combat fut fort rude; les troupes d’Italie et de Rome pourtant s’y portèrent sans ardeur, par le désir qu’elles avaient d’être délivrées de la domination tyrannique de Maxence. Les autres firent assez bien leur devoir, et il en mourut une quantité incroyable, qui furent écrasés par les chevaux, ou percés par l’infanterie. Tant que la cavalerie de Maxence combattit, il lui resta quelque espérance, mais dès qu’elle eut plié, il prit la fuite comme les autres, par le pont, vers la ville; et le pont s’étant rompu, il tomba au fond du Tibre.