Edition
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De resurrectione carnis
XV.
[1] Age iam scindant adversarii nostri carnis animaeque contextum prius in vitae administratione ut ita audeant scindere illud etiam in vitae remuneratione: negent operarum societatem, ut merito possint etiam mercedum negare. [2] Non sit particeps in sententia caro si non fuerat et in causa: sola anima revocetur si sola decedit. At enim non magis sola decedit quam sola decucurrit illud unde decedit, vitam hanc dico. [3] Adeo autem non sola anima transigit vitam ut nec cogitatus, licet solos, licet non ad effectum per carnem deductos, auferamus a collegio carnis, siquidem in carne et cum carne et per carnem agitur ab anima quod agitur in corde. [4] Hanc denique carnis speciem, arcem animae, etiam dominus in suggillatione cogitatuum taxat: Quid cogitatis in cordibus vestris nequam? et, Qui conspexerit ad concupiscendum iam adulteravit in corde: adeo et sine opere et sine effectu cogitatus carnis est actus. [5] Sed etsi in cerebro vel in medio superciliorum discrimine vel ubiubi philosophis placet principalitas sensuum consecrata est, quod h(gemoniko&n appellatur, caro erit omne animae cogitatorium. Nunquam anima sine carne est quamdiu in carne est: nihil non cum illa agit sine qua non est. [6] Quaere adhuc an cogitatus quoque per carnem administrantur qui per carnem dinoscuntur extrinsecus: volutet aliquid anima, vultus operatur indicium; facies intentionum omnium speculum est. Negent factorum societatem cui negare non possunt cogitatorum. [7] Et illi quidem delinquentias carnis enumerant: ergo peccatrix tenebitur supplicio: nos vero etiam virtutes carnis opponimus: ergo et bene operata tenebitur praemio. Et si anima est quae agit et impellit in omnia, carnis obsequium est. [8] Sed deum non licet aut iniustum iudicem credi aut inertem----iniustum si sociam bonorum operum a praemiis arceat, inertem si sociam malorum a suppliciis secernat----cum humana censura eo perfectior habeatur quo etiam ministros facti cuiusque deposcit, nec parcens nec invidens illis quominus cum auctoribus aut poenae aut gratiae communicent fructum.
Übersetzung
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De la résurrection de la chair
XV.
Eh bien! que nos adversaires commencent par briser dans le gouvernement de la vie le lien qui unit l'âme à la chair, pour qu'ils osent le briser ensuite dans la rémunération de la vie. Qu'ils nient la communauté des actes, pour qu'ils puissent nier également à bon droit la récompense. Que la chair ne participe pas à la sentence, si elle n'a point participé à la cause qui la motive; que l'âme seule soit rappelée, si l'ame seule disparaît. Mais il n'en est rien: elle ne sort pas plus seule de la vie qu'elle n'a couru seule dans la carrière qu'elle abandonne: je veux parler de cette vie. Il est si vrai que l'âme ne vit pas seule ici-bas, que nous ne séparons pas de la communauté de la chair les pensées, même à l'état de pensées et non encore réalisées par le ministère de la chair. En effet, l'âme exécute dans la chair et par la chair ce qui s'accomplit dans le cœur. Enfin, le Seigneur lui-même, quand il veut reprendre les pensées des hommes, s'attaque à cette portion de chair qui est comme la citadelle de l'âme. « Pourquoi pensez-vous le mal au fond de vos cœurs? ----Quiconque, dit-il ailleurs, a regardé une femme avec un œil de convoitise, a déjà commis l'adultère dans son cœur. » Tant la pensée, même sans effet ni exécution, est un acte de la chair.
Que la faculté qui préside aux sens, nommée dirigeante, ait son siège dans le cerveau, entre les deux sourcils, ou en quelque lieu qu'il plaise aux philosophes, toujours est-il que la chair sera le siège des pensées de l'âme. Tant que l'âme est dans la chair, elle n'est jamais sans la chair. Rien qu'elle ne fasse avec celle sans laquelle elle n'est pas. Demande encore si les pensées s'exécutent par la chair, elles qui se manifestent au-dehors par la chair. Que l'âme inédite quelque dessein: il se reflète sur le visage. La figure est le miroir de nos plus secrètes |456 intentions. Qu'ils refusent encore la communauté des œuvres à celle qu'ils ne peuvent exclure de la communauté des pensées. Eux-mêmes ils font sonner bien haut les prévarications de la chair: donc la chair pécheresse est destinée au supplice. Quant à nous, nous leur opposons aussi les vertus de la chair: donc la chair qui aura fait le bien est destinée à la récompense.
Si c'est l'âme qui agit et gouverne, et la chair qui obéit, il n'est pas permis de croire que Dieu soit un juge injuste ou sans discernement; injuste, s'il exclut de la récompense celle qui partagea les bonnes œuvres; sans discernement, s'il exclut des supplices celle qui partagea les mauvaises actions; tandis que la justice humaine est d'autant plus parfaite qu'elle recherche avec plus d'exactitude les instruments du mal, sans les épargner ni leur refuser les mêmes supplices ou les mêmes grâces qu'aux auteurs du crime eux-mêmes.