Edition
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De resurrectione carnis
XXXVI.
[1] Videamus nunc an et Sadducaeorum versutiam elidens nostram magis sententiam erexerit. Causa opinor quaestionis fuit destructio resurrectionis, siquidem Sadducaei neque animae neque carnis admittunt salutem et ideo, ex qua vel maxime specie resurrectionis fides labefactatur, ex ea argumentum problemati suo accommodaverunt, de carnis scilicet obtentu nupturae necne post resurrectionem, sub eius mulieris persona quae septem fratribus nupta in dubio habebatur cui eorum restitueretur. [2] Porro serventur sensus tam quaestionis quam responsionis, et controversiae occursum est. Si enim Sadducaei quidem respuebant resurrectionem, dominus autem eam confirmabat, et scripturarum ignaros increpans, earum scilicet quae resurrectionem praedicassent, et virtutis dei incredulos, idoneae utique mortuis resuscitandis, [3] postremo subiciens Quoniam autem mortui resurgunt, sine dubio et confirmando esse quod negabatur, id est resurrectionem mortuorum apud deum vivorum, talem quoque eam confirmabat esse qualis negabatur, utriusque scilicet substantiae humanae. [4] Neque enim si nupturos tunc negavit ideo nec resurrecturos demonstravit: atquin filios resurrectionis appellavit, per eam quodammodo nasci habentes post quam non nubent sed resuscitati [5] similes [enim] erunt angelis, qua non nupturi quia nec morituri sed qua transituri in statum angelicum per indumentum illud incorruptibilitatis per substantiae, resuscitatae tamen, demutationem. [6] Ceterum nec quaereretur nupturi sive morituri necne rursus essemus si non eius vel maxime substantiae restitutio in dubium vocaretur quae proprie et morte et nuptiis fungitur, id est carnis. [7] Habes igitur dominum confirmantem adversus haereticos Iudaeorum quod et nunc negatur apud Sadducaeos Christianorum, solidam resurrectionem.
Traduction
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De la résurrection de la chair
XXXVI.
Examinons maintenant si le Seigneur, en confondant la ruse des Sadducéens, n'a pas confirmé de plus en plus notre doctrine. L'état de la question, si je ne me trompe, était l'anéantissement de la résurrection. Les Sadducéens, en effet, n'admettaient de salut ni pour l'ame, ni pour la chair. Prenant donc le biais qui ruinait le plus la foi à la résurrection, ils adoptèrent des arguments eu faveur de la difficulté qu'ils soulevaient. Ils mettaient en avant la chair. Devait-elle se marier, oui ou non, après la résurrection, dans la personne de cette femme qui, ayant épousé sept frères, ne laissait pas connaître à qui d'entre eux elle appartiendrait? Or, si nous gardons fidèlement le sens de la demande et de la réponse, nous aurons trouvé la solution de la difficulté. En effet, si les Sadducéens rejetaient la résurrection, si d'autre part le Seigneur la défendait en leur reprochant d'ignorer les Ecritures qui annonçaient la résurrection, et de ne pas croire que Dieu eût assez de puissance pour ressusciter les morts; enfin s'il ajoute: « Puisque les morts ressusciteront, » sans doute, en confirmant une vérité que l'on niait, c'est-à-dire la résurrection des morts opérée par le Dieu des vivants, il la confirmait telle qu'elle était niée, c'est-à-dire applicable à l'une et à l'autre substance de l'homme. Certes, pour avoir déclaré que dans cet état le mariage n'existerait plus, il n'a pas enseigné qu'il n'y aurait pas de résurrection. Loin de là, il appelle « enfants de la résurrection » ceux qui doivent naître en quelque façon par elle, « Ils ne se marieront plus; » mais c'est après la résurrection; « car ils seront semblables aux anges, » en ce qu'au lieu de |491 connaître encore le mariage et la mort, ils passeront à la nature angélique, en revêtant un manteau d'incorruptibilité, par la transformation de la chair, ressuscitée toutefois.
D'ailleurs, l'on ne demanderait pas si nous devons connaître encore le mariage et la mort, si l'on ne mettait principalement en doute la résurrection de cette portion de l'homme dont le propre est de se marier et de mourir, c'est-à-dire de la chair. Tu le vois donc, le Seigneur confirme contre les hérétiques du judaïsme la vérité de la résurrection que nient encore aujourd'hui les Sadducéens du christianisme.