Edition
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De resurrectione carnis
XLIII.
[1] Proinde cum dicit, Itaque confisi semper, et scientes quod cum immoramur in corpore peregrinamur a domino: per fidem enim ambulamus, non per speciem: manifestum est hoc quoque non pertinere ad offuscationem carnis quasi separantis nos a domino: [2] et hic enim exhortatio fastidiendae vitae huius obvertitur, siquidem peregrinamur a domino quamdiu vivimus, per fidem incedentes non per speciem, id est spe non re. [3] Et ideo subiungit, Fidentes autem et boni ducentes magis peregrinari a corpore et immorari ad dominum, scilicet ut per speciem magis incedamus quam per fidem, per rem potius quam per spem. [4] Vides quam et hic corporum contemptum ad martyriorum praestantiam referat: nemo enim peregrinatus a corpore statim immoratur penes dominum nisi ex martyrii praerogativa, paradiso scilicet, non inferis, deversurus. [5] Defecerant autem apostolo verba ad significandum de corpore excessum, an ratione etiam nove loquitur? Temporalem enim absentiam a corpore volens significare peregrinari nos ab eo dixit, quoniam qui peregrinatur etiam revertetur in domicilium. [6] Exinde iam ad omnes, Gestimus, inquit, sive peregrinantes sive immorantes placibiles esse deo: omnes enim manifestari nos oportet pro tribunali Christi Iesu. Si omnes, et totos: si omnes, et interiores et exteriores, id est tam animas quam et corpora. Ut unusquisque, inquit, reportet quae per corpus secundum quae gessit, bonum sive malum. [7] Hoc iam quomodo legas quaero: quasi turbate enim per hyperbaton struxit: utrumne 'quae per corpus reportanda erunt' an 'quae per corpus gesta sunt'? [8] Sed et si 'quae per corpus reportanda sunt', corporalis indubitate resurrectio est: et si 'quae per corpus gesta sunt', per corpus utique pensanda sunt per quod et gesta sunt. [9] Ita totus hic a capite tractatus apostoli, tali clausula detextus qua carnis resurrectio ostenditur, secundum haec erit intellegendus quae cum clausula consonant.
Traduction
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De la résurrection de la chair
XLIII.
Conséquemment, quand il dit: « Nous sommes donc toujours pleins de confiance; et comme nous savons que, pendant que nous habitons dans ce corps, nous sommes éloignés du Seigneur et hors de notre patrie, parce que nous marchons vers lui par la foi, et que nous ne le voyons pas encore à découvert, » il est manifeste que ces paroles ne sont pas une insulte adressée à la chair, comme si elle nous séparait du Seigneur. L'Apôtre nous exhorte par ces mots à dédaigner la vie présente, parce |502 que, tant que nous sommes retenus dans la chair, « nous sommes éloignes de Dieu, marchant vers lui par la foi, mais sans le voir à découvert; » c'est-à-dire en espérance et en réalité; de là vient qu'il ajoute: a Dans cette confiance toutefois, nous aimons mieux être séparés de ce corps pour jouir de la vue de notre Seigneur, » c'est-à-dire encore pour que nous marchions à la lumière plutôt qu'à travers les ombres de la foi, dans la réalité plutôt que dans l'espérance. Tu vois combien il relève par ce mépris du corps l'excellence du martyre. Car, personne, en sortant du corps, ne jouit immédiatement de la vue de notre Seigneur, si ce n'est le martyr, qui, par son glorieux privilège, va au paradis sans descendre aux enfers. Les paroles manquaient-elles à l'Apôtre pour exprimer cette sortie du corps? ou bien a-t-il ses raisons pour parler un langage nouveau? Voulant désigner que nous serions séparés pour quelque temps de noire corps, il dit que nous nous en éloignons, parce que le voyageur qui part reviendra un jour dans sa maison. Aussi s'adresse-t-il ensuite à tous: « C'est pourquoi, dit-il, toute notre ambition est d'être agréables à Dieu, soit que nous soyons séparés de lui, soit que nous soyons en sa présence; car nous devons tous comparaître devant le tribunal de Jésus-Christ. » Si nous devons y comparaître tous, donc aussi tout entiers. Si tout entiers, donc aussi l'homme extérieur et l'homme intérieur. en d'autres termes, les âmes et les corps, « afin que chacun, ajoute-t-il, reçoive par le corps selon ce qu'il a fait par le corps de bien ou de mal1. » Comment lis-tu ce passage, je te le demande? L'hyperbale y a troublé la construction. S'agit-il de la rétribution qui attend le corps, ou de ce qui a été fait par le corps? Si l'Apôtre désigne la rétribution qui |503 attend le corps, alors, indubitablement, la résurrection est corporelle. Entend-il parler des actions opérées par le corps? Elles doivent donc être rétribuées dans le corps même qui les a faites. Ainsi tout ce discours de l'Apôtre, depuis le début jusqu'à cette conclusion, qui prouve clairement la résurrection de la chair, doit recevoir le sens qui convient à cette même conclusion.
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Pour bien comprendre ce passage, il faut citer le texte latin de saint Paul: Ut unusquisque reportet quae per corpus secundum quae gessit, bonum, seu malum. ↩