Edition
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De resurrectione carnis
LVI.
[1] Etenim quam absurdum, quam vero et iniquum, utrumque autem quam deo indignum, aliam substantiam operari aliam mercede dispungi, ut haec quidem caro per martyria lanietur, alia vero coronetur, item e contrario haec quidem caro in spurcitiis volutetur, alia vero damnetur. [2] Nonne praestat omnem semel fidem a spe resurrectionis abducere quam de gravitate atque iustitia dei ludere----Marcionem pro Valentino resuscitari----[3] quando neque mentem neque memoriam neque conscientiam hominis hodierni credibile sit aboleri per indumentum illud mutatorium immortalitatis et incorruptelae, vacaturo scilicet emolumento et fructu resurrectionis et statu divini utrobique iudicii? [4] Si non meminerim me esse qui merui, quomodo gloriam deo dicam? Quomodo canam illi novum canticum, nesciens me esse qui gratiam debeam? Cur autem solius carnis demutatio excipitur, non et animae simul, quae in omnibus praefuit carni? [5] Quale est ut eadem anima quae in hac carne totum vitae ordinem decucurrit, quae in hac carne deum didicit et Christum induit et spem salutis seminavit, in alia nescioqua metat fructum? Nae illa gratiosissima caro, cui gratis vita constabit. Quodsi non et anima mutabitur, iam nec animae resurrectio est: nec ipsa enim resurrexisse credetur si non alia resurrexerit.
Traduction
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De la résurrection de la chair
LVI.
En effet, combien il serait absurde et injuste, à ce double titre, combien il serait indigné de Dieu qu'une substance travaillât, et qu'une autre fût honorée de la récompense; que cette chair fût déchirée par le martyre, et qu'une autre fût couronnée; et par opposition, que l'une se roulât dans les impuretés de la chair, et qu'une autre fût réprouvée! Ne vaut-il pas mieux renoncer à la foi et à l'espérance de la résurrection, que de se jouer ainsi de la sagesse et de la justice de Dieu? Quoi! un Marcion ressusciter pour un Valentin, quand il n'est pas croyable que l'esprit, la mémoire, la conscience de l'homme, dans son état actuel, puissent être détruits par ce vêlement et celle transformation d'immortalité et d'incorruptibilité! D'ailleurs tout l'avantage, tout le fruit de la résurrection, toutes les dispositions du jugement divin n'auraient pas d'effet. Si je ne me souviens pas que c'est moi qui ai mérité, comment célébrerai-je la gloire de Dieu? Comment lui chanterai-je le cantique nouveau, si j'ignore que c'est à moi de lui rendre grâces? Mais |530 pourquoi ce changement n'arrive-t-il que dans la chair et non pas dans l'âme qui a présidé à toutes les opérations de la chair? Comment imaginer que cette même ame qui a parcouru toute la carrière de la vie dans cette chair, qui a connu Dieu, revêtu Jésus-Christ et semé l'espérance du salut dans cette chair, en recueille la moisson dans je ne sais quelle autre chair! En vérité, il faut que cette chair ail beaucoup de charmes, puisqu'elle obtiendra la vie sans qu'il lui en coûte. Que si l'âme ne doit pas changer, dès-lors pas de résurrection pour l'âme; on ne pourra pas croire qu'elle ressuscite, si elle ne ressuscite pas différente.