IV.
Arrivons donc, ô Roi, aux éléments eux-mêmes, afin de démontrer qu’ils ne sont pas des dieux, mais qu’ils sont corruptibles et altérables, tirés du néant par le commandement du vrai Dieu qui est incorruptible, immuable et invisible. Il voit tout et, selon sa volonté, change et transforme tout. Que dirai-je donc des éléments? Ceux qui pensent que le ciel est Dieu su trompent, car nous le voyons tourner et se mouvoir par nécessité et composé de beaucoup de parties. C’est pourquoi il est appelé cosmos. Le cosmos est l’oeuvre de quelque artisan. Or, ce qui est composé a un commencement et une fin. Le ciel se meut nécessairement, et avec lui ses étoiles. Les constellations selon leur ordre et avec leur intervalle passent de signe en signe;1 parmi les étoiles les unes se couchent, les autres se lèvent et accomplissent leur course dans leurs temps, produisant l’été et l’hiver, selon l’ordre de Dieu, sans dépasser leurs propres limites, suivant la loi immuable de la nature, qui régit le monde céleste. D’où il résulte que le ciel n’est pas Dieu, mais oeuvre de Dieu.
Ceux qui pensent que la terre est Dieu se sont trompés; nous voyons, en effet, qu’elle est soumise et dominée par les hommes, qu’elle est creusée, souillée et qu’elle devient inutile. Si on la cuit elle meurt il ne pousse rien dans la terre cuite. Si elle est trop mouillée, elle se corrompt avec ses fruits. Elle est foulée par les hommes et les autres êtres vivants et souillée par le sang de ceux qui sont tués. On la creuse et on la remplit de morts : elle devient un dépôt de cadavres. Puisqu’il en est ainsi, la terre ne peut être Dieu. Elle est une oeuvre de Dieu à l’usage des hommes.
Le Zodiaque, pour les anciens, soutenait les astres. ↩
