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Œuvres Athénagoras d'Athènes (133-190) Supplicatio pro Christianis

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Apologie des Chrétiens

XXII.

Mais, dira-t-on peut-être, ce sont là des fictions qui peuvent s'expliquer d'une manière allégorique, comme nous l'apprend Empédocle :

« Jupiter, dit-il, représente l'agilité du feu ; Junon et Platon, le principe vital, et les larmes de Nestis, l'eau des sources. »

Je veux bien que Jupiter soit le feu, Junon la terre, Pluton l'air, et Nestis l'eau ; tout cela constitue des éléments, mais ne fait pas des dieux : je n'admettrai donc comme Divinité ni Jupiter, ni Junon, ni Pluton; car ils tirent leur être, leur existence, de la matière que Dieu lui-même a divisée:

« Le feu, l'eau, la terre, et l'air si bienfaisant, voilâtes éléments, il est un principe qui les rend amis et les unit »

Cette union leur est si nécessaire, qu'il suffirait d'un moment de désaccord pour les détruire et les confondre. Comment donc oser dire que ce sont là des dieux? L'affinité commande, selon Empédocle, les éléments unis obéissent Or, ce qui commande à l'empire d'attribuer la même vertu et la même puissance à l'être qui commande et à celui qui obéit, c'est égaler, au mépris du bon sens, la matière changeante, périssable et corruptible, à Dieu, être incréé, éternel, et toujours semblable à lui-même.

Les stoïciens prétendent que Jupiter est le feu, Junon l'air, comme l'indique son nom, si on l'ajoute à lui-même, et Neptune l'eau. Il en est d'autres cependant qui interprètent différemment les noms de ces dieux; car les uns regardent Jupiter comme l'air, qui de sa nature est mâle et femelle tout à la fois; d'autres veulent qu'il soit cette saison de l'année qui ramone la sérénité ; ils expliquent par là comment il échappa seul à la voracité de Saturne. Quant aux stoïciens, on peut argumenter ainsi avec eux : si vous reconnaissez un seul Dieu suprême, éternel, incréé ; si vous dites qu'il existe autant de corps différents que la matière peut subir de changements, et que l'esprit de Dieu qui s'insinue dans la matière reçoit divers noms selon les divers changements qu'elle peut subir, il s'ensuit que chaque forme différente qu'elle aura revêtue sera le corps de Dieu. Or, puisque vous croyez que les éléments seront un jour consumés par le feu, il faudra aussi nécessairement que les noms donnés à ces diverses formes de matières périssent avec elles, et que l'esprit de Dieu survive seul. Peut-on regarder comme des dieux de pareils êtres qui sont, ainsi que la matière, sujets au changement et à la corruption? Et contre ceux qui prétendent que Saturne est le temps, et Rhéa, la terre ; que celle-ci enfante et conçoit de Saturne, ce qui la fait regarder comme la mère commune, tandis que son époux engendre et dévore les enfants qu'il a engendrés; que la mutilation de ce dernier ne signifie autre chose que l'union de l'homme avec la femme, par laquelle la semence, comme détachée du corps de l'homme, passe dans le sein de la femme et y produit un homme auquel s'attache l'amour du plaisir, c'est-à-dire Vénus; que la fureur de Saturne contre ses enfants représente la succession du temps qui altère la constitution des êtres, soit animés, soit inanimés ; et que ses fers et le Tartare sont le temps lui-même qui change et s'évanouit avec les saisons ; contre ceux-là, dis-je, nous raisonnons de cette manière : si Saturne est le temps, il est inconstant; s'il n'est qu'une saison, il est aussi variable; s'il est ténèbres, froid rigoureux, ou nature humide, tout cela passe; tandis que Dieu est immortel, immuable, immobile. D'où je conclus que Saturne ni sa statue ne sont point dieu. Il en est de même de Jupiter ; s'il est l'air engendré de Saturne, dont la partie mâle s'appelle Jupiter, et la partie femelle Junon (ce qui la fait regarder comme sa sœur et son épouse ), il est nécessairement sujet au changement; s'il est saison, il est variable. Or, Dieu ni ne change ni ne varie.

Mais à quoi bon vous fatiguer de plus longs détails, ne connaissez-vous pas mieux que moi tout ce qu'ont dit ces philosophes pour tout expliquer d'une manière allégorique, quels sont leurs sentiments sur la nature ou sur Minerve, qu'ils disent un esprit répandu partout; ou sur Isis, qui, selon eux, désigne la nature du temps, de laquelle tout est sorti, et par qui tout existe, ou sur Osiris, qui fut tué par Typhon, son frère, et dont Isis recueillit les membres, auxquels elle éleva un tombeau qu'on appelle encore le tombeau d'Osiris; ce qu'ils pensent enfin d'Orus, son fils ? Car tandis qu'ils s'agitent en tous sens pour trouver des analogies avec la matière, ils s'éloignent du Dieu que l'esprit seul peut connaître, et alors ils sont contraints de déifier les éléments et leurs parties, donnant à chacune d'elles un nom différent ; ainsi ils appellent Osiris l'action de semer le blé (c'est pourquoi dans les mystères de ce dieu, parce que ses membres furent retrouvés, et qu'il apprit l'art de cultiver la terre, on crie, dit-on, à Isis : Nous l'avons trouvé, nous nous félicitons ) ; ils appellent le fruit de la vigne, Bacchus; la vigne elle-même, Sémélé; la chaleur du soleil, foudre. Or, je vous le demande, est-ce expliquer la nature divine, que de faire des dieux de tout ce qu'ils ont rêvé, et ne voient-ils pas que ce qu'ils allèguent pour la défense de leurs dieux ne fait que confirmer ce qu'on en dit ? Qu'est-ce qu'Europe et le taureau, le cygne et Léda, ont de commun avec l'air et la terre, pour supposer cette union criminelle de Jupiter avec les créatures, ou bien l'union de ces deux éléments? Ils n'ont donc aucune idée de la grandeur de Dieu. Et comme leur raison seule ne peut les élever jusqu'à lui, ils ne trouvent rien qui les mette en rapport avec le Ciel ; ils se consument en vain sur la matière : uniquement attachés à la terre, ils font des dieux de toutes les formes que prennent les éléments; ils agissent comme celui qui prendrait le navire qui le porte pour le pilote lui-même. Or, comme il est certain qu'un vaisseau, quand même il serait muni de tout ce qui lui est nécessaire, devient cependant inutile, s'il n'a un pilote pour le conduire, ainsi les éléments, quel que soit leur ordre et leur disposition, deviennent inutiles sans la providence de Dieu. Car le vaisseau ne naviguera point de lui-même, et les éléments ne pourront se mouvoir sans une main qui leur imprime le mouvement.

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A Plea for the Christians

Chapter XXII.--Pretended Symbolical Explanations.

But perhaps these things are poetic vagary, and there is some natural explanation of them, such as this by Empedocles:--

"Let Jove be fire, and Juno source of life, With Pluto and Nêstis, who bathes with tears The human founts."

If, then, Zeus is fire, and Hera the earth, and Aïdoneus the air, and Nêstis water, and these are elements--fire, water, air--none of them is a god, neither Zeus, nor Hera, nor Aïdoneus; for from matter separated into parts by God is their constitution and origin:--

"Fire, water, earth, and the air's gentle height, And harmony with these."

Here are things which without harmony cannot abide; which would be brought to ruin by strife: how then can any one say that they are gods? Friendship, according to Empedocles, has an aptitude to govern, things that are compounded are governed, and that which is apt to govern has the dominion; so that if we make the power of the governed and the governing one and the same, we shall be, unawares to ourselves, putting perishable and fluctuating and changeable matter on an equality with the uncreated, and eternal, and ever self-accordant God. Zeus is, according to the Stoics, the fervid part of nature; Hera is the air (aer)--the very name, if it be joined to itself, signifying this; 1 Poseidon is what is drunk (water, posis). But these things are by different persons explained of natural objects in different ways. Some call Zeus twofold masculine-feminine air; others the season which brings about mild weather, on which account it was that he alone escaped from Kronos. But to the Stoics it may be said, If you acknowledge one God, the supreme and uncreated and eternal One, and as many compound bodies as there are changes of matter, and say that the Spirit of God, which pervades matter, obtains according to its variations a diversity of names, the forms of matter will become the body of God; but when the elements are destroyed in the conflagration, the names will necessarily perish along with the forms, the Spirit of God alone remaining. Who, then, can believe that those bodies, of which the variation according to matter is allied to corruption, are gods? But to those who say that Kronos is time, and Rhea the earth, and that she becomes pregnant by Kronos, and brings forth, whence she is regarded as the mother of all; and that he begets and devours his offspring; and that the mutilation is the intercourse of the male with the female, which cuts off the seed and casts it into the womb, and generates a human being, who has in himself the sexual desire, which is Aphroditae; and that the madness of Kronos is the turn of season, which destroys animate and inanimate things; and that the bonds and Tartarus are time, which is changed by seasons and disappears;--to such persons we say, If Kronos is time, he changes; if a season, he turns about; if darkness, or frost, or the moist part of nature, none of these is abiding; but the Deity is immortal, and immoveable, and unalterable: so that neither is Kronos nor his image God. As regards Zeus again: If he is air, born of Kronos, of which the male part is called Zeus and the female Hera (whence both sister and wife), he is subject to change; if a season, he turns about: but the Deity neither changes nor shifts about. But why should I trespass on your patience by saying more, when you know so well what has been said by each of those who have resolved these things into nature, or what various writers have thought concerning nature, or what they say concerning Athênâ, whom they affirm to be the wisdom (phronesis) pervading all things; and concerning Isis, whom they call the birth of all time (phusis aionos), from whom all have sprung, and by whom all exist; or concerning Osiris, on whose murder by Typhon his brother Isis with her son Orus sought after his limbs, and finding them honoured them with a sepulchre, which sepulchre is to this day called the tomb of Osiris? For whilst they wander up and down about the forms of matter, they miss to find the God who can only be beheld by the reason, while they deify the elements and their several parts, applying different names to them at different times: calling the sowing of the corn, for instance, Osiris (hence they say, that in the mysteries, on the finding of the members of his body, or the fruits, Isis is thus addressed: We have found, we wish thee joy), the fruit of the vine Dionysus, the vine itself Semelae, the heat of the sun the thunderbolt. And yet, in fact, they who refer the fables to actual gods, do anything rather than add to their divine character; for they do not perceive, that by the very defence they make for the gods, they confirm the things which are alleged concerning them. What have Europa, and the bull, and the swan, and Leda, to do with the earth and air, that the abominable intercourse of Zeus with them should be taken for the intercourse of the earth and air? But missing to discover the greatness of God, and not being able to rise on high with their reason (for they have no affinity for the heavenly place), they pine away among the forms of matter, and rooted to the earth, deify the changes of the elements: just as if any one should put the ship he sailed in the place of the steersman. But as the ship, although equipped with everything, is of no use if it have not a steersman, so neither are the elements, though arranged in perfect order, of any service apart from the providence of God. For the ship will not sail of itself; and the elements without their Framer will not move.


  1. Perhaps her (aer) a. ↩

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