XVI.
Les démons qui donnent des ordres aux hommes ne sont pas les âmes des trépassés. Comment en effet deviendraient-elles actives, séparées du corps, après la mort, à moins qu’on ne croie que l’homme, insensé et impuissant pendant sa vie, puisse recevoir après qu’il a cessé de vivre une force plus active; mais cela n’est pas, comme nous l’avons montré ailleurs, et il est difficile de croire que l’âme immortelle, gênée par les organes du corps, devienne, après s’être séparée de lui, plus intelligente. Or les démons, conjurés, dans leur malice, contre les hommes, séduisent par des machinations diverses et trompeuses leurs esprits attirés vers le bas, de sorte qu’ils ne peuvent prendre leur essor pour le voyage céleste. Mais nous, d’une part, nous n’ignorons pas les choses de ce monde, et vous, de l’autre, vous pouvez facilement comprendre les choses divines, si (la puissance) qui rend les âmes immortelles vient à vous.1 Il arrive parfois aussi que les démons soient vus par les psychiques, parce qu’ils se montrent eux-mêmes aux hommes, pour les persuader de leur puissance, ou pour leur nuire comme à des ennemis, faux amis qu’ils sont, hostiles en réalité, ou pour fournir à ceux qui leur ressemblent l’occasion de les adorer. S’ils le pouvaient, ils auraient attiré à eux le ciel avec tout le reste de la création: ils n’en font rien, car ils ne peuvent pas; mais à l’aide de la matière inférieure ils combattent la matière qui leur est semblable.2 Si donc on veut les vaincre, qu’on répudie la matière; armé de la cuirasse3 de l’esprit céleste, on peut préserver tout ce qu’elle protège. Vous savez que la matière dont nous sommes faits est sujette à des maladies et à des désordres; quand il s’en produit, les démons s’en attribuent les causes; ils surviennent, quand le malaise nous a saisis. Il arrive aussi que ce soient eux qui, par l’ouragan de leur malice, jettent le trouble dans l’état de notre corps; alors, quand le verbe de la puissance divine vient à les frapper,4 la crainte les chasse, et le malade est guéri.