Chapitre XXXIII
Mais ces oracles devinrent muets lorsque Notre Seigneur Jésus-Christ étant venu au monde découvrit leur fausseté et rendit inutiles toutes les tromperies des démons. Car ils ne connaissent rien par eux-mêmes et, ainsi que des larrons, ils se disent seulement les uns aux autres toutes les choses qu’ils ont vues et leurs avis doivent plutôt passer pour des conjectures que pour des prédictions. Et bien qu’ils disent parfois la vérité, il ne faut pas pour cela les admirer, puisque nous voyons les médecins, par l’expérience qu’ils ont des maladies, et parce qu’ils en ont vu de semblables chez d’autres personnes, en prédire souvent les suites, comme par une espèce de prophétie. Les pilotes et les laboureurs aussi, en regardant le ciel et la disposition de l’air, présagent qu’il arrivera des orages et des tempêtes, ou que le temps sera calme ; ce que nous n’attribuons pourtant pas à une prescience divine qui serait en eux, mais à leur art et à leur expérience. Ainsi, bien que les démons, par les mêmes conjectures, prédisent les mêmes choses, nous ne devons ni les admirer, ni les écouter. Et quel avantage y a-t-il de savoir quelques jours auparavant ce qui doit arriver ? et quel besoin avons-nous d’être informés de semblables choses, bien qu’elles soient véritables, puisque ces connaissances ne nous servent à rien pour que avancer dans la vertu et nous rendre meilleurs que nous ne sommes ? Car nul d’entre nous ne sera jugé comme coupable à cause de ce qu’il ignore, ni ne passera pour bienheureux à cause de la connaissance qu’il aura de choses semblables. Mais voilà sur quoi nous serons jugés : sommes-nous demeurés fermes dans la foi et avons-nous fidèlement observé les commandements de Dieu ?