11.
Nous dirons la même chose du ciel; nous dirons que les sages du monde nous ont donné sur sa nature des dissertations fastueuses. Les uns disent qu'il est composé des quatre éléments comme étant sensible et visible; qu'il participe à la terre par sa solidité, au feu par son éclat, à l’air et à l'eau parce qu'ils sont mêlés avec les corps solides. Les autres1 , rejetant cette opinion comme peu vraisemblable , ont imaginé d'eux-mêmes et ont introduit une cinquième nature ou clément pour en composer le ciel. Ils supposent tut corps éthéré qui n'est ni le feu, ni l’air, ni la terre, ni l’eau, enfin aucun des éléments connus. Les éléments, disent-ils , ont un mouvement direct, suivant lequel les corps légers se portent en haut et les pesants en bas; et le mouvement en haut et en bas n'a aucun rapport avec le mouvement circulaire. En général, le mouvement en ligne droite est fort différent du mouvement en ligne courbe. Or les êtres dont les mouvements diffèrent par leur nature, doivent différer aussi dans leurs essences. D'ailleurs, il est impossible que le ciel soit composé des premiers corps que nous appelons éléments, par la raison que les êtres composés de substances diverses, ne peuvent avoir un mouvement égal et libre, chacune des substances qui le composent ayant reçu de la nature une impulsion propre. Aussi les êtres composés ont de la peine à rester dans un mouvement continuel, parce qu'ils ne peuvent avoir un mouvement unique , propre et analogue à tous les contraires, mais que le mouvement du corps léger combat le mouvement du corps grave. Lorsque nous nous élevons en haut, nous sommes entraînés par ce qui est en nous de terrestre; et lorsque nous nous portons en bas, nous faisons violence à la partie du leu, que nous entraînons en bas contre sa nature. Or c'est cette action des éléments d'aller en sens contraire, qui est la cause de la dissolution des corps. Car ce qui est forcé et contre nature , après avoir résisté un peu de temps avec beaucoup d'effort et de peine, se dissout bientôt et se sépare des substances simples auxquelles il est uni, chacune de ces substances reprenant sa place naturelle. C'est pour ces raisons pressantes , que ceux qui supposent une cinquième nature ou élément pour la génération du ciel et des astres, ont rejeté les opinions de leurs prédécesseurs, et ont eu besoin d'un nouveau système. Un autre philosophe, distingué par son éloquence, s'élève contre ceux-ci , attaque leurs sentiments qu'il prétend détruire , et offre un autre système de sa composition.
Si nous voulions parcourir les opinions de tous les philosophes , nous tomberions dans leurs folies et leurs rêveries. Laissons-les donc se réfuter les uns les autres ; pour nous , renonçant à découvrir les essences des choses , tenons-nous en à ce que dit Moïse : Au commencement Dieu créa le ciel et la terre. Glorifions le plus excellent des ouvriers pour l'art et la sagesse qui règne dans ses ouvrages : par la beauté des objets visibles , jugeons combien il est beau; par la grandeur des corps sensibles et bornés , concevons combien il. est grand , infini , au-dessus de toutes les idées que nous pouvons avoir d'une puissance. Quoique nous ignorions la nature des choses créées , néanmoins ce qui tombe sous nos sens est si admirable, que l'esprit le plus pénétrant n'est en état ni d'expliquer, comme il doit l'être, le moindre des objets qui sont dans le monde, ni d'accorder les louanges qui sont dues au Créateur , à qui soient la gloire , l'honneur et l'empire dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
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Les autres, tels qu'Aristote et ses disciples , qui composaient le ciel d'une cinquième nature ou élément, qu'ils appelaient quintescence. Saint Basile explique assez au long la raison pour laquelle ils admettaient un cinquième élément. ↩