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C'est pour cela que beaucoup d'eau est répandue sur la terre , sans parler de celle que nous ne voyons pas et qui est suspendue, ni de celle qui est cachée au plus profond de ses entraides. De-là cette grande multitude de fontaines, de puits, de torrents et de fleuves, en un mot cette foule de réservoirs différents qui retiennent les eaux dans leur enceinte. Du coté de l'orient, des régions du tropique, coule l'Indus, le plus grand de tous les fleuves, au rapport de ceux qui ont fait la description du circuit de la terre. Du milieu de l'Orient coulent encore le Bâctre, le Choaspe et l'Araxe, d'où l’on voit sortir le Tanaïs qui va se décharger dans le Palus-Méotides. Ajoutez le Phase qui descend des monts Caucases, et une infinité d'autres qui , des contrées septentrionales, vont se jeter dans le Pont-Euxin. Vers l’occident, d'été, au pied des monts Pyrénées, jaillissent le Tartése et l’Ister1 , dont l'un se porte dans la mer qui est au-delà des colonnes d’Hercule ; l'Ister traverse l'Europe, et va se perdre dans le Pont. Qu'est-il besoin de détailler les autres fleuves qu'engendrent les monts Riphées, au fond de la Scythie, parmi lesquels est le Rhône, et un nombre infini d'autres fleuves qui portent tous vaisseaux, et qui , après avoir côtoyé les pays des Galates , des Celtes et des Barbares voisins, vont tous se perdre dans la mer occidentale ? D'autres qui partent des régions supérieures du midi, après avoir traversé l'Ethiopie, se déchargent, les uns dans la Méditerranée, les autres dans l'Océan ; tels que l’Egon, le Nysès, celui qui est appelé Chremetès ; et outre cela , le Nil, qui ne ressemble pas aux autres fleuves, lorsqu’il monde l'Egypte comme une vaste mer. Ainsi la terre que nous habitons est environnée d'eaux, enchaînée par des mers immenses, traversée par des fleuves qui ne tarissent jamais, grâce à la sagesse admirable du Tout-Puissant qui abandonne au feu un élément ennemi, assez abondant pour qu'il ne puisse pas facilement l'épuiser. Il viendra un temps ou tout sera consumé par le feu, comme dit Isaïe en s'adressant au Créateur de l'univers : tous qui dites à l'abyme : Tu seras désolé , et je dessécherai tes fleuves.
Ainsi, renonçant à une folle sagesse, recevez avec nous la doctrine de la vérité, dont les paroles sont simples, mais dont la connaissance est ferme et immuable.
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Fronton-du-Duc, dans une note sur tout cet endroit, observe que saint Basile , pour la topographie des fleuves , suivi Aristote qui doit être redressé d'après Ptolomée et Strabon. Par exemple, la source de l’Ister , ou Danube n'est pas au pied des monts Pyrénées , mais au milieu de la forêt Hercynienne. Le Rhône, dit Strabon, sort des Alpes, parcourt les Campagnes des Allobroges , reçoit la Saône près de Lyon , et va se jeter dans la Méditerranée non loin de Marseille. Il serait trop long d'exaucer les uns après les autres les fleuves dont parle l'orateur. ↩