• Accueil
  • Œuvres
  • Introduction Instructions Collaboration Sponsors / Collaborateurs Copyrights Contact Mentions légales
Bibliothek der Kirchenväter
Recherche
DE EN FR
Œuvres Basile de Césarée (330-379) Homiliae diversae Homélies et discours choisis de S. Basile-le-Grand
HOMÉLIE SUR L’ENVIE.

4.

Qu'est-ce qui a réduit Joseph en servitude ? n'est-ce pas l’envie de ses frères ? Et ici admirons la robe de cette passion. Pour détourner l'effet de certains songes, ils firent leur frère esclave, espérant que par là il ne serait jamais adoré par eux. Toutefois, si les songes annoncent la vérité, quel moyen d'en arrêter l'effet ? si ce ne sont que de fausses visions, pourquoi porter envie à un homme qui est dans l’erreur? Mais la Providence divine disposait les choses de la sorte pour confondre leur malice. Les voies mêmes qu'ils employaient pour empêcher l'exécution des desseins de Dieu, c’est ce qui les fit parvenir à leur fin. Si Joseph n'eût pas été vendu, il ne serait pas venu en Egypte; il n'aurait pas été, pour sa sagesse, victime de la perfidie d'une femme impudique; il n’aurait pas été mis en prison; il n’aurait pas lié commerce avec des officiers de Pharaon; il n'aurait pas expliqué des songes, ce qui fut l'origine de la grande puissance qu'il acquit en Egypte ; enfin il n’aurait as été adoré par ses frères, que la famine amena devant lui.

Mais parlons de l’envie la plus furieuse et la plus éclatante, que la fureur des Juifs a excitée contre le Sauveur. Pourquoi lui portait-on envie ? à cause de ses miracles. Et quel était le but de ses miracles? le salut des malheureux qui avaient besoin de secours. Les pauvres étaient nourris; et Celui qui les nourrissait était attaqué. Les morts étaient ressuscités ; et celui qui les rendait à la vie était en butte à la haine. Les démons étaient chassés, et celui qui leur commandait était persécuté. Les lépreux étaient guéris, les boiteux marchaient, les sourds entendaient , les aveugles voyaient ; et celui qui opérait ces prodiges de bienfaisance était mis en fuite. Enfin les Juifs livrèrent à la mort l'Auteur de la vie; ils firent battre de verges le Libérateur des hommes ; ils condamnèrent le souverain Juge du monde: tant il est vrai que l'envie ne respecta jamais rien !

C'est la seule arme que le fléau de nos âmes, le démon qui se réjouit de notre perte, a employée dès l'origine du monde , et qu'il emploiera jusqu'à la lin pour percer les hommes et pour les renverser. C'est l'envie qui l'a précipité du ciel; il cherche par la même passion à nous faire tomber avec lui dans le même abîme.

Celui-là donc était sage , qui ne permet pas même de manger avec un envieux (Prov. 23.6. ), voulant entendre tout autre commerce par celui de la table. On a soin d'éloigner du feu les matières inflammables : c'est ainsi qu'il faut nous retirer, autant qu'il est possible, de toute liaison avec les envieux , et nous mettre hors de l'atteinte de leurs traits. Car on ne peut être en butte à l'envie, qu'autant qu'on a avec elle des rapports plus ou moins prochains, selon cette parole de Salomon: La jalousie de l'homme vient de son compagnon (Eccl. 4. 4.). Non, sans doute, le Scythe ne porte pas envie à l'Egyptien, mais à quelqu'un de sa nation, dans la meule nation ; les inconnus ne causent point de jalousie, mais ceux avec qui on a le plus de rapports ; par exemple , les voisins , les personnes de la mime profession et du même fige, les parents proches., les frères, et en général, comme la nielle est la maladie propre du blé, ainsi l'envie est le vice qui altère l'amitié. La seule chose qu'on peut louer dans l'envie, c'est que plus elle est violente, plus elle tourmente celui qu'elle possède. Les traits qu'on lance avec impétuosité sur un corps extrêmement dur, rejaillissent contre celui qui les a poussés : ainsi les mouvements de l'envie , sans nuire à ceux qu'elle attaque , sont des coups portés à l'envieux. Quel est l'homme qui, par sa tristesse, a diminué les avantages de son prochain? mais il se déchire lui-même et se consume.

Combien ne hait-on pas les hommes tourmentés par l'envie ? On les regarde comme plus à craindre que les animaux venimeux. Ces animaux ne répandent leur venin qu'en faisant une plaie, de sorte que la partie mordue se corrompt peu à peu et se dissout. Plusieurs pensent que les envieux blessent par leurs seuls regards ; que les corps les mieux constitués, les corps dans toute la vigueur et toute la fleur de l'âge, sont desséchés par la malignité de l'envie, et que des yeux des personnes envieuses il coule une humeur qui gâte et altère tout ce qu'elle touche1. Pour moi, en rejetant cette opinion qui a tout l'air d'une fable du peuple et d'un ancien conte, je dis que les démons, ennemis de tout bien, voyant la grande conformité qui est entre eux et l'envie, emploient cette passion pour exécuter leurs mauvais desseins, et vont jusqu'à se servir des yeux de l'envieux comme d'un instrument pour opérer leurs maléfices. Et vous n'avez pas horreur de vous constituer le ministre du malin esprit, d'admettre en vous une passion par laquelle vous deviendrez l'ennemi de ceux qui ne vous ont fait aucun mal, l'ennemi de Dieu même, la bonté par essence et incapable d'envie.


  1. St. Basile va déclarer qu'il rejette cette opinion ; mais il en proposera une autre qui pourvoit lui être contestée. ↩

pattern
  Imprimer   Rapporter une erreur
  • Afficher le texte
  • Référence bibliographique
  • Scans de cette version
Download
  • docxDOCX (171.33 kB)
  • epubEPUB (158.90 kB)
  • pdfPDF (559.81 kB)
  • rtfRTF (490.00 kB)
Traductions de cette œuvre
Homélies et discours choisis de S. Basile-le-Grand

Table des matières

Faculté de théologie, Patristique et histoire de l'Église ancienne
Miséricorde, Av. Europe 20, CH 1700 Fribourg

© 2025 Gregor Emmenegger
Mentions légales
Politique de confidentialité