3.
[11] Si donc l'on considère la vraisemblance, si l'on juge des faits d'après le degré de puissance disponible de part et d'autre, on n'y trouvera aucune différence, puisque le Sauveur et l'homme exécutent chacun de leur côté ce qui est en leur pouvoir, suivant la mesure de leur nature. De même que l'homme peut sans danger entrer en contact avec l'eau, s'il le veut, il est donné à la puissance divine, avec une facilité infiniment plus grande, et d'entrer dans la mort et de ne point y éprouver de changement dans le sens d'une faiblesse.
[12] Voici donc pourquoi il nous fallait préluder par l'eau à la grâce de la résurrection : c'était pour apprendre qu'il nous est également facile d'être baptisés dans l'eau, et d'émerger de la mort. Mais dans les événements de la vie, certaines choses plus que d'autres sont décisives, et sans elles on ne pourrait réussir: cependant, si l'on met en parallèle le commencement avec la fin, le début comparé au résultat paraîtra insignifiant. Comment mettre en effet sur le même pied l'homme et la semence destinée à former l'être vivant? Et pourtant sans l'une, l'autre n'existerait pas. De même aussi, le privilège si grand de la résurrection, quoique supérieur de sa nature, tire d'ici ses origines et ses causes, car il est impossible que ce résultat se produise, s'il n'a été précédé de cette préparation.
[13] Je le déclare, il est impossible à l'homme de ressusciter sans la régénération du baptême, non que j'aie en vue la reconstitution et la restauration du composé humain ; la nature doit en effet s'y acheminer dans tous les cas, sous l'impulsion de ses propres lois, conformément au plan de son organisateur, qu'elle reçoive la grâce du baptême ou qu'elle reste exclue de cette initiation ; je veux parler de la restauration qui ramène à l'état bienheureux, divin, exempt de toute affliction.
[14] Tout ce qui reçoit le privilège de revenir à l'existence par la résurrection ne retourne pas à la même vie, mais il y a une grande distance entre ceux qui ont été purifiés et ceux qui ont besoin encore de purification. Ceux qu'a dirigés tout d'abord durant cette vie la purification du baptême, ceux-là se retireront vers le genre de vie approprié à leur nature ; or l'absence de passions est étroitement unie à la pureté, et dans l'impassibilité réside sans conteste la béatitude. Quant à ceux dont les passions se sont endurcies et qui n'ont mis en oeuvre aucun moyen d'effacer la souillure, ni l'eau du sacrement, ni l'invocation de la puissance divine, ni l'amendement du repentir, de toute nécessité ! ils doivent, eux aussi, avoir la place qui est en rapport avec leur conduite.
[15] Or l'endroit qui convient à l'or altéré est le fourneau du raffineur, pour qu'une fois fondu le vice qui s'était mélangé à ces pécheurs, leur nature, au bout de longs siècles, soit rendue à Dieu pure et intacte. Puisque le feu et l'eau possèdent la propriété de nettoyer, ceux qui ont effacé la souillure de leur vice dans l'eau du sacrement n'ont pas besoin de l'autre forme de purification; ceux-là, au contraire, qui n'ont pas été initiés à cette purification doivent nécessairement être purifiés par le feu.