CHAPITRE II
[1] Elles sont dignes aussi de mémoire les choses qui furent accomplies en la personne de Romain à Antioche 177 le même jour. Celui-ci était en effet palestinien et diacre-exorciste de l'église de Césarée ; et au temps même de la destruction des églises, il se trouvait là-bas. Un grand nombre d'hommes avec les femmes et les enfants allaient en foule aux idoles et sacrifiaient ; il les voyait et il pensait que ce spectacle était intolérable. Le zèle de la religion le pousse à s'avancer vers eux et il leur crie à haute voix des reproches. [2] Mais lui-même à cause de cette audace est appréhendé et il se montre martyr courageux, s'il en fût, de la vérité. Le juge, en effet, prononce contre lui la peine de mort par le feu ; c'est avec un visage rayonnant et un entrain tout à fait plein d'ardeur qu'il reçoit joyeusement la sentence et qu'il est emmené. On l'attache ensuite à l'échafaud et le bois est apporté près de lui. Comme ceux qui devaient allumer le bûcher attendaient la décision de l'empereur, qui était présent : « Où donc est le feu pour moi? » cria-t-il. [3] Il disait cela, quand il est rappelé vers le prince pour être soumis au supplice tout nouveau de la langue. Il supporta très courageusement qu'on la lui coupât, et par tous ses actes, il montra qu'une puissance divine assiste ceux qui endurent quelque chose de pénible à cause de la religion, afin d'adoucir leurs peines et de fortifier leur ardeur. Ayant donc appris le nouveau genre de son supplice, sans trouble aucun, ce brave présente avec joie sa langue et la livre avec un très grand courage et de bon gré à ceux qui la coupent. [4] Après ce châtiment, il fut jeté en prison et y souffrit longtemps. Enfin à l'époque des vicennales de l'empereur, selon une générosité en usage, la liberté fut proclamée partout pour tous les prisonniers. Seul, 179 les deux pieds dans les ceps jusqu'au cinquième trou, gisant sur ce bois même il fut étranglé et obtint, selon qu'il l'avait désiré, l'honneur du martyre. [5] Celui-ci du reste, quoique étranger, était cependant Palestinien, et il est digne d'être compté parmi les martyrs de Palestine. Ces choses se passèrent ainsi la première année/alors que la persécution ne s'attaquait qu'aux seuls chefs de l'Église.