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Histoire ecclésiastique
CHAPITRE XVI : CE QU'ON MENTIONNE AU SUJET DE MONTAN ET DE SES FAUX PROPHÈTES
Contre l'hérésie appelée Cataphrygienne, la puis 87 sance auxiliaire de la vérité suscita donc une arme forte et inexpugnable, Apollinaire de Hiérapolis, dont il a été déjà question auparavant, et avec lui un grand nombre d'autres hommes éloquents de ce pays : ils nous ont laissé une ample matière pour notre récit.1 [2] Un de ceux-ci par exemple commence un ouvrage écrit contre ces hérétiques par dire d'abord qu'il est entré en discussion avec eux pour les réfuter de vive voix. Il débute du reste de cette façon :2
« [3] Depuis déjà un temps fort long, cher Avircius Marcellus, j'ai reçu de ta part l'ordre d'écrire un traité contre l'hérésie de ceux qu'on appelle les sectateurs de Miltiade : mais j'étais en quelque manière fort empêché de le faire jusqu'à ce jour, non pas que je n'eusse de quoi pouvoir confondre le mensonge et rendre témoignage à la vérité, mais je craignais et j'évitais avec grand soin de paraître, à certains, ajouter à ce qui est écrit ou ordonné par la parole du Nouveau Testament de l'Évangile à laquelle il n'est pas possible d'ajouter ni de retrancher lorsqu'on a choisi de régler sa vie selon l'Évangile.3
« [4] Récemment j'étais à Ancyre de Galatie et j'y voyais l'église de ce pays retentissant du bruit de cette nouveauté,, qui n'est pas, comme ils le disent, une prophétie, mais bien plutôt, comme il sera montré, une pseudoprophétie. Autant que je le pus, avec l'aide du Seigneur, je discutai dans l'église, pendant plusieurs jours, sur chacun de ces mêmes sujets et de ceux qui m'étaient proposés par eux : l'église en était réjouie et affermie clans la vérité, tandis que 89 les adversaires étaient, pour le moment, battus et leurs partisans ennuyés. [5] Les prêtres de la région désirèrent après cela que je leur laissasse un mémoire de ce qui avait été dit contre ceux qui résistaient à l'enseignement de la vérité. Au reste, Zotique d'Olrys, notre compagnon dans la prêtrise, était présent. Je ne le fis pas, mais je promis, qu'avec le secours de Dieu, je l'écrirais d'ici et que je me hâterais de le leur envoyer. »4
[6] Apollinaire nous dit ces choses, suivies d'autres au début de son ouvrage, puis il poursuit et fait connaître l'auteur de l'hérésie susdite de celle manière: « Maintenant leur entreprise et l'hérésie récente de ce schisme contre l'Église, eut la cause que voici. [7] On dit qu'il y a, dans la Mysie limitrophe de Phrygie, un bourg appelé du nom d'Ardabau. On raconte que là, à l'origine, un des nouveaux croyants, nommé Montan, alors que Gratus était proconsul d'Asie, dans l'incommensurable désir de son âme pour la primauté, livra en lui passage à l'ennemi. Il fut animé par son esprit, entra subitement en transport et en fausse extase, commença à être rempli d'enthousiasme et se mit à parler, à prononcer des mots étranges, et à prophétiser tout à fait en dehors de l'usage qui est selon la tradition et l'ancienne succession de l'Église.5 [8] Parmi ceux qui étaient alors les auditeurs de ces discours d'origine illégitime, les uns fâchés de voir en lui comme un énergumène, un démoniaque, un possédé de l'esprit d'erreur qui troublait les foules, lui faisaient des reproches et lui imposaient silence, se rappelant la recommandation 91 expresse et la menace du Seigneur concernant la vigilance avec laquelle il faut se garder de la fréquentation des faux prophètes. Les autres au contraire excités comme par un esprit saint et un charisme prophétique, surtout enflés d'orgueil, et oubliant l'ordre du Seigneur encourageaient cet esprit insensé, caressant et séducteur de peuple, charmés et entraînés qu'ils étaient par lui dans l'erreur, au point de ne plus se contraindre à se taire.6 [9] C'est avec un certain art ou plutôt avec ce procédé d'artifice malsain, que le diable machinait la perle de ceux qui l'écoutaient et se faisait honorer par eux sans raison; puis il excitait et échauffait leur esprit engourdi loin de la vraie foi, si bien qu'il suscita encore deux autres femmes et qu'il les remplit de l'esprit impur et que celles-ci se mirent à parler à contresens et à contretemps, d'une façon étrange, comme celui dont il est question plus haut. Et l'esprit proclamait bienheureux ceux qui se réjouissaient et se glorifiaient en lui; il les enorgueillissait par la grandeur de ses promesses; mais parfois aussi il leur adressait en face des reproches très justes et qui méritaient d'être acceptés, afin qu'il parût capable également de reprendre (mais peu de ces Phrygiens étaient dupes de cette feinte). L'esprit arrogant d'autre part enseignait à blasphémer l'Église catholique tout entière qui est sous !e ciel, parce que son génie pseudoprophétique n'avait auprès d'elle obtenu ni honneur ni accès.7 [10] Les fidèles de l'Asie, s'étant en effet assemblés pour cela souvent et en beaucoup d'endroits de ce pays, ont examiné ces discours nouveaux, ils les ont trouvés profanes et 93 ont condamné l'hérésie, ils ont ainsi chassé de l'Église les sectateurs et les ont retranchés de la communion »8
[11] Apollinaire raconte ceci au début; puis tout le long de son ouvrage, il développe la réfutation de leur erreur ; au second livre, au sujet de la mort des hommes cités plus haut, il dit ceci : « [12] Puisqu'ils nous appellent des lueurs de prophètes, parce que nous n'avons pas voulu recevoir leurs prophètes bavards (car ils affirment qu'ils étaient ceux que le Seigneur a promis d'envoyer à son peuple), qu'ils nous répondent devant Dieu : Dites, mes amis, en est-il quelqu'un parmi les gens qui viennent de Montan et des femmes qui ont commencé à parler, qui aitété persécuté par des Juifs ou mis à mort par les pervers ? Aucun. En est-il dont on se soit emparé et qui ail été crucifié pour le nom [de Jésus-Christ]? Mais non. De même, quelqu'une de leurs femmes a-t-elle été jamais battue de verges dans les synagogues des Juifs, ou lapidée? Mais jamais de la vie.9 [13] On dit au contraire, que Montan et Maximilla finirent par une autre mort. On raconte que poussés par un esprit qui trouble la raison, ils se pendirent l'un et l'autre, mais non pas ensemble, et une rumeur persistante concernant le temps de leur lin à tous les deux, affirme qu'ils finirent ainsi et sortirent de l'existence à la façon de Judas.10 [14] De même, c'est un récit fréquent que Théodote, cet admirable et premier administrateur de ce qu'on appelle parmi eux la prophétie, fut un jour enlevé et emporté vers les cieux perdit la raison, se confia à l'esprit d'erreur, puis fut lancé à terre et périt misérable- 95 ment: c'est ainsi du moins qu'on dit que les choses se passèrent.11 [15] Nous ne pensons du reste pas, mon très cher, avoir la certitude de cela sans l'avoir vu : peut-être en effet en lut-il ainsi, peut-être moururent autrement Montan et Théodote, et la femme citée plus haut. »
[16] L'auteur dit encore, dans le même ouvrage, que les saints évêques d'alors ont bien essayé de confondre l'esprit qui était en Maximilla, mais qu'ils en ont été empêchés par d'autres qui le favorisaient ouvertement. [17] Voici comment il s'exprime : « Que l'esprit qui est en Maximilla ne tienne pas le même langage qu'à Astérius Urbanus : « On me chasse ainsi qu'un loup loin des brebis : je ne suis pas loup, je suis parole, esprit, puissance >,. Mais qu'il montre clairement la puissance dans l'esprit; qu'il en convainque; qu'il contraigne par l'esprit à le reconnaître ceux qui sont alors venus pour examiner et discuter avec cet esprit bavard, hommes probes, évêques, Zotique, du bourg de Coumane, et Julien d'Apamée : mais les gens de l'entourage de Thémison leur fermaient la bouche et ne les laissaient pas confondre l'esprit menteur et trompeur de peuple. »12
[18] Dans le même ouvrage encore, après autre chose, afin de réfuter les fausses prophéties de Maximilla, à la fin il indique l'époque où il écrivait et il rappelle les prédictions de la voyante où étaient annoncés des guerres des bouleversements, puis il en montre l'inanité en ces termes: « [19] Et comment cela actuellement ne paraîtait-il pas évidemment encore mensonger ? car voilà plus de treize ans. aujourd'hui, que 97 cette femme est morte et aucune guerre, ni partielle ni générale, n'a eu lieu clans le monde: bien plus, les chrétiens eux-mêmes jouissent d'une paix continuelle par la miséricorde de Dieu. »
[20] Cela est du second livre; je rapporterai encore de courts passages du troisième, où il parle contre ceux qui se vantaient d'avoir parmi eux aussi beaucoup de martyrs; voici ce qu'il dit : « Lors donc que, confondus par toutes les raisons qu'on leur oppose, ils ne peuvent plus rien alléguer, ils essaient de se rabattre sur les martyrs : ils affirment qu'ils en ont beaucoup et que cela est une preuve manifeste de la puissance de ce qu'on appelle l'esprit prophétique chez eux. Mais cela, ainsi qu'il est naturel, n'est rien moins que vrai. [21] Parmi les autres hérésies aussi, en effet, certaines ont beaucoup de martyrs et assurément, nous ne sommes pas, en dehors de cela, d'accord avec eux, et nous ne reconnaissons pas qu'ils ont la vérité. Et d'abord ceux qu'on appelle Marcionites, de l'hérésie de Marcion, disent qu'ils ont beaucoup de martyrs du Christ, mais ils ne confessent pas le Christ lui-même selon la vérité. »13
Peu après il ajoute encore ces paroles : « [22] C'est pourquoi, d'ailleurs, lorsque ceux de l'Église sont appelés au témoignage de la vraie foi, et qu'ils se rencontrent avec certains martyrs dits de l'hérésie des Phrygiens, ils s'écartent d'eux et meurent sans avoir communion avec eux, parce qu'ils ne veulent pas approuver l'esprit de Montan et de ses femmes. Voilà ce qui est vrai et ce qui s'est passé de notre temps d'une façon manifeste à Apa- 99 mée, près du Méandre, parmi ceux d'Euminie qui ont rendu témoignage avec Gaïus et Alexandre.»
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Voy. DUCHESNE, p. 270, sur le montanisme en gênéral ; et aussi I.. DE LABRIOLLE, La polémique antimontaniste contre la prophétie extatique, dans la Revue d'histoire et littérature religieuses, XI (1900), p. 97. ↩
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τῶν εἰρημένων δὴ τις. Auteur inconnu. Saint Jérôme, De viris, xxxix, semble désigner Rhodon : « Miltiades cuius Rhodon in opero suo quod aduersum Montanum, Priscam, Maximillamque composuit, recordatus est» ; et, ib., XL Apollonius: « Apollonius. .. scripsit aduersus Montanum, Priscam et Maximillam insigne et longum uolumen ... » Valois propose Asterius Urbanus (cf. § 17). Aucun de ces auteurs n'est possible. - Μιλτιάδην: voy. plus haut, m, 4. - κατὰ τόπον BD, κατὰ πόντον AEMRT syr.; cf. RUFIN:per ecclesias Galatiae uicinarumque provinciarum. M. Duchesne a tiré de κατὰ Πόντον la conclusion suivante : « C'est l'église elle-même, l'église du Pont qu'il y a rencontrée. Cette façon de parler... semble bien supposer que l'église du Pont avait encore..., aux environs de l'an 200, son chef-lieu à Ancyre ». Cf. HARNACK, Mission, 12, p. 383. ↩
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Ἀυίρκιε, l'évêque de Hiérapolis, l'auteur de la célèbre inscription. — ἕκαστά τε mss., arm. syr. Rufin a fortement abrégé et supprimé la citation, ἐκτενέστατα SCHWARTZ. Peut-être : καθ' ἕκαστα τι. ↩
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Zotique d'Otrys, distinct de Zotique de Comane, mentionné plus loin, xviii, 13. Otrys, petite ville de Phrygie à 2 milles de Hiérapolis. ↩
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Ἀρδαβαῦ « Localité non identifiée; elle doit être cherchée dans la région, encore peu explorée, qui s'étend à l'est de Balikesri, vers le Makestos et le Rhyndakos» (DUCHESNE, p. 270, n. 2). - La date du proconsulat de Gratus est inconnue. Sur la chronologie du montanisme, voy. DUCHESNE, p. 281. - Sur les phénomènes décrits ici, LABRIOLLE, l. c, p. 108. ↩
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κολύεσθαι σιωπᾶν. L'un des deux verbes paraît surabondant ; κωλύεσθαι manque au syr. ↩
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διάβολος est considéré par Harnack comme une interpolation, - ὀλίγοι...ἐξηπατημένοι: interpolation d'après Har- 519 nack. Cette parenthèse interrompt en effet le développement et paraît contredire l'affirmation du § 4 sur le trouble causé à Ancyre par les nouveaux prophètes. Ce serait une note marginale du iiie siècle passée dans le texte avant le temps d'Eusèbe. ↩
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γάρ, «addition fausse». (SCHWARTZ); paraît répondre à un raisonnement abrégé. - τῆς Ἀσίας, om. syr. - .εἰς τοῦτο : « Christophorsonus legisse videtur εἰς ταὐτό (VALOIS). ↩
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ἀπεκτάνθη. Contredit au § 21 par le même auteur, ce qui donne la mesure de son impartialité. ↩
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λόγος interpolé (SCHWARTZ et HARNACK). ↩
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ἐπίτροπον, «administrateur», (DUCHESNE). ↩
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Valois et Tillemont ont supposé que ἐν τῷ αὐτῷ λόγῳ,... Ὀρβανόν était une note marginale passée dans le texte et qui contenait le nom de l'anonyme. On admet plus généralement que Asterius Urbanus est un auteur montaniste qui a recueilli les oracles du Paraclet. - Coumane est un village de Pamphylie, distinct de Comane du Pont et de Comane de Cappadoce : Κουμάνης ABT, Κουμανῆς DM, Κομάνης ER, Cumana lat. — Θεμίσωνα: voy. ch. xviii. ↩
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Μαρκιανισταί BEMR syr., Marcionistae lat., Μαρκιανίσταί ADT. La forme du mot avec ο est certainement celle du texte antérieur aux versions et à l'archétype. Il est contraire à la méthode d'attribuer à Eusèbe la forme avec a (HARNACK). ↩
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Kirchengeschichte (BKV)
16. Kap. Berichte über Montanus und seine falschen Propheten.
Gegen die sog. kataphrygische Sekte hat jene Macht, welche für die Wahrheit kämpft, zu Hierapolis in Apollinarius, der schon früher erwähnt wurde,1 und außer ihm in noch mehreren anderen begabten Männern jener Zeit eine starke, unbezwingbare Schützwehr aufgestellt.2 Dieselben haben auch uns reichlichen Stoff für unsere Geschichte hinterlassen. Einer der genannten Männer berichtet zu Beginn seiner Schrift gegen die Häretiker zunächst, daß er sich auch mündlich gegen sie gewandt habe. Er schreibt nämlich in der Einleitung S. 238 also: „Obwohl du mich, teurer Avircius Marcellus, schon vor langer und geraumer Zeit angegangen hast, gegen die Häresie jener Leute zu schreiben, die sich nach Miltiades nennen, habe ich doch bis jetzt zurückgehalten, nicht aus Unvermögen, die Lüge zu widerlegen und für die Wahrheit einzutreten, sondern aus Furcht und Besorgnis, ich möchte vielleicht da und dort den Schein erwecken, als wollte ich dem Worte der neutestamentlichen Frohbotschaft etwas ergänzend beifügen, da doch keiner, der entschlossen ist, nach diesem Evangelium zu leben, etwas beifügen noch abstreichen darf. Da ich aber bei meinem kürzlichen Aufenthalt zu Ancyra in Galatien wahrnehmen mußte, daß sich die dortige Kirche von dieser neuen, nicht, wie sie sagen, Prophetie, sondern, wie sich zeigen wird, Pseudoprophetie betören ließ, so haben wir uns, so gut es ging und soweit es der Herr fügte, in der Gemeinde mehrere Tage über jene Männer und ihre Lehre im einzelnen ausgesprochen. Die Folge war, daß diese Kirche sich freute und in der Wahrheit befestigt, die Gegenpartei aber für jetzt zurückgeschlagen und die Widersacher in Trauer versetzt wurden. Als uns die Priester der dortigen Gemeinde in Gegenwart unseres Mitpriesters Zoticus aus Otrus baten, wir möchten eine Aufzeichnung dessen, was wir gegen die Feinde der wahren Lehre vorgebracht, hinterlassen, willfahrten wir zwar nicht, gaben aber das Versprechen, hier, wenn der Herr es fügt, die Schrift zu verfassen und sie ihnen baldigst zuzusenden.“ Nach diesen und noch weiteren einleitenden Worten geht er auf den Urheber der erwähnten Häresie über und berichtet also: „Ihr Auftreten und ihre vor kurzem erfolgte häretische Lostrennung von der Kirche hatten folgenden Anlaß. Im phrygischen Mysien soll ein Dorf namens Ardabau liegen. Daselbst soll ein Mann namens Montanus, einer von denen, die erst zum Glauben übergetreten waren, zur Zeit, da Gratus Prokonsul in Asien S. 239 war, in dem unbändigen Verlangen, Führer zu sein dem Widersacher Zutritt gestattet haben und, von Geistern beeinflußt, plötzlich in Verzückung und Ekstase geraten sein, so daß er anfing, Laute auszustoßen und seltsame Dinge zu reden und in einer Weise zu prophezeien, die offenkundig der alten kirchlichen Überlieferung und Erblehre widersprach. Von denen, welche damals seine verkehrten Worte hörten, wiesen ihn die einen als verrückten, vom Teufel besessenen, im Geiste des Irrtums befangenen und aufrührerischen Menschen voll Erbitterung zurecht und suchten ihn am Reden zu hindern, eingedenk der eindringlichen Mahnung des Herrn,3 sich sorgfältig vor falschen Propheten in acht zu nehmen. Die anderen seiner Zuhörer aber, voll stolzen Vertrauens auf die Heiligkeit seines Geistes und auf seine prophetische Begabung, aufgeblasen und der Mahnung des Herrn vergessend, bezaubert und irregemacht, drangen in den blöden, schmeichlerischen, aufwiegelnden Geist, daß er sich nicht zum Schweigen zwingen lasse. Durch List also oder vielmehr durch diese Art von Trug arbeitete der Teufel am Verderben der Treulosen und erregte und entflammte, wider Gebühr von ihnen geehrt, ihren Sinn, der sich eingeschläfert vom wahren Glauben abgekehrt. Er erweckte dazu noch zwei Weiber und erfüllte sie mit dem falschen Geiste, so daß sie gleich dem erwähnten Montanus Unsinniges, Wirres und Fremdartiges sprachen. Da der Geist (des Montanus) die, welche sich an ihm freuten und auf ihn stolz waren, selig pries und sie durch die Größe seiner Verheißungen aufgeblasen machte, da und dort allerdings auch in geschickter und täuschender4 Weise unverhohlen verurteilte, um den Schein eines Richters zu erwecken (obwohl die Zahl der Phrygier, welche sich täuschen S. 240 ließen, nur gering war), da anderseits der freche Geist die ganze, überall unter dem Himmel verbreitete Kirche zu lästern lehrte, weil der Lügenprophet weder Ehre noch Zutritt bei ihr erhielt, so kamen die Gläubigen Asiens wiederholt an verschiedenen Orten zusammen, prüften die neue Lehre, erkannten ihre Gemeinheit und verurteilten die Sekte, worauf diese Leute aus der Kirche hinausgeworfen und aus der Gemeinschaft ausgeschlossen wurden.“ So berichtet der Schriftsteller5 zu Beginn und widerlegt durch das ganze Buch den Irrtum der Montanisten. Im zweiten Buche äußert er sich sodann über das Lebensende der erwähnten Personen also: „Da sie uns auch als Prophetenmörder verschrien, weil wir ihre maßlos geschwätzigen Propheten, welche nach ihrer Lehre der Herr dem Volke zu senden verheißen hat, nicht aufnahmen, so mögen sie uns doch bei Gott die Frage beantworten: ‚Teuerste, ist unter der Schar, die mit Montanus und seinen Weibern zu schwätzen begonnen, ein einziger, der von den Juden verfolgt oder von den Sündern getötet worden wäre?’ Nein! Auch ist keiner von ihnen um seines Namens willen ergriffen und gekreuzigt worden. Keineswegs! Wahrlich, keine von den Frauen ist in jüdischen Synagogen je gegeißelt oder gesteinigt worden. Nie und nirgends! Wohl aber sollen Montanus und Maximilla eines ganz anderen Todes gestorben sein. Nach einem weit verbreiteten Gerüchte haben sich beide unter dem Einfluß eines törichten Geistes erhängt, nicht zu gleicher Zeit, sondern zu der Zeit, die einem jeden zum Sterben bestimmt war. So wären sie gleich dem Verräter Judas gestorben und aus dem Leben geschieden. Auch wird vielfach erzählt, daß Theodot, der seltsame erste Verwalter ihrer sog. Prophetie, einst durch Entrückung und Erhebung in den Himmel verzückt worden sei und sich S. 241 dem Geiste des Irrtums anvertraut habe, dann aber, zur Erde hinabgeschleudert, elend zugrundegegangen sei. So wird wenigstens berichtet. Jedoch, Teurer, da wir das Erzählte nicht gesehen haben, sollen wir nicht glauben, etwas Bestimmtes darüber zu wissen. Es kann sein, daß Montanus, Theodot und das erwähnte Weib in dieser Weise geendet, es kann aber auch sein, daß sie eines anderen Todes gestorben.“ Ferner berichtet der Schriftsteller in dem gleichen Buche, daß die damaligen heiligen Bischöfe den Versuch gemacht hätten, den Geist in Maximilla zu widerlegen, daß sie aber daran durch solche, die offenbar mit dem Geiste in Verbindung standen, verhindert worden seien. Er schreibt: „Der in Maximilla wirkende Geist möge in dem gleichen Buche nach Asterius Urbanus doch nicht sagen: ‚Ich werde wie ein Wolf von den Schafen weggetrieben. Ich bin kein Wolf. Ich bin das Wort, der Geist, die Kraft.’ Möge sie doch die Kraft des Geistes klar offenbaren und beweisen, und möge sie durch ihren Geist die bewährten Bischöfe Zoticus aus dem Dorfe Kumane und Julianus aus Apamea, welche damals erschienen waren, um die Sache zu untersuchen und mit dem geschwätzigen Geiste zu disputieren, zur Zustimmung zwingen! Die Anhänger des Themison6 allerdings hatten diesen Männern den Mund verschlossen und ihnen nicht gestattet, den falschen, verführerischen Geist zu widerlegen.“ Nachdem der Schriftsteller in dem gleichen Buche noch andere Bemerkungen zur Widerlegung der falschen Weissagungen der Maximilla eingefügt, deutet er die Zeit an, da er schrieb, und erwähnt zugleich von ihr die Prophezeiungen, in welchen sie Kriege und Aufstände voraussagte, um deren Unwahrheit aufzudecken. Er sagt: „Ist denn nicht bereits auch diese Lüge offenbar geworden? Denn seit dem Tode jenes Weibes sind bis auf den heutigen Tag schon mehr als dreizehn Jahre verstrichen, ohne daß ein lokaler oder ein Welt-Krieg entstanden wäre; S. 242 ja selbst die Christen genießen durch Gottes Erbarmen dauernden Frieden.“ Soviel aus dem zweiten Buche. Auch aus dem dritten Buche will ich noch ein paar Worte anführen. Gegenüber denen, welche sich rühmen, daß es auch in ihren Reihen mehrere Blutzeugen gebe, äußert er sich hier also: „Wenn sie sich nun in allen erwähnten Punkten geschlagen sehen und in Verlegenheit sind, dann suchen sie Zuflucht bei ihren Märtyrern und behaupten, die vielen Märtyrer, die sie hätten, wären ein deutlicher Beweis für die Kraft ihres sog. prophetischen Geistes. Doch dieser Schluß ist, wie mir dünkt, durchaus unrichtig. Denn auch einige andere Häresien haben sehr zahlreiche Märtyrer, und dennoch werden wir sie nicht anerkennen und nicht zugeben, daß sie die Wahrheit haben. Wenn so, um diese zuerst zu nennen, die nach der Häresie des Marcion benannten Marcioniten vorgeben, sehr viele Märtyrer Christi zu haben, so bekennen sie doch Christus nicht in Wahrheit.“ Bald darauf heißt es weiter: „Wenn daher Glieder der Kirche, welche zum Martyrium für den wahren Glauben berufen sind, zufällig mit sog. Märtyrern der phrygischen Sekte zusammentreffen, halten sie sich von diesen ferne und gehen, ohne mit ihnen Gemeinschaft gepflogen zu haben, in den Tod; denn nicht wollen sie den Geist anerkennen, der durch Montanus und seine Frauen spricht. Daß dem so ist, hat sich in unseren Tagen zu Apamea am Mäander an den Märtyrern bestätigt, welche mit Gaius und Alexander aus Eumenea den Zeugentod erlitten.“