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Histoire ecclésiastique
CHAPITRE XXIV : DU DISSENTIMENT DE L'ASIE
Les évêques de l'Asie, qui affirmaient avec force qu'il fallait conserver l'ancienne et primitive coutume qui leur avait été transmise, avaient à leur tête Polycrate. Lui-même aussi, dans une lettre qu'il écrivit à Victor et à l'église de Rome, expose en ces termes la tradition venue jusqu'à lui :
« [2] Nous célébrons donc avec scrupule le jour sans rien ajouter ni retrancher. C'est encore en effet dans l'Asie que se sont éteintes de grandes lumières; elles ressusciteront au jour de la parousie du Seigneur, dans laquelle avec gloire il viendra des cieux, pour chercher tous les saints, Philippe, l'un des douze qui s'est endormi à Hiérapolis, ainsi que deux de ses filles qui ont vieilli dans la virginité ; une troisième qui vivait dans le saint Esprit, est décédée à Éphèse.1 [3] C'est encore aussi Jean, qui a reposé sur la poitrine du Sauveur, qui fut prêtre et portait la lame [d'or], martyr et docteur. Il s'est endormi à Éphèse. [4] C'est encore aussi Polycarpe à Smyrne, évêque et martyr. C'est Thraséas d'Euménie, évêque et martyr, qui s'est endormi à Smyrne2 [5] Qu'est-il besoin de citer Sagaris, évêque et martyr, qui s'est endormi à Laodicée, et le bienheureux Papyrius, l'eunuque Méliton, 125 qui a vécu entièrement clans le saint Esprit et repose à Sardes en attendant la visite des deux, dans laquelle il ressuscitera d'entre les morts ? [6] Ceux-là ont tous gardé le quatorzième jour de la Pâque selon l'Évangile, ne s'écartant en rien, mais suivant la règle de la foi.
« Et moi-même aussi, Polycrate, le plus petit d'entre vous tous, je garde la tradition de ceux de ma parenté dont j'ai suivi certains. Sept de mes parents ont en effet été évêques et je suis le huitième, et toujours mes parents ont célébré le jour où le peuple s'abstenait de pains fermentés.3 [7] Pour moi donc, mes frères, j'ai vécu soixante-cinq ans dans le Seigneur, j'ai été en relation avec les frères du monde entier, j'ai parcouru toute la Sainte Écriture, je n'ai pas peur de ce qu'on fait pour nous émouvoir, carde plus grands que moi ont dit : « Il vaut mieux obéir à Dieu qu'aux hommes. »
[8] il ajoute à cela, à propos des évoques qui étaient avec lui quand il écrivait et qui partageaient son avis, et il dit ceci : « Je pourrais faire mention des évêques qui sont ici avec moi, que vous avez désiré que je rassemblasse et que j'ai réunis. Si j'écrivais leurs noms, ils feraient un grand nombre ; ils connaissent ma petitesse et cependant ils ont approuvé ma lettre, sachant que je ne porte pas en vain des cheveux blancs, mais que j'ai toujours vécu dans le Christ Jésus. ».4
[9] Sur ce, le chef de l'église de Rome, Victor, entreprend de retrancher en masse de l'unité commune les chrétientés de toute l'Asie ainsi que les églises voisines, les tenant pour hétérodoxes. Il notifie par lettres et déclare que tous les frères de ces pays-là sans exception étaient excommuniés. [10] Mais cela ne plut pas à tous les évoques, ils l'exhortèrent au contraire à avoir souci de la paix, de l'union avec le prochain et de la charité : on a encore leurs paroles; ils s'adressaient à Victor d'une façon fort tranchante. [11] Parmi eux encore se trouve Irénée, il écrivit au nom des frères qu'il gouvernait en Gaule. Il établit d'abord qu'il faut célébrer seulement le jour du dimanche le mystère de la Résurrection du Seigneur; puis, il exhorte Victor respectueusement à ne pas retrancher des églises de Dieu tout entières qui gardent la tradition d'une coutume antique et donne beaucoup d'autres avis : il ajoute encore ceci en ces termes : [12] « Cette discussion en effet ne regarde pas seulement la date, mais aussi la manière même de jeûner; car les uns croient qu'ils ne doivent jeûner qu'un jour, les autres deux, et les autres davantage. Certains comptent quarante heures du jour et de la nuit pour leur jour.5 [13] Celte diversité d'observances n'est pas de notre époque, mais bien antérieure à noire temps, nos devanciers qui ont avec exactitude, comme il semble, retenu cette coutume par simplicité ou ignorance, l'ont transmise après eux ; tous n'en gardaient 129 pas moins la paix et nous la gardons les uns envers les autres, et la différence du jeûne confirme l'unanimité de la foi. .»6
[14] Irénée ajoute encore à cela un récit qu'il est convenable de citer ; en voici la teneur : « Parmi ceux-ci, les presbytres avant Soter qui ont présidé à l'église que tu gouvernes aujourd'hui, nous voulons dire Anicet, Pic, Hygin, Thélesphore, Xystus, ne gardaient pas, eux non plus, [les observances des Asiatiques] et ils ne les imposaient pas à ceux qui étaient avec eux, et. sans les garder, ils n'en restaient pas moins en paix avec ceux des chrétientés où cette coutume était en vigueur, lorsque ceux-ci venaient à eux ; pourtant la différence paraissait davantage entre ceux qui gardaient et ceux qui ne gardaient pas les observances. [15] Personne cependant n'état jamais chassé pour celle façon de se conduire, mais les presbytres qui l'ont précédé, qui eux-mêmes n'observaient pas celte coutume, envoyaient l'eucharistie à ceux des chrétientés qui la gardaient. [16] Le bienheureux Polycarpe, lui aussi, lit un séjour à Home sous Anicet ; ils avaient entre eux divers autres différends de minime importance, ils furent rapidement d'accord, et sur ce chapitre ils ne chicanèrent pas. Anicet ne pouvait pas en elle! persuader à Polycarpe de ne pas observer ce qu'avec Jean, le disciple de notre Seigneur, et avec les autres apôtres, dont il avait été le familier, il avait toujours observé. Polycarpe de son côté n'amena pas non plus à l'observance Anicet, qui lui dit qu'il fallait conserver la coutume des presbytres qui avaient précédé.7 [17] Les choses étaient ainsi: ils restaient unis l'un à l'autre, et à l'église Anicet cédait 131 l'eucharistie à Polycarpe, évidemment par déférence, et ils se quittèrent l'un l'autre en paix, et dans l'Église tous avaient la paix, qu'ils gardassent ou non l'observance. »
[18] Irénée portait vraiment son nom et par sa conduite il était pacificateur ; c'est ainsi qu'il conseillait et prêchait pour la paix des églises. Il écrivit, et non seulement à Victor, mais à beaucoup d'autres chefs d'églises, des choses analogues, pour les entretenir de la question agitée.
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MM. Harnack et Schwartz considèrent ce passage comme altéré et proposent diverses solutions ; voy. t. I, p. 508. - πολιτευσαμένη : voy. plus haut, prol. 4. ↩
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Θρασέας,, le même qui est mentionné par Apollonius, plus haut, xv,,,, 14. ↩
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Ἔτι δὲ κἀγώ..., commencement d'un nouvel extrait (HARNACK). Le verbe manque: exemple d'un texte mal coupé. - ὑμῶν... τῶν συγγενῶν μου οἷς... : ὑμῖν... [τῶν συγγενῶν μου] ὃς... SCWARTZ; corrections peu satisfaisantes d'après Harnack, qui suppose que Polycrate s'est exprimé d'une manière populaire (ἤρυμεν le prouve et ne doit pas être corrigé avec Schwartz en ᾗρεν ou αἵροι), et a négligé la correction et la régularité; οἷς... τισιν αὐτῶν serait un sémitisme (cf. HEGESIPPE, cité IV, xxii, 2 [t. I, p. 456] : οἷς συνέμιξα.... καὶ συνδιέτριωα τοῖς Κπρινθίοις. - κατὰ τὸ εὐαγγέλιον, évidemment l'évangile de saint Jean. C'est du même argument que, dans une querelle antérieure, s était servi Apollinaire d'Hiérapolis. « Il croyait sans doute pouvoir ramener les synoptiques à saint Jean... Mieux vaut, reconnaître que, sur ce point, nous ne sommes pas en mesure de concilier les évangélistes» (DUCHESNE, p. 288, n. 3). ↩
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τῶν γράφοντι BT syr., πάντων γράφων τῶν Λ, πάντων τῶν DEMR, his qui secum aderant lat. ↩
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Sur ces observances variées, voy. DUCHESNE, Origines du culte chrétien, p. 241 : « il n'y a pas à tenir compte ici du contresens par lequel Rufin, préoccupé de la discipline de son temps, a dénaturé la fin de ce texte. Il traduit : «... aIii uero pluribus, nonnulli etiam 524 quadraginta, ita ut horas diurnas nocturnasque computantes diem statuant». Le procédé ost caractéristique ↩
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γεγοννυῖα: «la construction exige γέγονε » (SCHWAHTZ) ; γεγονυῖα est maintenu par Harnack. ↩
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Le voyage de Polycarpe eut lieu en 154. ↩
Edition
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Ἐκκλησιαστικὴ ἱστορία
ΚΔ Περὶ τῆς κατὰ τὴν Ἀσίαν διαφωνίας.
[5.24.1] τῶν δὲ ἐπὶ τῆς Ἀσίας ἐπισκόπων τὸ πάλαι πρότερον αὐτοῖς παραδοθὲν διαφυλάττειν ἔθος χρῆναι διισχυριζομένων ἡγεῖτο Πολυκράτης· ὃς καὶ αὐτὸς ἐν ἧι πρὸς Βίκτορα καὶ τὴν Ῥωμαίων ἐκκλησίαν διετυπώσατο γραφῆι τὴν εἰς αὐτὸν ἐλθοῦσαν παράδοσιν ἐκτίθεται διὰ τούτων· [5.24.2] «ἡμεῖς οὖν ἀραιδιούργητον ἄγομεν τὴν ἡμέραν, μήτε προστιθέντες μήτε ἀφαιρούμενοι. καὶ γὰρ κατὰ τὴν Ἀσίαν μεγάλα στοιχεῖα κεκοίμηται· ἅτινα ἀναστήσεται τῆι ἡμέραι τῆς παρουσίας τοῦ κυρίου, ἐν ἧι ἔρχεται μετὰ δόξης ἐξ οὐρανῶν καὶ ἀναζητήσει πάντας τοὺς ἁγίους, Φίλιππον τῶν δώδεκα ἀποστόλων, ὃς κεκοίμηται ἐν Ἱεραπόλει καὶ δύο θυγατέρες αὐτοῦ γεγηρακυῖαι παρθένοι καὶ ἡ ἑτέρα αὐτοῦ θυγάτηρ ἐν ἁγίωι πνεύματι πολιτευσαμένη ἐν Ἐφέσωι ἀναπαύεται· [5.24.3] ἔτι δὲ καὶ Ἰωάννης ὁ ἐπὶ τὸ στῆθος τοῦ κυρίου ἀναπεσών, ὃς ἐγενήθη ἱερεὺς τὸ πέταλον πεφορεκὼς καὶ μάρτυς καὶ διδάσκαλος· οὗτος ἐν Ἐφέσωι κεκοίμηται, [5.24.4] ἔτι δὲ καὶ Πολύκαρπος ἐν Σμύρνηι, καὶ ἐπίσκοπος καὶ μάρτυς· καὶ Θρασέας, καὶ ἐπίσκοπος καὶ μάρτυς ἀπὸ Εὐμενείας, ὃς ἐν Σμύρνηι κεκοίμηται. [5.24.5] τί δὲ δεῖ λέγειν Σάγαριν ἐπίσκοπον καὶ μάρτυρα, ὃς ἐν Λαοδικείαι κεκοίμηται, ἔτι δὲ καὶ Παπίριον τὸν μακάριον καὶ Μελίτωνα τὸν εὐνοῦχον, τὸν ἐν ἁγίωι πνεύματι πάντα πολιτευσάμενον, ὃς κεῖται ἐν Σάρδεσιν περιμένων τὴν ἀπὸ τῶν οὐρανῶν ἐπισκοπὴν ἐν ἧι ἐκ νεκρῶν ἀναστήσεται; [5.24.6] οὗτοι πάντες ἐτήρησαν τὴν ἡμέραν τῆς τεσσαρεσκαιδεκάτης τοῦ πάσχα κατὰ τὸ εὐαγγέλιον, μηδὲν παρεκβαίνοντες, ἀλλὰ κατὰ τὸν κανόνα τῆς πίστεως ἀκολουθοῦντες· ἔτι δὲ κἀγὼ ὁ μικρότερος πάντων ὑμῶν Πολυκράτης, κατὰ παράδοσιν τῶν συγγενῶν μου, οἷς καὶ παρηκολούθησά τισιν αὐτῶν. ἑπτὰ μὲν ἦσαν συγγενεῖς μου ἐπίσκοποι, ἐγὼ δὲ ὄγδοος· καὶ πάντοτε τὴν ἡμέραν ἤγαγον οἱ συγγενεῖς μου ὅταν ὁ λαὸς ἤρνυεν τὴν ζύμην. [5.24.7] ἐγὼ οὖν, ἀδελφοί, ἑξήκοντα πέντε ἔτη ἔχων ἐν κυρίωι καὶ συμβεβληκὼς τοῖς ἀπὸ τῆς οἰκουμένης ἀδελφοῖς καὶ πᾶσαν ἁγίαν γραφὴν διεληλυθώς, οὐ πτύρομαι ἐπὶ τοῖς καταπλησσομένοις· οἱ γὰρ ἐμοῦ μείζονες εἰρήκασι πειθαρχεῖν δεῖ θεῶι μᾶλλον ἢ ἀνθρώποις». [5.24.8] τούτοις ἐπιφέρει περὶ τῶν γράφοντι συμπαρόντων αὐτῶι καὶ ὁμοδοξούντων ἐπισκόπων ταῦτα λέγων· «ἐδυνάμην δὲ τῶν ἐπισκόπων τῶν συμπαρόντων μνημονεῦσαι, οὓς ὑμεῖς ἠξιώσατε μετακληθῆναι ὑπ' ἐμοῦ καὶ μετεκαλεσάμην· ὧν τὰ ὀνόματα ἐὰν γράφω, πολλὰ πλήθη εἰσίν· οἳ δὲ εἰδότες τὸν μικρόν μου ἄνθρωπον συνηυδόκησαν τῆι ἐπιστολῆι, εἰδότες ὅτι εἰκῆι πολιὰς οὐκ ἤνεγκα, ἀλλ' ἐν Χριστῶι Ἰησοῦ πάντοτε πεπολίτευμαι». [5.24.9] ἐπὶ τούτοις ὁ μὲν τῆς Ῥωμαίων προεστὼς Βίκτωρ ἀθρόως τῆς Ἀσίας πάσης ἅμα ταῖς ὁμόροις ἐκκλησίαις τὰς παροικίας ἀποτέμνειν, ὡς ἂν ἑτεροδοξούσας, τῆς κοινῆς ἑνώσεως πειρᾶται, καὶ στηλιτεύει γε διὰ γραμμάτων ἀκοινωνήτους πάντας ἄρδην τοὺς ἐκεῖσε ἀνακηρύττων ἀδελφούς· [5.24.10] ἀλλ' οὐ πᾶσί γε τοῖς ἐπισκόποις ταῦτ' ἠρέσκετο. ἀντιπαρακελεύονται δῆτα αὐτῶι τὰ τῆς εἰρήνης καὶ τῆς πρὸς τοὺς πλησίον ἑνώσεώς τε καὶ ἀγάπης φρονεῖν, φέρονται δὲ καὶ αἱ τούτων φωναὶ πληκτικώτερον καθαπτομένων τοῦ Βίκτορος· [5.24.11] ἐν οἷς καὶ ὁ Εἰρηναῖος ἐκ προσώπου ὧν ἡγεῖτο κατὰ τὴν Γαλλίαν ἀδελφῶν ἐπιστείλας, παρίσταται μὲν τῶι δεῖν ἐν μόνηι τῆι τῆς κυριακῆς ἡμέραι τὸ τῆς τοῦ κυρίου ἀναστάσεως ἐπιτελεῖσθαι μυστήριον, τῶι γε μὴν Βίκτορι προσηκόντως, ὡς μὴ ἀποκόπτοι ὅλας ἐκκλησίας θεοῦ ἀρχαίου ἔθους παράδοσιν ἐπιτηρούσας, πλεῖστα ἕτερα παραινεῖ, καὶ αὐτοῖς δὲ ῥήμασιν τάδε ἐπιλέγων· [5.24.12] «οὐδὲ γὰρ μόνον περὶ τῆς ἡμέρας ἐστὶν ἡ ἀμφισβήτησις, ἀλλὰ καὶ περὶ τοῦ εἴδους αὐτοῦ τῆς νηστείας. οἳ μὲν γὰρ οἴονται μίαν ἡμέραν δεῖν αὐτοὺς νηστεύειν, οἳ δὲ δύο, οἳ δὲ καὶ πλείονας· οἳ δὲ τεσσαράκοντα ὥρας ἡμερινάς τε καὶ νυκτερινὰς συμμετροῦσιν τὴν ἡμέραν αὐτῶν. [5.24.13] καὶ τοιαύτη μὲν ποικιλία τῶν ἐπιτηρούντων οὐ νῦν ἐφ' ἡμῶν γεγονυῖα, ἀλλὰ καὶ πολὺ πρότερον ἐπὶ τῶν πρὸ ἡμῶν, τῶν παρὰ τὸ ἀκριβές, ὡς εἰκός, κρατούντων τὴν καθ' ἁπλότητα καὶ ἰδιωτισμὸν συνήθειαν εἰς τὸ μετέπειτα πεποιηκότων, καὶ οὐδὲν ἔλαττον πάντες οὗτοι εἰρήνευσάν τε καὶ εἰρηνεύομεν πρὸς ἀλλήλους, καὶ ἡ διαφωνία τῆς νηστείας τὴν ὁμόνοιαν τῆς πίστεως συνίστησιν». [5.24.14] τούτοις καὶ ἱστορίαν προστίθησιν, ἣν οἰκείως παραθήσομαι, τοῦτον ἔχουσαν τὸν τρόπον· «ἐν οἷς καὶ οἱ πρὸ Σωτῆρος πρεσβύτεροι, οἱ προστάντες τῆς ἐκκλησίας ἧς σὺ νῦν ἀφηγῆι, Ἀνίκητον λέγομεν καὶ Πίον Ὑγῖνόν τε καὶ Τελεσφόρον καὶ Ξύστον, οὔτε αὐτοὶ ἐτήρησαν οὔτε τοῖς μετ' αὐτῶν ἐπέτρεπον, καὶ οὐδὲν ἔλαττον αὐτοὶ μὴ τηροῦντες εἰρήνευον τοῖς ἀπὸ τῶν παροικιῶν ἐν αἷς ἐτηρεῖτο, ἐρχομένοις πρὸς αὐτούς· καίτοι μᾶλλον ἐναντίον ἦν τὸ τηρεῖν τοῖς μὴ τηροῦσιν. [5.24.15] καὶ οὐδέποτε διὰ τὸ εἶδος τοῦτο ἀπεβλήθησάν τινες, ἀλλ' αὐτοὶ μὴ τηροῦντες οἱ πρὸ σοῦ πρεσβύτεροι τοῖς ἀπὸ τῶν παροικιῶν τηροῦσιν ἔπεμπον εὐχαριστίαν, [5.24.16] καὶ τοῦ μακαρίου Πολυκάρπου ἐπιδημήσαντος τῆι Ῥώμηι ἐπὶ Ἀνικήτου καὶπερὶ ἄλλων τινῶν μικρὰ σχόντες πρὸς ἀλλήλους, εὐθὺς εἰρήνευσαν, περὶ τούτου τοῦ κεφαλαίου μὴ φιλεριστήσαντες εἰς ἑαυτούς. οὔτε γὰρ ὁ Ἀνίκητος τὸν Πολύκαρπον πεῖσαι ἐδύνατο μὴ τηρεῖν, ἅτε μετὰ Ἰωάννου τοῦ μαθητοῦ τοῦ κυρίου ἡμῶν καὶ τῶν λοιπῶν ἀποστόλων οἷς συνδιέτριψεν, ἀεὶ τετηρηκότα, οὔτε μὴν ὁ Πολύκαρπος τὸν Ἀνίκητον ἔπεισεν τηρεῖν, λέγοντα τὴν συνήθειαν τῶν πρὸ αὐτοῦ πρεσβυτέρων ὀφείλειν κατέχειν. [5.24.17] καὶ τούτων οὕτως ἐχόντων, ἐκοινώνησαν ἑαυτοῖς, καὶ ἐν τῆι ἐκκλησίαι παρεχώρησεν ὁ Ἀνίκητος τὴν εὐχαριστίαν τῶι Πολυκάρπωι, κατ' ἐντροπὴν δηλονότι, καὶ μετ' εἰρήνης ἀπ' ἀλλήλων ἀπηλλάγησαν, πάσης τῆς ἐκκλησίας εἰρήνην ἐχόντων, καὶ τῶν τηρούντων καὶ τῶν μὴ τηρούντων». καὶ ὁ μὲν Εἰρηναῖος φερώνυμός τις ὢν τῆι προσηγορίαι αὐτῶι τε τῶι τρόπωι εἰρηνοποιός, τοιαῦτα ὑπὲρ τῆς τῶν ἐκκλησιῶν εἰρήνης παρεκάλει τε καὶ ἐπρέσβευεν, ὁ δ' αὐτὸς οὐ μόνωι τῶι Βίκτορι, καὶ διαφόροις δὲ πλείστοις ἄρχουσιν ἐκκλησιῶν τὰ κατάλληλα δι' ἐπιστολῶν περὶ τοῦ κεκινημένου ζητήματος ὡμίλει·