CHAPITRE XLV : LETTRE DE DENYS A NOVAT
[1] Voyons ce que le même écrivit encore à Novat qui troublait alors la fraternité des Romains ; celui-ci prenait en effet pour prétexte de son apostasie et de son schisme certains des frères qui l'auraient contraint d'en venir là ; voyons de quelle manière Denys lui écrit :
« Denys au frère Novatien, salut. Si c'est malgré toi, comme lu le dis, que tu as été entraîné, tu le montreras en revenant spontanément. Il fallait en effet tout supporter plutôt que de déchirer l'Église de Dieu, et il n'est pas plus glorieux de rendre témoignage pour ne pas 287 adorer les idoles, que pour ne pas faire de schisme; ceci est, selon moi, plus grand encore; car dans ce premier cas on est martyr pour son âme seule, et dans l'autre on l'est pour toute l'Église. Et maintenant situes convaincu, eh bien ! efforce-toi d'amener tes frères à l'union : cet acte de vertu sera pour toi plus grand que ton péché; l'un ne te sera plus imputé et l'autre sera loué. Si tues impuissant auprès de ceux qui ne se laissent pas persuader, sauve avant tout ton âme. Je prie pour que tu ailles bien, et que lu t'attaches à la paix dans le Seigneur ».1
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FELTOE, 38-39, 4. Eusèbe, ayant rencontré dans la correspondance de Denys cette lettre à Novat, a été amené à raconter le schisme du prêtre romain. Il revient à Denys par l'extrait du chapitre précédent et par celui-ci qui ont trait à Novatien. - Dans l'en-tête, les mss. sont divisés sur la forme du nom, Novatianus BD, Novatus AERMT arm. lat. Cf. SCHWARTZ, p. LXXVIII, qui suppose qu'ici et VII, viii, Eusèbe a simplement fait copier le texte de Denys, qui portait Novatianus. - πείσαις ἥ lat. « überredest und» arm., πείσαις εἰ ERT1, πείσαιο εἰ .A, πείσας, M. Voy. la note de Feltoe qui adopte πείσαιο ἣ. combinaison peu heureuse des leçons de A et de BD. ↩