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Works John Chrysostom (344-407) Ad Stelechium de compunctione liber II Au moine Stéléchius

7.

Oui, lorsque nous considérerons la multitude de nos péchés passés, nous comprendrons combien la grâce de Dieu a surabondé en nous : et à cette vue nous baisserons humblement la tête, et nous commencerons une vie nouvelle. Plus nous nous trouverons chargés de crimes, plus aussi notre confusion sera profonde. Saint Paul ne perdait jamais de vue son passé: mais nous, nous ne voulons pas même conserver le souvenir des péchés que nous avons commis depuis notre baptême; de ces péchés, dis-je, qui nous mettent en danger, et nous exposent aux sévérités des jugements de Dieu. Et si, par hasard, la pensée de quelqu'une de ces fautes se présente à notre esprit, vite nous la repoussons, ne voulant pas que la mémoire de nos iniquités vienne un seul instant affliger notre âme. Que de maux nous cause cette vaine complaisance pour nous-mêmes ! D'abord le défaut de contrition nous laisse sans énergie pour le bien ; comment ensuite confesserions-nous des péchés dont nous voudrions pouvoir éteindre l'importun souvenir? Une autre conséquence de ce fâcheux état, c'est que nous tombons avec la plus grande facilité dans de nouvelles fautes. Il faudrait nous estimer heureux si, aidés de ce souvenir toujours vivant dans notre âme, de cette crainte toujours présente dans notre coeur, nous pouvions secouer cette pernicieuse nonchalance , cette léthargie dangereuse. Mais, mon ami , si vous enlevez à votre âme le frein salutaire de la componction, qui la retiendra enfin cette âme, quand, une fois libre de toute crainte, elle se précipitera dans les abîmes, et tombera dans ce gouffre affreux, pour y périr à jamais? Pénétré de ces vérités , le juste David se . retraçait l'image des châtiments futurs : il pleurait, il soupirait profondément, et cela, sans aucune nécessité pour lui-même.

Il vous suffit à vous, âmes généreuses, pour vivre dans la componction, de vous rappeler les bienfaits de Dieu et d'oublier vos propres bonnes oeuvres; de rechercher avec grand soin jusqu'à vos moindres manquements ; de fixer vos regards sur ces illustres personnages qui ont été si agréables à Dieu ; enfin , de considérer l'incertitude, où nous vivons, de notre propre salut, ainsi que notre inclination au mal et au péché : c'est cette pensée qui faisait trembler saint Paul lui-même, quand il disait : Je crains qu'après avoir prêché aux autres, je ne sois réprouvé moi-même (I Cor. IX, 27) ; et encore : Que celui qui croit être ferme, prenne garde de tomber. (I Cor. X, 12.) David, lui aussi , appliquait son esprit à toutes ces considérations. Ainsi, se représentant les bienfaits de Dieu , il disait : Qu'est-ce que l'homme, pour que vous vous souveniez de lui? ou le fils de l'homme, pour que vous le visitiez ? Vous ne l'avez mis qu'un peu au-dessous des anges : Vous l'avez couronné de gloire et d'honneur. (Ps. VIII, 5, 6.) Quant à ses bonnes oeuvres, il les avait tellement oubliées que , malgré tous les exemples de vertu qu'il avait donnés, il s'écriait : Qui suis-je, mon Seigneur et mon Dieu, et quelle est la maison de mon père, pour que vous m'ayez aimé à ce point ? Mais cela même vous a paru peu de chose, ô Seigneur mon Dieu ! vous avez encore assuré votre serviteur de l'établissement de sa maison pour les siècles à venir. Car c'est là la loi des enfants d'Adam, ô Seigneur mon Dieu! Après cela. que peut vous, dire David, pour vous exprimer sa parfaite reconnaissance? (II Rois, VII, 18-20.) Il se représentait souvent les vertus de ses pères et, comparant sa vie avec la leur, il se regardait comme un vrai néant. C'est ainsi qu'après avoir dit: Nos pères ont espéré en vous; venant ensuite à parler de lui-même, il ajoute : Pour moi, je suis un ver et non un homme. (Ps. XXI, 6.) Quant à l'incertitude du salut, il l'avait tellement présente à l'esprit, qu'il faisait cette prière : Eclairez mes yeux, de peur que je ne m'endorme un jour dans la mort. (Ps. XII, 4.) Enfin, il se croyait coupable de tant de péchés, qu'il s'écriait: Pardonnez-moi mon péché, car il est grand. (Ps. XXIV, 11 .)

Ces considérations suffisent pour remplir de componction les parfaits comme vous. Quant à nous, âmes vulgaires, nous avons besoin d'un autre motif encore, pour briser notre orgueil et notre présomption; et nous le trouvons, dans la multitude de nos péchés, dans une conscience mauvaise qui pèse sur nous comme un joug accablant et ne nous permet pas de prendre notre essor vers les célestes hauteurs.

C'est pourquoi, ô cher Stéléchius ! je t'en prie et je t'en conjure, au nom du crédit que tu t'es acquis auprès de Dieu par tes bonnes oeuvres, tends-moi une main secourable, afin que je puisse gémir d'une manière salutaire sur la multitude et la grandeur de mes maux, et entrer ensuite, après ces regrets et ces soupirs, dans une route amie, qui me conduise au ciel; en sorte que, heureusement préservé de l'enfer, où la confession n'est plus possible, je n'aie pas à endurer les supplices des réprouvés auxquels personne ne pourrait ensuite me soustraire. Tant que je serai en cette vie, j'ai tout à espérer de ton secours, et tu pourras me faire le plus grand bien. Mais une fois arrivé dans l'autre monde, une fois la réprobation prononcée, il n'y aurait plus ni ami, ni frère, ni père qui pût, nous aider et nous secourir; désormais privé de toute consolation, il nous faudrait subir, au sein des angoisses et des ténèbres, d'immortels supplices, et servir sans fin d'aliment aux flammes dévorantes de l'enfer.

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Au moine Stéléchius

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