15.
Allons, un peu de courage, revenons à nous , soyons maîtres de nous-mêmes, et nous gagnerons à Dieu ces personnes, nous nous sauverons nous-mêmes, ainsi que beaucoup d'autres avec nous; autant notre exemple a perdu d'âmes, autant notre exemple en sauvera, et nous en serons récompensés. Ce qui faisait notre honte, servira à notre honneur, à notre gloire. Pourquoi, dites-le moi, voulez-vous être admiré des femmes? il est tout-à-fait indigne d'un homme spirituel de rechercher cet honneur; j'ajoute que le moyen de l'acquérir, c'est de ne pas le rechercher. L'homme est ainsi fait, qu'il méprise ordinairement ceux qui font trop d'efforts pour lui plaire et qu'il admire ceux qui n'ont pas coutume de le flatter. Cela est vrai surtout pour les femmes. Celui qui les cajole leur devient insupportable, au contraire elles admirent ceux qui savent leur résister, et ne pas se plier à tous leurs caprices. J'en appelle ici à votre témoignage. L'état où vous êtes aujourd'hui ne vous attire pas seulement les moqueries des étrangers, il vous expose encore à celles de ces femmes qui demeurent avec vous. Si elles ne se moquent pas ouvertement , elles se moquent dans leur coeur ; la tyrannie qu'elles exercent sur vous leur donne de la vanité ; secouez leur joug si vous voulez gagner leur estime; elles ne vous admireront que si vous recouvrez votre liberté.
Si vous ne croyez pas à notre parole, interrogez-les elles-mêmes. Pour qui ont-elles le plus d'estime et d'admiration? pour celui qui est leur esclave, ou pour celui qui est leur maître? pour celui qui leur est soumis, faisant tout, souffrant tout pour leur plaire, ou pour celui qui tient le mieux son rang, et qui rougit d'obéir à leur volonté capricieuse? Si elles veulent être sincères, elles diront que c'est pour le dernier. Mais , qu'est-il besoin de leur réponse? les choses parlent assez d'elles-mêmes.
Mais celui qui garde dans sa maison des vierges, est un homme avide de jouissances, il prend plaisir à repaître ses yeux de la vue des jeunes filles. — Raison de plus pour fuir cette cohabitation. Quant au plaisir, je crois vous avoir démontré non-seulement qu'il est nul, mais qu'il se change même en amertume pour celui qui se contente devoir sans aller plus loin : ajoutez encore la joie d'une bonne conscience.