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Mais gardez-vous bien de considérer ces larmes comme mêlées de tristesse et d'amertume. Elles sont plus douces que tous les plaisirs du monde ; et si vous en doutez, écoutez saint Luc qui nous dit que les apôtres, ayant été battus de verges, s'en allèrent pleins de joie hors du conseil. (Act. V, 40. ) Sans doute un tel supplice ne pouvait produire par lui-même la joie et l'allégresse, et il ne devait amener que la souffrance et la douleur. Qui le nie ? mais la foi est plus puissante que la nature ; et si, dans les apôtres, elle a changé les supplices en délices, pourquoi ne rendrait-elle pas douces et suaves les larmes de la vierge chrétienne ? C'est ainsi encore que Jésus-Christ lui-même appelle son joug doux et léger, quoiqu'il nous dise que la route qui mène au ciel est étroite et pénible. Et en effet, cette route est naturellement difficile, mais le zèle et l'espérance la rendent aisée et facile. Aussi voyons-nous ceux qui ont choisi la voie étroite, marcher avec plus d'ardeur que ceux qui ont préféré la voie large et commode. Ce n'est point que nul obstacle ne se rencontre sous leurs pas; mais leur courage les élève au-dessus de toute affliction, ils paraissent invulnérables à la douleur. Oui, la virginité a, elle aussi , ses tribulations; mais qu'elles sont légères, si on les compare à celles du mariage !