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Traité du Sacerdoce
2.
Soutiendras-tu maintenant que ce n’est pas pour ton bien que je t’ai trompé ? Toi qui vas être préposé au gouvernement des biens de Dieu, charge qui a valu à saint Pierre sa puissance et sa haute prééminence sur le reste des apôtres, selon cette parole : Pierre, dit le Seigneur, m’aimes-tu plus que ceux-ci ? pais mes brebis. (Jean XXI, 15.) Il aurait pu dire : situ m’aimes, jeûne, couche sur la dure, veille sans cesse, protége les opprimés, sois le père des orphelins, le défenseur de la veuve ; mais non: laissant là toutes ces oeuvres, que dit-il? Pais mes brebis.
Ces sortes de bonnes oeuvres, la plupart des simples fidèles peuvent les pratiquer , les femmes aussi bien que les hommes; mais d’aussi importantes fonctions que le gouvernement d’une Eglise , et la direction d’un si grand nombre d’âmes , non-seulement les femmes en sont exclues, mais très-peu d’hommes en sont dignes. Qu’on présente ceux que la supériorité du mérite distingue entre tous les autres , ceux qui par la vertu de leur âme surpassent leurs frères autant que Saül surpassait les Hébreux par sa haute taille, ce n’est même pas assez, à beaucoup près. Surpasser les autres hommes de toute la tête n’est pas une mesure qui puisse convenir ici: qu’entre le pasteur et les brebis de Jésus-Christ, il y ait toute la distance qui sépare les hommes raisonnables des animaux privés de raison, c’est encore trop peu dire, eu égard à la grandeur des intérêts qui sont en jeu, et au péril de la situation. Le berger qui perd des brebis, soit que les loups les aient emportées, soit que les voleurs les aient dérobées, soit qu’elles aient péri par la contagion ou par quelque autre accident, trouvera peut-être grâce auprès du propriétaire du troupeau, et si l’on veut le traiter avec rigueur, il en sera quitte pour payer le dommage; mais que celui à qui le soin des hommes, ce troupeau raisonnable de Jésus-Christ, a été confié, en laisse perdre quelqu’un, ce ne sera pas son bien, mais son âme qui en répondra. Ajoutez que le combat à soutenir est bien autrement sérieux et difficile. Ici ce ne sont ni des loups à repousser, ni des voleurs à redouter, ni les atteintes d’un mal contagieux à prévenir. Avec quels ennemis le ministre de Jésus-Christ est-il en guerre? contre qui lui faut-il combattre? Ecoutons l’Apôtre qui nous les dénonce : Nous n’avons pas à combattre seulement contre la chair et le sang, mais contre les principautés , contre les puissances, contre le Prince de ce monde de ténèbres, contre les esprits de malice répandus dans l’air. (Ephes.VI, 12.)
La vois-tu, cette multitude terrible d’ennemis implacables, ces affreuses phalanges non bardées de fer, mais trouvant dans leur nature de quoi s’armer de toutes pièces?
Veux-tu voir une autre armée non moins cruelle et barbare, toujours en embuscade pour surprendre le troupeau? tu l’apercevras du même point de vue, je veux dire que le même apôtre qui nous a mis en garde contre les premiers ennemis, nous dénonce encore ceux-ci: On connaît, dit-il, les oeuvres de la chair, qui sont la fornication, l’adultère, l’impureté, l’impudicité, l’idolâtrie, les empoisonnements, les haines, les querelles, les jalousies, les colères, les cabales, les médisances, les murmures, les enflures de coeur, les révoltes (Gal. V, 19), et beaucoup d’autres que l’Apôtre n’a pas énumérés, nous laissant à juger des autres par ceux-ci. Quand il s’agit de brebis proprement dites, ceux qui en veulent au troupeau voient-ils le gardien prendre la fuite; ils ne s’occupent nullement de lui et se contentent de ravir les brebis; mais ici, que les malfaiteurs soient venus à bout de s’emparer de tout le troupeau, loin de laisser le pasteur en repos, il l’assaillent avec encore plus d’acharnement et d’audace, et ne quittent le combat que victorieux ou vaincus. J’ajouterai que les maladies des animaux sont faciles à (574) reconnaître, comme la faim, la contagion, les blessures ou toute autre cause de souffrance, grand avantage pour le traitement et la guérison des malades. En voici un autre encore plus grand et plus efficace pour le prompt rétablissement de la santé: les bergers ont le pouvoir de forcer les brebis à endurer le traitement, lorsqu’elles ne l’endurent pas de bon gré; rien de plus facile que de les lier, lorsqu’il faut brûler ou couper; que de les garder longtemps enfermées, lorsque cela est utile; que de changer leur nourriture , que de les éloigner des cours d’eau; enfin , tous les autres remèdes qu’on pense devoir contribuer à la santé des troupeaux, sont de la plus facile application.
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Treatise concerning the christian priesthood
2.
Will you, then, still contend that you were not rightly deceived, when you are about to superintend the things which belong to God, and are doing that which when Peter did the Lord said he should be able to surpass the rest of the apostles, for His words were, "Peter, lovest thou me more than these?" 1 Yet He might have said to him, "If thou lovest me practise fasting, sleeping on the ground, and prolonged vigils, defend the wronged, be as a father to orphans, and supply the place of a husband to their mother." But as a matter of fact, setting aside all these things, what does He say? "Tend my sheep." For those things which I have already mentioned might easily be performed by many even of those who are under authority, women as well as men; but when one is required to preside over the Church, and to be entrusted with the care of so many souls, the whole female sex must retire before the magnitude of the task, and the majority of men also; and we must bring forward those who to a large extent surpass all others, and soar as much above them in excellence of spirit as Saul overtopped the whole Hebrew nation in bodily stature: or rather far more. 2 For in this case let me not take the height of shoulders as the standard of inquiry; but let the distinction between the pastor and his charge be as great as that between rational man and irrational creatures, not to say even greater, inasmuch as the risk is concerned with things of far greater importance. He indeed who has lost sheep, either through the ravages of wolves, or the attacks of robbers, or through murrain, or any other disaster befalling them, might perhaps obtain some indulgence from the owner of the flock; and even if the latter should demand satisfaction the penalty would be only a matter of money: but he who has human beings entrusted to him, the rational flock of Christ, incurs a penalty in the first place for the loss of the sheep, which goes beyond material things and touches his own life: and in the second place he has to carry on a far greater and more difficult contest. For he has not to contend with wolves, nor to dread robbers, nor to consider how he may avert pestilence from the flock. With whom then has he to fight? with whom has he to wrestle? Listen to the words of St. Paul. "We wrestle not against flesh and blood, but against principalities, against powers, against the rulers of the darkness of this world, against spiritual wickedness in high places." 3 Do you see the terrible multitude of enemies, and their fierce squadrons, not steel clad, but endued with a nature which is of itself an equivalent for a complete suit of armor. Would you see yet another host, stern and cruel, beleaguering this flock? This also you shall behold from the same post of observation. For he who has discoursed to us concerning the others, points out these enemies also to us, speaking in a certain place on this wise: "The works of the flesh are manifest, which are these, fornication, adultery, uncleanness, lasciviousness, idolatry, witchcraft, hatred, variance, emulation, wrath, strife, 4 backbitings, whisperings, swellings, tumults," 5 and many more besides; for he did not make a complete list, but left us to understand the rest from these. Moreover, in the case of the shepherd of irrational creatures, those who wish to destroy the flock, when they see the guardian take to flight, cease making war upon him, and are contented with the seizure of the cattle: but in this case, even should they capture the whole flock, they do not leave the shepherd unmolested, but attack him all the more, and wax bolder, ceasing not until they have either overthrown him, or have themselves been vanquished. Again, the afflictions of sheep are manifest, whether it be famine, or pestilence, or wounds, or whatsoever else it may be which distresses them, and this might help not a little towards the relief of those who are oppressed in these ways. And there is yet another fact greater than this which facilitates release from this kind of infirmity. And what is that? The shepherds with great authority compel the sheep to receive the remedy when they do not willingly submit to it. For it is easy to bind them when cautery or cutting is required, and to keep them inside the fold for a long time, whenever it is expedient, and to bring them one kind of food instead of another, and to cut them off from their supplies of water, and all other things which the shepherds may decide to be conducive to their health they perform with great ease.