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Commentaire sur l'Evangile selon Saint Matthieu
2.
L’humilité a plusieurs degrés. Les uns ne sont que médiocrement humbles; les autres le sont parfaitement. David loue cette humilité parfaite, qui ne consiste pas seulement dans un abaissement, mais dans un entier brisement de coeur, lorsqu’il dit : « Le sacrifice agréable à Dieu, est un esprit abattu d’affliction et de repentir, ô Dieu, vous ne mépriserez point un coeur contrit et humilié. »(Ps. L, 19.) C’est cette humilité que les trois enfants de là fournaise offrirent à Dieu comme un grand sacrifice, lorsqu’ils lui dirent: « Recevez-nous, Seigneur, dans un esprit contrit, et dans un coeur humilié. » (Dan. III, 39.)
C’est à cette humilité que Jésus-Christ donne le premier rang dans ses béatitudes, parce que ce déluge de maux qui inonde toute la terre n’a point d’autre source que l’orgueil. Le diable n’était pas tel d’abord : c’est par l’orgueil qu’il est devenu le diable. Saint Paul l’assure lorsqu’il dit d’un néophyte: « De peur que s’élevant d’orgueil il ne tombe dans la même condamnation que le démon. » (1 Tim. III, 6) C’est ainsi que le premier homme, pour s’être laissé enfler par les orgueilleuses espérances que le démon lui avait fait concevoir, tomba dans le précipice, et devint sujet à la mort. En s’imaginant qu’il deviendrait Dieu, il perdit l’état qu’il possédait. Dieu même lui reprocha sa folie, et lui dit en lui insultant: « Voilà Adam devenu comme l’un de nous. » (Gen. III, 22.) Cet ange orgueilleux fait tomber depuis tous les ambitieux dans la même impiété, en les abusant de l’illusion qu’ils deviendront semblables à Dieu.
Comme donc l’orgueil était, pour ainsi dire, le mal culminant de l’homme, et la racine et la source de tous les péchés du monde, Jésus-Christ, pour le guérir par un remède contraire, établit d’abord cette loi d’humilité , comme le fondement inébranlable de l’édifice qu’il veut bâtir. (112) Quand ce fondement sera posé, celui qui bâtit pourra sans crainte élever le reste de l’édifice; mais s’il vient à manquer, quand l’édifice monterait jusqu’au ciel, il faut nécessairement qu’il se renverse et qu’il tombe en ruine. Jeûne, prière, oeuvres de miséricorde, chasteté, réunissez toutes les vertus, si vous exceptez l’humilité, tout vous échappe, tout périt.
Le pharisien de l’Evangile est une preuve de ce que je dis. Après s’être déjà élevé jusqu’au plus haut degré de la vertu, il tomba et il perdit tout, parce qu’il n’avait point en lui cette mère de tous les biens. Car comme l’orgueil est la source de toute malice, l’humilité est le principe de toute sagesse. C’est pourquoi Jésus-Christ commence par elle ce discours, afin d’arracher de nos coeurs jusqu’aux moindres racines de la vanité.
Mais d’où vient, me direz-vous, qu’il parle de l’humilité à ses disciples qui étaient dans un état si humble ? Quel sujet avaient-ils de s’élever, étant pêcheurs, pauvres, grossiers, et méprisables? Je vous réponds que si Jésus-Christ ne disait pas ces paroles pour ses disciples, il les disait pour les autres qui étaient présents, et pour tous ceux qui devaient écouter un jour ses apôtres, afin que personne ne méprisât leur humilité. Mais plutôt, c’était aussi pour ses disciples qu’il disait ces choses. Car en admettant qu’ils n’eussent pas besoin alors de cette instruction, elle leur était néanmoins bien nécessaire pour l’avenir, lorsqu’ils feraient tant de prodiges et de miracles, qu’ils seraient si honorés de toute la terre, et qu’ils auraient tant de crédit et de confiance auprès de Dieu. Ni les richesses, ni la puissance, ni même la royauté ne seraient en état d’enfler le coeur autant que .toutes les grâces qui furent dans la suite accordées aux apôtres. Et avant même que de faire des miracles, n’avaient-ils pas dès lors quelque sujet de s’élever en voyant cette multitude de peuple, et ce concours de monde qui venait écouter leur Maître? Ne pouvaient-ils pas ressentir déjà quelque effet de la fragilité humaine? C’est pourquoi Jésus-Christ commence d’abord par les porter à l’humilité.
Il ne prend pas la forme de l’exhortation, ni le ton impératif pour introduire sa révélation, il la propose sous forme de béatitude, manière plus attrayante de présenter sa parole et d’ouvrir à tous le stade de la doctrine. Il ne dit pas en particulier: Celui-ci, ou celui-là; mais généralement tous ceux qui feront ce que je dis, seront bienheureux: quand vous seriez misérable, pauvre, esclave, étranger, ignorant, rien ne vous empêchera d’être heureux si vous êtes humble.
Ayant donc commencé par où il convenait surtout de le faire, il passe à une autre béatitude qui semble opposée au sentiment naturel de tous les hommes. Car au lieu que tout le monde appelle heureux ceux qui se divertissent et qui se réjouissent, et malheureux ceux qui sont dans l’affliction, dans la pauvreté et dans les larmes, Jésus-Christ déclare au contraire que ceux-ci sont heureux et les autres malheureux. « Bienheureux, dit-il, ceux qui pleurent, parce qu’ils seront consolés (4).» Le monde, au contraire, ne trouve rien de plus malheureux. Aussi avait-il commencé par faire des miracles afin d’acquérir l’autorité qui lui était nécessaire pour porter ces lois.
Il n’appelle pas heureux généralement tous ceux qui pleurent, mais ceux qui pleurent pour leurs péchés. Car les larmes que l’on répand pour le siècle et la vie présente, non-seulement ne sont pas heureuses, mais elles nous sont même interdites comme dangereuses et mortelles, selon cette parole de saint Paul : « La tristesse de ce monde produit la mort, mais la tristesse qui est selon Dieu produit une pénitence stable pour le salut. »
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Kommentar zum Evangelium des hl. Matthäus (BKV)
2.
Es gibt zudem auch viele Abstufungen der Demut. Der eine ist mittelmäßig demütig, der andere in ganz ausnehmender Weise. Diese letztere Art von Demut lobt auch der heilige Prophet, denn er redet nicht von einer Seele, die nur so leichthin demütig ist, sondern von einer solchen, die wirklich große Zerknirschung empfindet. Von diesen sagt er: „Ein Opfer für Gott ist ein zerknirschter Geist; ein zerknirschtes und gedemütigtes Herz wird Gott nicht verachten“1 . Auch die drei Jünglinge bringen eine solche Gesinnung Gott als großes Opfer dar: „Mit zerknirschter Seele und gedemütigten Geistes mögen wir zu Gnaden angenommen werden“2 . Dieselbe Gesinnung wird denn auch jetzt von Christus selig gepriesen. Kam ja doch das größte Unheil, das den ganzen Erdkreis befleckt hat, vom Stolze her; durch ihn ist ja der Teufel wirklich zum Teufel geworden, der er vorher nicht war. Das gleiche offenbart uns auch Paulus, da er sagt: „Damit nicht3 vom Stolze aufgeblasen der Strafe des Teufels verfällt“4 . Auch der erste Mensch wurde durch solch eitle Hoffnungen vom Teufel stolz gemacht, kam so zu Falle, und ward sterblich. Während er geglaubt hatte, er werde wie Gott werden, verscherzte er auch das, was er schon war. Diesem Stolz hat ihm auch Gott vorgeworfen und hat seine Torheit bloßgestellt mit S. 241den Worten: „Da siehe! Adam ist geworden wie einer von uns“5 . So ist aber noch jeder, der späterhin der Gottlosigkeit verfiel, durch Stolz dahin gekommen, weil er sich Gott gleich wähnte. Da also der Stolz die größte aller Sünden ist und zugleich die Wurzel und Quelle aller Schlechtigkeit, so wollte der Herr für diese Krankheit das rettende Heilmittel bereiten, und hat uns als sicheres, festes Fundament dieses erste Gesetz gegeben. Solange dieses Fundament besteht, kann der Bauherr mit Zuversicht alles andere darauf bauen; wo dieses fehlt, mag einer noch so regelmäßig leben, das ganze Gebäude wird doch leicht zusammenstürzen und ein schlimmes Ende nehmen. Wenn du auch fastest betest, Almosen gibst, keusch lebst und alles erdenkliche Gute tust, ohne Demut wird alles wie Wasser zerrrinnen und zugrunde gehen. So ging es mit dem Pharisäer. Er hatte es6 bis zur höchsten Vollkommenheit gebracht, und doch hatte er alles verloren, als er7 ging, weil er die Mutter aller Tugenden nicht besaß. Wie eben der Hochmut die Quelle allen Übels ist, so ist die Demut der Anfang aller Weisheit. Deshalb macht auch der Herr mit ihr den Anfang, und sucht den Stolz recht gründlich aus den Seelen seiner Zuhörer auszurotten.
Aber warum redet er so zu den Jüngern, die doch schon vollkommen demütig waren? Ihnen fehlte ja doch jeder Anlass zur Selbstüberhebung; sie waren ja nur arme Fischer, ohne Ansehen und ohne Bildung. Nun, wenn es auch nicht gerade den Jüngern galt, so war es doch für diejenigen bestimmt, die damals zugegen waren, und für jene, die späterhin durch die Jünger zum Glauben geführt werden sollten, damit sie dieselben nicht ob ihres niederen Standes erachteten. Aber gleichwohl galt es auch für die Jünger, denn wenn auch nicht schon damals, so sollte ihnen8 wenigstens späterhin nützlich werden, wenn sie einmal Zeichen und Wunder getan hätten, und sowohl in der Welt Ehre und Ansehen genössen, als auch bei Gott in Gnaden stünden. Weder Reichtum noch Macht, selbst nicht S. 242die Königswürde sind so sehr geeignet, zum Stolz zu verleiten, als das, was ihnen zuteil geworden. Indes konnten sie auch schon damals, bevor sie noch Wunder gewirkt hatten, sich leicht zur Eitelkeit verleiten lassen, und beim Anblick der Menschenmenge und der Szene, die ihren Lehrmeister umgab, eine Regung menschlicher Schwäche empfinden. Darum sucht der Herr von vornherein ihren Stolz zu demütigen. Auch bringt er das, was er sagt, nicht in Form einer Ermahnung oder eines Befehles vor, sondern in der einer Seligpreisung, um seine Rede auf diese Weise desto schonender und angenehmer zu gestalten und die Allgemeingültigkeit seiner Lehre darzutun. Er sagte nämlich nicht: dieser und jener, sondern: „Alle, die so handeln, sind selig.“ Also, wenn du auch ein Sklave wärest, oder ein Bettler, arm, fremd und verlassen, nichts kann dich hindern, selig zu sein, wenn du dich nur um die Tugend9 bemühst. Nachdem also der Herr den Anfang mit dem gemacht, was am meisten not tat, geht er zu einem anderen Gebot über, das der allgemeinen Anschauung der Menschen direkt zuwider zu sein scheint. Während nämlich jedermann glaubt, diejenigen beneiden zu sollen, die freudig sind, um jene bemitleiden zu müssen, die niedergeschlagen, arm und traurig sind, preist hingegen der Herr gerade diese und nicht jene glücklich, indem er sagt:
V.5: „Selig sind die Trauernden!“
Und doch hat jedermann mit den Trauernden Mitleid! Aber gerade deshalb hat der Herr zum voraus Wunder gewirkt, damit er mit solchen Vorschriften Gehör fände. Übrigens meint er auch hier wieder nicht solche, die aus irgendeinem Grunde trauern, sondern jene, die über ihre Sünden trauern. Ja, jede andere Art von Trauer ist sogar strenge verpönt, nämlich diejenige, die nur irdischen Motiven entspringt. Das nämlich lehrt uns auch Paulus, wenn er sagt: „Die Trauer der Welt bewirkt den Tod; die Trauer in Gott hingegen bringt Reue hervor zum Heil, das keine Trauer kennt“10 .