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Commentaire sur l'Evangile selon Saint Matthieu
5.
« Que votre règne arrive (10).» C’est encore là la prière d’un véritable enfant de Dieu, de ne point s’attacher aux choses visibles, et de ne point estimer les biens présents ; mais de nous soupirer toujours vers son Père, et de désirer les biens à venir. C’est là l’effet d’une bonne conscience, et d’une âme dégagée de la terre. C’était le souhait continuel de saint Paul. C’était ce qui lui faisait dire : « Nous qui avons reçu les prémices de l’Esprit, nous soupirons et nous gémissons en nous-mêmes, attendant l’effet de l’adoption divine, c’est-à-dire la rédemption et la délivrance de notre corps.» (Rom. VIII, 43.) Celui qui est brûlé de ce désir ne peut plus s’enfler des avantages de ce monde, ni s’abattre dans ses maux, mais comme s’il était déjà dans le ciel, il n’est plus sujet à l’une et l’autre de ces deux inégalités si différentes.
« Que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel (40). » Il y a une admirable (162) suite dans ces paroles. Il nous commande bien de désirer les biens futurs, et de tendre toujours au ciel : mais il veut de plus qu’en attendant cet avenir, nous imitions même sur la terre, la vie des anges dans le ciel. Vous devez, nous dit-il, désirer le ciel et les biens que je vous y prépare; mais je vous commande cependant de faire de la terre un ciel, et d’y vivre, d’y parler et d’y agir comme si vous étiez déjà dans le ciel. C’est cette grâce que vous devez me demander. Quoique vous soyez sur la terre, vous devez néanmoins tâcher de vivre comme ces puissances célestes, puisque vous pouvez tout ensemble être ici-bas, et vivre comme elles. Voici donc ce que nous marquent ces paroles de Jésus-Christ. Comme les anges dans le ciel obéissent librement et toujours avec la même ferveur, comme ils ne sont point inconstants, obéissant dans une occasion et n’obéissant point dans l’autre; mais qu’ils se soumettent toujours et demeurent parfaitement assujettis, parce qu’ils sont «puissants en vertu,» dit le Prophète, « pour accomplir les ordres de Dieu (Ps. CII, 20) ;» faites-nous cette même grâce à nous autres hommes, de ne point faire votre volonté en partie, mais de l’accomplir entièrement en toutes choses.
Considérez aussi comment Jésus-Christ nous apprend à être humbles, en nous faisant voir que notre vertu ne dépend pas de notre seul travail, mais de la grâce de Dieu. Il ordonne encore ici à chaque fidèle qui prie de le faire généralement pour toute la terre. Car il ne dit pas: « Que votre volonté soit faite » en moi ou en nous, mais « sur toute la terre; » afin que l’erreur en soit bannie; que la vérité y règne; que le vice y soit détruit; que la vertu y refleurisse; et que la terre ne soit plus différente du ciel. Car si Dieu était ainsi obéi dans le monde, quoique les habitants du ciel soient bien différents de ceux de la terre, la terre néanmoins deviendrait un ciel, et les hommes seraient des anges, parce qu’ils vivraient comme les anges.
«Donnez-nous aujourd’hui notre pain de chaque jour (11). » Comme il vient de dire : « Que votre volonté soit faite sur la terre comme « au ciel, » et qu’il parlait à des hommes environnés d’une chair fragile, sujets à diverses nécessités, et incapables de jouir encore de l’impassibilité des anges, il veut bien nous commander d’accomplir la volonté de Dieu, aussi parfaitement que les anges, mais il condescend en même temps à la faiblesse de notre nature : J’exige de vous, dit-il, la vertu de mes anges, mais non leur impassibilité. La fragilité de votre nature en est incapable, et elle a nécessairement besoin d’une nourriture qui la soutienne.
Mais remarquez combien il veut en nous de spiritualité même dans ce qui regarde le corps. Car il ne nous commande point de lui demander des richesses, ou des plaisirs, ou des habits précieux, ou rien de semblable, mais seulement du pain, et le pain dont nous avons besoin le jour où nous vivons, sans nous mettre en peine du lendemain : « Donnez-nous, » dit-il, « notre pain de chaque jour. » Et non content de cela, il ajoute encore : « Donnez-nous aujourd’hui,» afin d’exclure entièrement de nos esprits le soin et l’embarras du jour suivant. Car pourquoi vous tourmenter du soin d’un jour que vous n’êtes pas assuré de voir? Aussi il s’étend plus au long sur ce sujet dans la suite : « Ne vous mettez point en peine du lendemain,» dit-il. Car il veut que nous soyons toujours ceints pour le voyage, et tout prêts à prendre notre essor vers le ciel, ne donnant au corps que ce que la nécessité commande.
Mais parce qu’un chrétien ne devient pas impeccable par le baptême, Jésus-Christ nous témoigne encore ici sa tendresse, en nous prescrivant cette prière pour fléchir la bonté de Dieu, et pour lui demander le pardon de vos péchés.
« Remettez-nous nos dettes, comme nous les remettons à ceux qui nous doivent (12).» Considérez jusqu’où va l’excès de l’amour que Dieu porte aux hommes. Il croit encore dignes du pardon ceux qui l’offensent après avoir été délivrés de tant de maux., et après avoir reçu des grâces si ineffables. Car c’est pour les fidèles que cette prière est faite, comme la coutume de l’Eglise nous le montre, et le premier mot même de cette oraison, puisqu’une personne qui n’est pas encore baptisée ne peut pas appeler Dieu son « Père.» Si donc cette prière est pour les fidèles, et s’ils demandent à Dieu le pardon de leurs péchés, il est visible que Dieu ne nous refuse pas, même après le baptême, le remède de la pénitence. S’il n’avait voulu nous persuader cette vérité, il ne nous aurait pas prescrit cette prière. Mais en parlant des péchés, et en nous commandant d’en demander le pardon; en nous apprenant le moyen (163) de l’obtenir par cette voie facile, qui consiste à remettre afin qu’on nous remette; il est clair qu’il a voulu nous montrer par là que les péchés peuvent encore être effacés après le baptême, et que c’est pour nous le persuader qu’il nous commande de prier de cette manière. Ainsi en nous faisant souvenir de nos péchés, il nous inspire des sentiments d’humilité. En nous commandant de pardonner aux autres, il efface de notre esprit le souvenir des injures. En nous promettant de nous pardonner nos fautes, il relève nos espérances. Et en nous rendant les imitateurs de sa douceur et de sa bonté ineffable, il nous élève jusqu’au comble de la sagesse.
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Kommentar zum Evangelium des hl. Matthäus (BKV)
5.
Eben darnach verlangt auch der hl. Paulus Tag für Tag; darum sagte er: „Auch wir, die wir den Anfang des Heiligen Geistes besitzen, wir seufzen in der Erwartung der Gotteskindschaft und der Befreiung unseres Leibes“1. Wer nämlich eine solche Liebe besitzt, der kann weder von dem Glück dieses Lebens aufgeblasen, noch vom Unglück niedergebeugt werden; vielmehr hält er sich von beiden Extremen fern, wie einer, der schon im Himmel weilt. „Dein Wille geschehe, wie im Himmel, also auch auf Erden!“ Siehst du, wie folgerichtig dies ist? Der Herr hieß uns nach den zukünftigen Dingen verlangen tragen und nach dem Heimgang in die andere Welt uns sehnen. Solange aber der Zeitpunkt hierfür noch nicht gekommen ist, sollen wir uns bemühen, auch hienieden schon das gleiche Leben zu führen wie die Himmelsbewohner. Wir sollen, sagt er, uns nach dem Himmel S. 353 sehnen und nach dem, was im Himmel ist; wir sollen aber auch schon vorher, bevor wir in den Himmel kommen, die Erde zum Himmel machen und hienieden so leben, als befänden wir uns schon drüben, sollen alles so tun und so reden und auch in dieser Absicht zum Herrn beten. Das Leben auf dieser Erde ist nämlich durchaus kein Hindernis, die Vollkommenheit der himmlischen Mächte zu erreichen; vielmehr kann man auch in dieser Welt schon in allem so leben, als wäre man bereits im Himmel. Was also der Herr sagen will, ist dies: So, wie dort alles ohne Hindernis geschieht, und die Engel nicht dem einen Befehl gehorchen, dem anderen sich widersetzen, vielmehr in allem willfährig und gehorsam sind23, so gib, dass auch wir Menschen Deinen Willen nicht halb tun, sondern alles beobachten, so wie Du es willst. Siehst du, wie Christus uns auch Bescheidenheit lehrte, indem er uns zu verstehen gab, dass die Tugend nicht nur ein Werk unseres Eifers ist, sondern auch der Gnade von oben. Und auch hier hieß er wieder einen jeden von uns im Gebete für das Wohl der ganzen Welt bedacht zu sein. Er sagte nämlich nicht; Es geschehe Dein Wille an mir, oder an uns, sondern: Auf der ganzen Welt, auf dass aller Irrtum verschwinde, die Wahrheit erscheine, jegliches Böse ausgerottet werde, die Tugend ihren Einzug halte und so kein Unterschied mehr bestehe zwischen Himmel und Erde. Wenn das geschähe, meint er, wären Irdisches und Himmlisches gleich, wenn auch der Natur nach verschieden, indem wir uns auf der Welt wie andere Engel aufführten.
V.11: „Gib uns heute unser tägliches Brot.“
Was heißt das: Unser tägliches Brot? Das ist das Brot, das für je einen Tag ausreicht. Der Herr hatte ja gesagt: „Dein Wille geschehe, wie im Himmel, also auch auf Erden“; das sagte er aber zu Menschen, die im Fleische leben und den Gesetzen der Natur unterworfen sind, und nicht ebenso empfindungslos sein können, wie S. 354 die Engel. Dennoch will er allerdings, dass wir seine Gebote ebenso gut halten, wie sie von jenen erfüllt werden; dafür nimmt er dann aber auch Rücksicht auf die Schwäche unserer Natur. Denn, sagt er, was ich verlange, ist die gleiche Gewissenhaftigkeit in der Beobachtung der Gebote, nicht aber die Unempfindlichkeit; das lässt ja das unbeugsame Gesetz der Natur nicht zu; sie bedarf eben der notwendigen Nahrung. Du aber beachte, wie auch in den materiellen Dingen viel geistiger Inhalt verborgen liegt. Der Herr hieß uns ja nicht um Reichtum bitten, nicht um üppiges Leben, nicht um kostbare Kleider, um nichts dergleichen; nur um Brot, und zwar um soviel Brot, als für einen Tag genügt, so dass wir uns nicht um den nächsten Tag kümmern sollen. Darum fügt er hinzu: das tägliche Brot, d.h. soviel, als für den Tag genügt. Aber auch dieser Ausdruck genügte ihm noch nicht. Er setzte noch ein zweites Wort hinzu, und sagte: „Gib uns heute“, damit wir uns nicht unnötigerweise mit der Sorge um den nächstfolgenden Tag beunruhigen. Da du nämlich gar nicht weißt, ob du den kommenden Tag erleben wirst, was bist du in Sorge um ihn? Die gleiche Weisung schärfte der Herr im Folgenden noch mehr ein, indem er sagte: „Seid nicht in Sorge um den folgenden Tag“4. Auch will er, dass wir jederzeit gegürtet und marschbereit seien, und der Natur nur soviel zugestehen, als die notwendigen Bedürfnisse von uns erheischen. Da es aber sodann vorkommt, dass man auch nach dem Bade der Wiedergeburt Sünden begeht, so gibt er auch da wieder einen Beweis seiner Liebe, indem er uns befiehlt, uns um Nachlass unserer Sünden an den liebenden Gott zu wenden, und also zu beten:
V.12: „Vergib uns unsere Schulden, wie auch wir vergeben unseren Schuldigern.“
Siehst du da das Übermaß der Liebe? Nachdem er uns von so vielen Übeln befreit und uns ein unaussprechlich hohes Geschenk verliehen, gewährt er den Sündern noch einmal Verzeihung! Dass nämlich diese Bitte die S. 355Gläubigen betrifft, lehren uns sowohl die Satzungen der Kirche, als auch der Anfang des Gebetes. Ein Ungetaufter kann ja doch Gott noch nicht seinen Vater nennen. Wenn also dieses Gebet die Getauften im Auge hat, und diese um Nachlass ihrer Sünden bitten sollen, so ist es klar, dass die Wohltat der Buße auch dem Getauften nicht entzogen ist. Hätte Christus das nicht dartun wollen, so hätte er uns auch nicht darum zu beten befohlen. Nachdem er aber die Sünden erwähnt und uns um deren Nachlass zu bitten geheißen, ja uns auch die Art und Weise gezeigt, wie wir die Verzeihung erlangen können, und uns den Weg dazu geebnet hatte, so ist es klar, dass er uns absichtlich zeigen wollte, dass es auch nach der Taufe eine Abwaschung der Sünden gibt; darum hat er uns diese Bitte vorgeschrieben. Durch die Erinnerung an die Sünde leitete er uns zur Bescheidenheit an; durch den Befehl, anderen zu verzeihen, befreite er uns von jeglicher Rachsucht; dadurch endlich, dass er dafür auch uns Verzeihung verheißt, erfüllt er uns mit froher Hoffnung und veranlasst uns, über die unaussprechliche Liebe Gottes zu uns nachzudenken.