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Commentaire sur l'Evangile selon Saint Matthieu
3.
Jésus-Christ a souvent usé de cette même conduite. Il ne reprochait point ouvertement leurs crimes à ceux qui lui parlaient; mais il leur faisait connaître par ses réponses quel était le fond de leur coeur. C’est ainsi qu’il agit envers cet homme qui l’appelait « bon Maître, » et qui espérait par cette flatterie de se le rendre favorable. Il lui répondit selon la pensée qu’il lui voyait dans le coeur: « Pourquoi, » dit-il, « m’appelez-vous bon, puisqu’il n’y a personne de bon que Dieu seul? » (Matth. XII.)
C’est ainsi qu’il se conduisit encore lorsque le peuple lui dit : « Voilà votre mère et vos frères qui vous cherchent. » (Marc, III.) Comme alors ses parente agissaient humainement, et qu’ils demandaient à approcher de lui, moins pour apprendre quelque chose d’utile, que pour montrer qu’ils étaient ses proches, et tirer gloire de cet avantage, voici ce qu’il leur répondit: «Qui est ma mère, ou qui sont mes frères? » et le reste. Il traite encore ses parents de même, lorsque, pour satisfaire leur vanité, ils le portaient à s’acquérir de la réputation en lui disant : «Faites-vous connaître au monde. Votre temps, leur dit-il, est toujours prêt, mais le mien ne l’est pas encore.» (Jean, VII, 6.)
Il répond aussi à la pensée du coeur, mais pour l’approuver et non pour la reprendre, lorsqu’il dit de Nathanaël : « Voilà un véritable israélite, en qui il n’y a point de tromperie.» (Jean, I, 46.) Lorsqu’il dit aux disciples de saint Jean : « Allez et dites à Jean ce que vous avez entendu et ce que vous avez vu (Luc, VII, 9),» il ne répondait pas tant à ceux qui l’interrogeaient, qu’à la pensée de celui qui lui envoyait faire cette demande.
Jésus-Christ de plus a répondu à la pensée du peuple, lorsqu’il dit aux Juifs : «Qu’êtes-vous allés voir dans le désert?» Comme il voyait que dans leur pensée Jean n’était qu’un homme versatile et inconstant, c’est ce sentiment qu’il réfute et corrige en disant : « Qu’êtes-vous allés voir dans le désert? Un roseau agité du vent? ou un homme vêtu d’étoffes délicates? » montrant par là que l’âme de ce saint avait toujours été ferme et qu’aucune volupté n’avait pu l’amollir.
C’est donc de cette même manière que Jésus-Christ répond en cet endroit, non aux paroles, mais à la pensée de cet homme qui le voulait suivre. Et considérez , avec quelle modestie il lui répond ! Il ne lui dit point : J’ai ; mais : Je méprise; il dit simplement : Je n’ai pas, parole aussi exacte que pleine de condescendance. Et de même, lorsqu’il mangeait et buvait avec les Juifs et qu’il menait une vie qui semblait toute contraire à celle de saint Jean, (227) il n’avait pour but que leur salut, ou plutôt que celui de tous les hommes. Il a voulu fermer ainsi la bouche aux hérétiques qui devaient nier un jour qu’il eût été véritablement homme et gagner par surcroît l’affection de ceux avec qui il vivait, en rendant sa vie semblable à la leur.
« Un autre de ses disciples lui dit: Seigneur, permettez-moi, avant que je vous suive, d’aller ensevelir mon père (21). » Admirez quelle différence il y a entre ces deux hommes. L’un dit hardiment: « Je vous suivrai partout où vous irez. » Et l’autre qui cependant demandait quelque chose de louable en soi, dit modestement : « Permettez-moi. » Mais Jésus-Christ ne permit pas, et voici sa réponse : « Jésus lui dit : Suivez-moi, et laissez aux morts le soin d’ensevelir leurs morts (22).» On voit partout que Jésus-Christ pénétrait le fond des coeurs. Mais, direz-vous, pourquoi refuser cette permission? Parce qu’il y avait d’autres personnes pour ensevelir son père, et qu’il n’était pas raisonnable que cette occupation détournât ce disciple d’une autre beaucoup meilleure. Quand il dit : «Laissez aux morts le soin d’ensevelir leurs morts, » il montre que celui-ci n’était pas de ce nombre; quant à son père, c’était apparemment un infidèle.
Que si vous vous étonnez que ce jeune homme demande permission pour s’acquitter d’un devoir si nécessaire, et qu’il ne prend pas sur lui de s’en aller sans même consulter, je vous réponds que ce qu’il faut surtout admirer, c’est que, la défense faite, il se rend et obéit docilement.
Mais n’est-ce pas une étrange ingratitude, direz-vous, de n’assister pas à la sépulture de son propre père? J’avoue que s’il l’eût fait par indifférence, c’eût été de l’ingratitude, mais s’il ne le faisait que pour ne pas interrompre une affaire plus importante, ç’aurait été au contraire une extrême folie de s’en aller malgré tout pour faire les funérailles mêmes de son père. Jésus-Christ ne fait pas cette défense pour nous apprendre à mépriser nos parents, mais pour nous faire voir que nous n’avons rien de plus important que l’affaire de notre salut; que c’est à cela que nous devons nous attacher de tout notre coeur, sans différer d’un moment à nous y appliquer, quelque pressants que soient les motifs qui s’y opposent; car quoi de plus nécessaire parmi les affaires de ce monde que d’assister aux funérailles de son père? Et tout ensemble quoi de plus facile, et qui exige moins de temps?
Si donc, mes frères, il nous est défendu de perdre aussi peu de temps qu’il en faut peur ensevelir notre père, et s’il n’est pas sûr d’interrompre pour un moment ses exercices spirituels, jugez de quels supplices nous nous rendons dignes en nous éloignant continuellement de ce qui nous pourrait approcher de Jésus-Christ, en nous amusant volontairement à des choses où nous n’avons pas le moindre prétexte de nous appliquer, et en préférant des bagatelles et des folies à notre salut.
Mais ne devons-nous pas admirer ici la conduite et la sagesse de Jésus-Christ, qui d’abord attache ce jeune homme à sa parole, et qui le délivre ainsi d’une Infinité, de maux, comme des pleurs, des cris et de tout ce que des funérailles entraînent après soi de pénible et de douloureux? Car après l’enterrement de son père, il aurait fallu ouvrir le testament, partager la succession, et faire bien d’autres choses qui suivent nécessairement la mort d’un père. Ainsi dans ce flux et reflux d’affaires, ce jeune homme se serait trouvé comme emporté dans la haute mer et bien éloigné du port de son salut. Jésus-Christ donc lui fait une grande grâce en le tirant de tous ces embarras, et le tenant attaché auprès de lui.
Que si vous continuez à croire qu’il y avait de la dureté à ne pas permettre à un fils d’assister aux funérailles de son père, je vous, prie, de considérer que tous les jours, lorsqu’on prévoit que quelqu’un serait trop douloureusement affecté de la mort d’un père ou d’un fils, ou de quelqu’autre de ses proches, on lui cèle sa mort, on laisse passer le temps de l’enterrement, et l’on attend un moment favorable pour lui dire et lui adoucir en même temps cette nouvelle. Cependant on ne croit point qu’il y ait de la dureté dans cette conduite, on croirait au contraire être cruel, de dire tout d’un coup à ces personnes ce qui devrait les accabler de douleur. Que si c’est un mal, de pleurer à l’excès la mort d’un père, et de tomber pour cette cause dans une prostration qui anéantit l’âme, combien sera-ce encore un plus grand mal, si, pour la même cause, nous nous privions de la partie spirituelle qui donne la vie? C’est pourquoi Jésus-Christ dit ailleurs:
« Celui qui met la main à la charrue et qui tourne la tête en arrière, n’est pas propre au royaume de Dieu. » (Luc, IX, 62.) N’est-il pas (228) plus avantageux d’annoncer le royaume de « Dieu, » et de retirer les autres de la mort, que de rendre à un mort un service qui ne peut-lui servir de rien, surtout lorsqu’il y en a d’autres qui peuvent lui rendre ce dernier devoir?
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Kommentar zum Evangelium des hl. Matthäus (BKV)
3.
Auch anderswo sehen wir Christus oft das gleiche Verfahren einschlagen. Er tadelt nicht offen, lässt aber aus seiner Antwort die Gesinnung derer erkennen, die sich an ihn wandten. Auch jenem, der da sagt: "Guter Meister", und ihn mit dieser Schmeichelei zu gewinnen hoffte, antwortete er entsprechend seiner Gesinnung: "Was nennst du mich gut? Niemand ist gut außer einem und das ist Gott"1 . Ein anderes Mal sagte man ihm: "Siehe, Deine Mutter und Deine Brüder suchen Dich!"2 . Doch war der Grund ihres Kommens menschliche Eitelkeit; nicht um etwas zu hören, was ihrer Seele Nutzen gebracht hätte, sondern um zu zeigen, dass sie mit ihm verwandt waren, und sich damit vor den Leuten zu zeigen. Darum höre, was der Herr ihnen antwortete: "Wer ist meine Mutter und wer sind meine Brüder?"3 . Und als seine Brüder zu ihm sagten: "Offenbare Dich vor der Welt", weil sie dadurch berühmt werden wollten, erwiderte er: "Eure Zeit ist immer bereit, die meine ist noch nicht gekommen"4 . Aber auch der umgekehrte Fall kam vor, wie zum Beispiel bei Nathanael. Zu ihm sagte er: "Siehe, das ist ein wahrer S. d389 Israelite, in dem kein Falsch ist"5 . Und ein andermal sagte er: "Gehet hin und meldet dem Johannes, was ihr hört und seht!"6 . Hier war eben seine Antwort nicht auf den Wortlaut der Frage zugemessen, sondern auf die Absicht dessen, der die Fragesteller gesendet hatte. Auch zu der Volksmenge sagte der Herr entsprechend ihrer Seelenverfassung: "Was wollt ihr sehen, dass ihr in die Wüste herausgekommen seid?" Wahrscheinlich hielten sie den Johannes für einen einfältigen und wankelmütigen Menschen; deshalb wollte der Herr sie eines Besseren belehren und sagte: "Was wollt ihr sehen, dass ihr in die Wüste herausgekommen seid? Ein Rohr, das im Winde hin und herschwankt, oder einen Menschen, der weichliche Kleider anhat?"7 . Durch beide Fragen zeigt er, dass Johannes von Natur aus weder wankelmütig ist, noch durch weichliches Leben sich beugen lasse. So antwortet der Herr also auch in unserem Falle so, wie es der Gesinnung des Fragenden entsprach. Beachte aber, wie überaus maßvoll er auch hierbei verfährt. Er sagt nicht: Ich habe zwar all dies, aber ich verachte es, sondern: "Ich habe nicht." Siehst du, wie treffend und zugleich herablassend er antwortet? Wenn er ißt und trinkt, wenn er etwas tut, was der Lebensweise des Johannes scheinbar zuwider ist, so tut er auch das nur zum Besten der Juden, oder vielmehr der ganzen Welt; denn er bringt damit nicht bloß den Mund der Häretiker zum Schweigen, sondern bemüht sich zu gleicher Zeit, auch noch seine Zeitgenossen mit Macht an sich zu ziehen.
V.21: "Wieder ein anderer sprach zu ihm: Herr, erlaube mir zuerst hinzugehen, um meinen Vater zu begraben,"
Bemerkst du den Unterschied? Wie der eine keckerweise sagt: "Ich will dir folgen, wohin immer Du gehen wirst", während dieser, der doch eine gute und fromme Bitte stellt. erwidert: "Erlaube mir." Der Herr gab aber die Erlaubnis nicht, vielmehr antwortet er ihm:
V.22: "Lass die Toten ihre eigenen Toten begraben; du aber folge mir nach."
Überall richtet er sich eben nach der geistigen Verfassung des Fragenden. Warum hat er aber das nicht erlaubt, fragst du? Weil ohnehin noch Leute da waren, die diese Arbeit verrichten konnten und der Tote nicht unbegraben geblieben wäre; und es war nicht recht, den Fragenden von notwendigeren Dingen abzuziehen. Mit den Worten: "ihre eigenen Toten" deutet aber der Herr an, dass dieser Tote nicht sein Toter war. Der Verstorbene gehörte eben nach meiner Meinung zu den Ungläubigen. Wenn du dich aber wunderst, dass der Jüngling wegen einer so notwendigen Sache den Herrn fragte und nicht einfach von selbst wegging, so wundere dich vielmehr darüber, dass er auf das Verbot hin dablieb. War es aber nicht äußerst undankbar, dem Begräbnis des eigenen Vaters nicht beizuwohnen? Nun, hätte er es aus Gleichgültigkeit nicht getan, so wäre es Undankbarkeit gewesen; nachdem es aber galt, etwas, was noch notwendiger war, nicht zu hindern, so wäre vielmehr sein Weggang äußerst unklug gewesen. Es war ja Christus, der ihn daran hinderte, und zwar nicht um uns zur Missachtung der den Eltern schuldigen Ehrfurcht anzuleiten, sondern um uns zu zeigen, dass uns nichts wichtiger sein soll als das, was den Himmel betrifft, dass wir uns mit dem größten Eifer um diese Dinge bekümmern müssen und sie nicht einen Augenblick aufschieben dürfen, wenn auch das, was uns davon abziehen will, noch so unaufschiebbar und dringend sein mag. Oder was gäbe es sonst Notwendigeres, als seinen Vater zu begraben? Was Leichteres? Der Jüngling hätte ja gar keine lange Zeit darauf zu verwenden brauchen. Wenn es aber schon nicht angeht, den geistigen Angelegenheiten auch nur soviel Zeit zu entziehen, als notwendig ist, um seinen Vater zu begraben, so bedenke, was wir wohl verdienen, wenn wir die ganze Zeit uns fernhalten von dem, wozu Christus uns verpflichtet, wenn wir ganz wertlose Dinge dem Notwendigen vorziehen, und uns einfach gehen lassen, solange niemand uns drängt? Auch darin müssen wir die Weisheit seiner Lehre bewundern, dass er den Mann mit seinem Worte so S. d391 festgewonnen hat; außerdem ersparte er ihm auch dadurch eine Menge von Unannehmlichkeiten, wie zum Beispiel die Totenklage, die Trauer und alles, was damit zusammenhängt. Denn nach dem Begräbnis hätte er sich um das Testament kümmern müssen und um die Erbschaftsteilung und um alles andere, was ein Sterbefall mit dich zu bringen pflegt. So hätte ihn eine Weile um die andere erfasst und ihn unendlich weit vom Hafen der Wahrheit weggetrieben. Deswegen hält ihn der Herr zurück und zieht ihn fester an sich. Wenn du dich aber noch immer wunderst und nicht weißt, was du davon halten sollst, dass ihn der Herr nicht erlaubte, dem Begräbnis seines Vaters beizuwohnen, so bedenke, dass viele Leute nicht erlauben, dass man Angehörigen, die krank sind, einen vorgekommenen Trauerfall mitteile oder dass sie dem Trauerzuge folgen, und wäre der Verstorbene auch der eigene Vater oder die Mutter oder ein Kind oder wer immer sonst aus der Verwandtschaft. Deshalb beschuldigen wir sie nicht der Rohheit und Unmenschlichkeit; und wir tun gut daran. Viel eher wäre ja das Gegenteil Rohheit, wenn man solche Kranke zur Teilnahme am Trauerzuge veranlassen wollte.