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Commentaire sur l'Evangile selon Saint Matthieu
3.
Il commande à tout le monde de s’asseoir sur l’herbe, pour inspirer à ce peuple un mépris de toutes les choses de la terre. Car il voulait aussi bien instruire l’âme que nourrir le corps. C’est pourquoi le lieu même où il fait ce miracle, le nombre certain des pains et des poissons, et cette distribution égale qui se fait à tous, sans préférer les uns aux autres, toutes ces choses, dis-je, sont pleines d’instruction : elles nous apprennent comment nous devons conserver l’humilité, la tempérance et la charité; que nous devons avoir une bienveillance égale et uniforme envers tous, et que tout doit être commun entre les serviteurs d’un même Dieu.
« Ils en mangèrent tous et furent rassasiés, et on emporta douze paniers pleins des morceaux qui étaient restés (20). » Jésus-Christ ayant béni et rompu ces pains les donna à ses disciples, et les apôtres au peuple, et ces pains se multipliaient entre les mains des apôtres. Il ne borna pas la multiplication au besoin du peuple, il la fit surabonder, puisqu’il resta non-seulement des pains entiers, mais encore des morceaux, afin que ceux qui n’étaient pas présents alors connussent par ces restes la vérité de ce qui s’était passé. Il attend que le peuple ait faim, afin qu’on ne prenne point cette action pour une illusion et un songe. li veut encore qu’il en reste douze corbeilles afin que Judas même porte la sienne.
Le Sauveur aurait pu, s’il l’eût voulu, éteindre invisiblement la faim ; mais ses apôtres n’eussent rien vu de ce miracle caché, outre que cela s’était déjà fait dans la personne d’Elie et n’eût pas été si surprenant; au lieu que les Juifs furent tellement épouvantés de ce miracle, qu’ils voulurent sur-le-champ faire Jésus-Christ leur roi, ce qu’ils n’avaient encore fait pour aucun autre de ses prodiges.
« Or ceux qui mangèrent de ces pains étaient au nombre d’environ cinq mille hommes, sans compter les femmes et les petits enfants(21). » Mais qui pourrait ici, mes frères, relever par ces paroles la grandeur de ce miracle? Qui pourrait expliquer comment ces pains se multipliaient, comment ils sortaient des mains de Jésus-Christ comme d’une source féconde qui coulait ensuite clans tout ce désert et qui suffisait pour nourrir tant de personnes? Car l’Evangile marque expressément qu’il y avait jusqu’à « cinq mille hommes sans les femmes et les enfants. » C’est encore quelque chose qui fait l’éloge de ce peuple, que les femmes témoignent autant d’ardeur que les hommes pour suivre Jésus-Christ.
Mais que dirons-nous aussi de «ces restes?» C’est un second miracle qui n’est pas moindre que le premier? Pourquoi le nombre des corbeilles qui en reste est-il si juste, qu’il égale celui des apôtres? Pourquoi n’y en a-t-il pas pus ou moins de douze? Lorsqu’il fait ramasser ces restes, il ne les donne point au peuple, mais il donne ordre à ses disciples de les emporter, parce que le peuple était plus faible et plus imparfait que ses disciples.
« Aussitôt Jésus obligea ses disciples de monter sur une barque, et de passer à l’autre bord avant lui en attendant qu’il renvoyât le peuple (22). » Si ce miracle leur semblait une illusion lorsque Jésus-Christ était présent avec eux, et s’ils doutaient de la vérité de ce qu’ils voyaient, ils devaient se désabuser au moins lorsqu’il était absent. C’est pourquoi, pour leur permettre de soumettre à un examen attentif ce qui venait de se passer, il leur fait prendre ces restes, preuves palpables du prodige, et les fait partir sans lui.
On voit qu’ailleurs, lorsqu’il est près de faire ses plus grands miracles, il fait retirer le peuple, et souvent même ses disciples, pour nous apprendre à ne chercher jamais la gloire des hommes, et à ne les point attirer à notre suite. Ce mot de l’Evangile, « il obligea, »marque le grand amour que les disciples avaient pour Jésus-Christ, et combien ils aimaient sa présence. Il les renvoie donc sans lui, sous prétexte de demeurer pour congédier le peuple; mais en effet, pour se retirer seul sur la montagne. Il agissait de la sorte pour nous donner une instruction très-importante en nous apprenant à ne converser pas continuellement avec le monde, et à ne pas nous en éloigner non plus toujours, mais à faire l’un et l’autre utilement, modifiant notre conduite suivant le besoin du moment.
Apprenons donc, mes frères, à suivre le Fils de Dieu, et à nous attacher à lui, mais non à cause de ses faveurs sensibles, pour ne pas (384) tomber dans ce reproche honteux qu’il fit aux Juifs: «En vérité, en vérité, je vous le dis, vous « me cherchez, non parce que vous avez vu ces miracles, mais parce que vous avez mangé des pains et que vous avez été rassasiés. » (Jean, VI, 26.) C’est pour cette raison qu’il a évité de faire souvent ce miracle, et qu’il s’est contenté de le faire seulement deux fois, pour nous apprendre à n’être point les esclaves de l’intempérance, mais à nous élever au-dessus de ces choses basses et terrestres pour nous appliquer entièrement aux spirituelles.
Que ce soit là notre occupation, mes frères. Cherchons continuellement ce pain céleste et divin; et lorsque nous l’aurons reçu, bannissons tout autre soin , et tout autre désir de nos âmes. Si ce peuple quitte et oublie sa maison, sa ville, ses proches, et toutes ses affaires; s’il va dans le fond des déserts, sans que la faim et la nécessité l’en puisse chasser; combien plus le devons-nous faire, lorsque nous approchons de la sainte table ? combien devons-nous avoir plus de zèle et plus d’ardeur pour les choses spirituelles, et ne donner à l’avenir que les moindres de nos pensées aux affaires d’ici-bas? Car nous voyons ici le reproche que Jésus- Christ fait aux Juifs, non parce qu’ils le cherchaient à cause des pains qu’il avait multipliés; mais parce qu’ils ne le recherchaient qu’à cause de cela, et qu’ils en faisaient leur fin principale.
Celui qui a reçu de Dieu de grands dons, et qui les méprise pour s’attacher avec passion à d’autres qui sont infiniment moindres, et que celui-là même qui les lui donne l’oblige de négliger, perd par son ingratitude ces grandes grâces qu’il avait reçues. Que s’il recherche au contraire les choses grandes et spirituelles, Dieu lui donnera les autres « comme par surcroît ». Car les biens de la terre, quelque grands qu’ils paraissent, sont si petits, si on les compare avec les véritables biens, qui sont ceux de l’âme, qu’ils ne tiennent lieu que comme d’un accessoire à l’égard des autres.
Ne rabaissons donc point nos affections à des objets qui le méritent si peu. Regardons ces biens avec tant d’indifférence, qu’il nous soit égal ou de les posséder ou de les perdre. C’était la disposition où se trouvait le bienheureux Job. Il ne s’était pas attaché à ses richesses lorsqu’il les avait, et il ne s’affligea point lorsqu’elles lui furent ôtées.
Vous savez que dans la langue grecque, nous donnons à l’argent le nom « d’usage » cela veut dire que nous ne le devons pas cacher en terre, mais nous en servir selon nos besoins. Comme donc chaque artisan sait le métier qui le fait vivre, que les riches de même apprennent le leur. Le métier des riches ce n’est point de bâtir une maison, ou de construire un vaisseau, ou de travailler le bois et l’or; mais de bien user des richesses que Dieu leur a données, et de les employer pour nourrir les pauvres. C’est là leur occupation et leur art, qui est sans comparaison le plus élevé de tous les arts. Le lieu où l’on apprend cet art divin est le ciel. Les instruments n’en sont ni le fer ami le cuivre, mais la bonne volonté. Le maître qui l’enseigne est Jésus-Christ même, et Dieu son Père : «Soyez miséricordieux, » dit-il, « comme votre Père qui est « dans le ciel. »
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Kommentar zum Evangelium des hl. Matthäus (BKV)
3.
Also durch den Ort, sowie dadurch, dass er nicht mehr bietet als Brot und Fisch, dass er allen dasselbe gibt und allen gemeinsam verteilt, und keinem mehr zukommen lässt als dem anderen, durch all das lehrt er sie Demut, Enthaltsamkeit, Liebe, gleichmäßige Behandlung aller, sowie das Bewusstsein, dass alles gemeinsam sei. „Und er brach das Brot und gab es den Jüngern, S. d701 und die Jünger gaben es dem Volke.“ Die fünf Brote brach er und verteilte sie, und die fünfe vermehrten sich in den Händen der Jünger. Aber selbst hiermit ist das Wunder noch nicht abgeschlossen; der Herr machte, dass auch noch vieles übrig blieb, und zwar nicht ganze Brote, sondern Brotstücke. Er will eben zeigen, dass diese Überreste wirklich von den fünf Broten stammen, und dies in der Absicht, dass sie das Geschehene auch den Anwesenden mitteilten. Darum ließ er zuerst das Volk Hunger leiden, damit niemand sage, das Ganze sei nur Einbildung gewesen. Deshalb machte er auch, dass gerade zwölf Körbe voll übrig blieben, damit auch Judas einen zu tragen bekäme. Er hätte ja auch den Hunger einfach verschwinden lassen können; dann hätten aber die Jünger seine höhere Macht wohl kaum erkannt, da ja dies auch bei Elias geschehen war1 . Auf diese Weise setzte er also die Juden in solches Erstaunen , dass sie ihn sogar zum König machen wollten, was sie doch sonst bei keiner anderen Wundertat versuchten.
Wer könnte also mit Worten erklären, wie die Brote sich vermehrten? Wie sie mitten in der Wüste immer mehr zunahmen? Wie sie für so viele ausreichten? Es waren ja fünftausend Menschen da, ungerechnet die Frauen und Kinder. Aber gerade das gereicht den Leuten zur höchsten Ehre, dass sogar Frauen und Kinder dem Herrn anhingen.2 woher die Überreste kamen? Denn diese waren ja nicht geringer, als was im Anfang vorhanden war; und wie sie so zahlreich werden konnten, dass die Zahl der Körbe gerade derjenigen der Jünger gleichkam, keiner mehr und keiner weniger? Der Herr nahm also das gebrochene Brot und gab es nicht den Leuten, sondern den Jüngern, weil eben das Volk noch schwächer im Glauben war als die Jünger.
Nachdem aber das Zeichen geschehen war,
V.22: „Da nötigte er alsbald die Jünger, in das Schiff zu steigen und ihn an das andere Ufer zu führen, bevor er die Volksscharen entließ.“
S. d702 Denn wenn auch einer, solange er anwesend war, auf den Gedanken kommen konnte, es sei nur Einbildung und nicht Wirklichkeit, was er getan, so war dies doch unmöglich, nachdem er fortgegangen war. Darum überlässt er das Geschehene einer genauen Prüfung und gibt Befehl, dass diejenigen von ihm entfernt werden, die die Grundlage und den Beweis für seine Wunderzeichen in Händen hatten. Auch bei anderen Gelegenheiten, wo er etwas Großes tut, entfernt er sich vom Volk und den Jüngern, um uns zu zeigen, nirgends den Ruhm der Öffentlichkeit zu suchen, und nicht die Menge an uns zu ziehen. Wenn aber der Evangelist sagt: „Er nötigte“, so bekundet er damit nur die große Hingebung der Jünger3 . Auch schickte er die Jünger fort wegen des Volkes; er selbst aber wollte auf den Berg hinaufgehen. Auch das hat er wieder getan, um uns die Lehre zu geben, uns weder beständig unter dem Volk aufzuhalten, noch immerfort das Volk zu meiden, sondern beides in zukömmlicher Weise zu tun, und mit beidem in entsprechendem Maße abzuwechseln.
Lernen also auch wir, Jesus mit Eifer anzuhängen, aber nicht, um sinnfällige Wohltaten zu empfangen, damit wir nicht denselben Tadel verdienen wie die Juden. Denn, sagt der Herr: „Ihr suchet mich, nicht weil ihr Wunderzeichen geschaut habt, sondern weil ihr von den Broten aßet und satt wurdet“4 . Darum wirkte er auch dieses Wunder nicht immer, sondern nur zweimal, um sie zu lehren, nicht dem Bauche zu dienen, sondern stets den geistigen Dingen obzuliegen. Diesen wollen also auch wir uns widmen, wollen dem himmlischen Brote nachgehen, und wenn wir es erhalten, alle irdische Sorge von uns werfen. Wenn jene5 ihre Häuser, ihre Städte, ihre Verwandten und alles verließen und sich in der Wüste aufhielten, und trotz des Hungers, der sie quälte, nicht fortgingen, dann müssen um so mehr wir, die wir uns einem so erhabenen Tische nähern, noch weit größeren Eifer zeigen, die geistigen Dinge lieben und die materiellen erst nach diesen suchen. Auch jene wurden ja getadelt, nicht S. d703 weil sie den Herrn des Brotes wegen suchten, sondern weil sie ihn nur deshalb suchten, und in erster Linie deshalb. Wenn jemand die großen Gaben verachtet und sich dafür an die kleinen hängt, die er nach der Absicht des Gebers verachten sollte, so verliert er auch diese. Wenn wir dagegen jene lieben, so gibt er uns auch die anderen dazu. Diese sind nämlich nur eine Zugabe zu jenen; so wertlos und gering sind sie im Vergleich zu jenen, wenn sie auch sonst groß sind.
Jagen wir also nicht diesen zeitlichen Dingen nach, sondern halten wir deren Besitz oder Verlust für etwas ganz Gleichgültiges, wie ja auch Job sich nicht an sie hing, solange er sie besaß, und ihnen nicht nachjagte, nachdem er sie verloren. Denn Besitz6 heißen diese Dinge nicht deshalb, damit wir sie vergraben, sondern damit wir sie in der rechten Weise besitzen. Und wie bei den Handwerkern jeder seine besonderen Kenntnisse hat, so versteht auch der Reiche zwar nicht das Schmiedehandwerk, nicht den Schiffsbau, nicht die Webekunst, nicht das Bauhandwerk, auch sonst nichts von all dem; dafür aber soll er lernen, den Reichtum, gut zu gebrauchen und mit den Dürftigen Mitleid zu haben; dann wird er eine Kunst verstehen, die alle anderen übertrifft.