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Commentaire sur l'Evangile selon Saint Matthieu
4.
Je vous prie, mes frères, d’admirer ici deux choses; la vertu des apôtres, et la force du Saint-Esprit. La vertu des apôtres parait en ce qu’ils ne rougissent point d’avouer leur impuissance ; et la force du Saint-Esprit se fait voir en ce que trouvant des âmes qui selon Jésus-Christ n’avaient pas même un grain de foi, il les a néanmoins élevées peu à peu jusqu’à une telle perfection qu’il a répandu la foi en elles comme une source très-abondante.
« Cette sorte de démons ne se chasse que par « la prière et par le jeûne (21) ». Jésus-Christ comprend dans ce mot « de démons » non-seulement tous les lunatiques, mais en général toutes sortes de possédés. Il commence peu à peu à former ses disciples, et à les porter au jeûne. Car il ne faut point objecter ici ce qui arrive quelquefois, quoique rarement, qu’on a vu des personnes chasser des démons sans le jeûne; Si cela est arrivé à un ou à deux, il n’en faut pas faire une loi : mais on peut dire en général que si l’on peut quelquefois sans le jeûne guérir ceux qui sont possédés, il est entièrement, impossible que celui qui est possédé, et qui vit dans le plaisir et dans les dé lices, soit jamais délivré du démon qui le (451) possède. Car le jeûne est le remède le plus efficace et le plus nécessaire à cette sorte de maladie.
Vous me direz peut-être, mes frères: S’il faut avoir la foi pour guérir ces sortes de démons, pourquoi ne suffit-elle pas elle seule? pourquoi y faut-il joindre le jeûne ? Je vous réponds que c’est parce que. le jeûne joint à la foi redouble encore le mérite de celle-ci. Car le jeûne a une force toute particulière. Il fait que nous excellons dans toutes les autres vertus. Il change les hommes en anges et les rend capables de combattre dans une chair fragile, contre les esprits de malice et contre les princes des ténèbres. Mais il ne faut pas que nous nous contentions de jeûner, il faut encore que la prière accompagne notre jeûne, et qu’elle tienne même le premier rang.
Les biens que produisent en nous ces deux vertus, lorsqu’elles sont jointes ensemble sont tout à fait admirables. Celui qui prie et qui jeûne comme nous disons, n’a plus besoin de tous les faux biens dola terre, et celui qui n’a plus besoin de ces biens en est d’ordinaire fort détaché, et est toujours prêt à faire l’aumône. Celui qui jeûne a l’esprit fervent, toujours élevé au ciel. Il prie avec application. Il éteint en lui les mauvais désirs. Il fléchit Dieu et apaise sa colère. Il humilie son âme et réprime son orgueil. C’est pourquoi les apôtres jeûnèrent presque toute leur vie. Celui qui joint la prière au jeûne, se fait comme deux ailes pour aller à Dieu, qui sont plus légères et plus vites que les vents. Il ne prie point avec tiédeur; il ne baille point, il ne s’étend point, il ne sommeille point en priant. Il est plus ardent que le feu; il s’élève au-dessus de toute la terre.
Ce sont ces âmes, mes frères, qui sont terribles au démon, et qu’il craint comme ses ennemis qui lui font la plus rude guerre. Car en effet, il n’y a rien de si puissant que le juste qui prie bien. Si une femme, au rapport de l’Evangile, eut le pouvoir de fléchir un juge brutal qui ne craignait ni Dieu ni les hommes combien plus fléchirons-nous Dieu, lorsque nous le prierons sans cesse, et que nous accompagnerons cette prière continuelle du jeûne et de l’abstinence de toutes les voluptés? Que si vous dites que vous êtes d’un complexion trop faible pour souffrir la sévérité du jeûne, serez-vous trop faible au moins pour prier et pour renoncer à tous les plaisirs?
Si vous ne pouvez jeûner, vous pouvez vous abstenir des plaisirs. Et cette seconde abstinence est une vertu que je ne distingue guère du jeûne. Elle suffit pour réprimer la violence du démon, qui n’aime rien tant que l’intempérance et la bonne chère, parce qu’elle est la source, et comme la mère des autres vices. C’est par elle qu’autrefois il jeta les Juifs dans l’idolâtrie, et qu’il embrasa les Sodomites d’une passion détestable: « L’iniquité des Sodomites, » dit l’Ecriture, « est venue de l’intempérance; ils ont été ce qu’ils étaient, parce qu’ils se sont trop remplis de viandes». (Ezéch. XVI, 47.) C’est par elle enfin qu’il a perdu une infinité d’âmes et qu’il les a livrées aux flammes éternelles. Car quel mal ne fait point l’intempérance, puisqu’elle change l’homme en pourceau, et le rend même plus impur aux yeux de Dieu? Le pourceau se contente de se plonger dans la fange, et de se nourrir dans les ordures les plus infâmes; mais l’intempérant va plus loin. Il se fait à lui-même d’autres plaisirs abominables; et il se remplit l’esprit d’objets criminels dont il se repaît.
J’ose dire même qu’il n’y a point de différence entre un intempérant et un démoniaque. Ils sont tous deux également furieux, tous deux emportés, sans retenue et sans pudeur, par une même violence. La différence que j’y trouve, c’est qu’on plaint le démoniaque, au lieu qu’on n’a que de l’horreur du voluptueux. On le hait et on le déteste, parce qu’il se jette volontairement lui-même dans cet état misérable; parce qu’il se plait dans son malheur, et qu’il trouve ses délices à faire de sa bouche, de ses yeux, de ses narines, et de tous ses sens, des amas de saletés que l’on ne saurait souffrir. Que si l’on passe plus avant pour considérer l’état de son âme, on la verra si défigurée, si languissante, et saisie d’un froid si mortel, qu’elle n’est presque plus capable d’animer le corps.
Je rougis de m’étendre davantage sur les maux que l’intempérance cause dans les hommes et dans les femmes. Je laisse cela à la conscience de ceux qui le savent mieux que moi. Quoi de plus hideux qu’une femme qui s’enivre jusqu’à ne pouvoir marcher qu’en chancelant? Plus le vaisseau est frêle, plus terrible aussi est le naufrage. Je ne distingue pas ici la femme libre de l’esclave. La femme libre, la maîtresse de maison, se déshonore (452) elle-même devant ses propres domestiques, par ce vice si infâme, et l’esclave qui y est sujette devient encore plus méprisable devant ses autres compagnes. Elles sont cause par leurs excès que les gens peu sages blasphèment contre Dieu, et qu’ils l’accusent de ses dons.
Car j’ai souvent entendu des gens qui, voyant ces excès de vin, et l’effet funeste qu’ils avaient produit, disaient hautement : Plût à Dieu qu’il n’y eût jamais eu de vin dans le monde. Qui peut souffrir cet aveuglement? Qui peut ne point condamner cette extravagance? L’homme pèche, et vous rejetez sa faute sur les dons de Dieu. Est-ce le vin qui a causé ces dérèglements, ou l’intempérance de relui qui en abuse? Que ne dites-vous plutôt : Plût à Dieu que jamais on n’eût abusé du vin ! Plût à Dieu qu’on ne vît jamais d’intempérants dans le monde? Si vous continuez de rejeter cette faute sur le vin, et de souhaiter qu’il n’y en ait jamais eu dans le monde, vous pourrez désirer de même qu’il n’y ait jamais eu de fer sur la terre, parce qu’on en abuse pour tuer les hommes. Vous souhaiterez qu’il n’y ait jamais de nuit, afin qu’il n’y ait plus de voleurs; vous désirerez qu’il n’y ait jamais de jour, afin que les médisants ne puissent rien voir. Et vous pourrez dire comme du vin: Plût à Dieu qu’il n’y eût point de femmes dans le monde; afin qu’il n’y eût point d’adultère ! N’irait-on pas ainsi jusqu’à détruire toutes les créatures de Dieu, parce qu’on en peut abuser et s’en servir contre le dessein de Dieu qui nous les a données?
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Kommentar zum Evangelium des hl. Matthäus (BKV)
4.
S. d828 Hier nun hast du Gelegenheit, die Tugend der Apostel und die Kraft des Heiligen Geistes zu bewundern; die Tugendhaftigkeit der Apostel, denn sie machen kein Hehl aus ihre Schwäche; die Kraft des Heiligen Geistes, weil er sie, die nicht einmal ein Senfkörnlein Glauben besaßen, nach und nach so weit emporhob, dass sogar Quellen und Ströme des Glaubens aus ihnen hervorbrechen.
V.21: „Diese Art aber wird nicht ausgetrieben außer durch Gebet und Fasten.“
Der Herr spricht hier von dem ganzen Teufelsgezücht, nicht bloß von den Mondsüchtigen allein. Siehst du, wie er schon zum voraus die Lehre vom Fasten grundlegt? Man komme mir aber nicht mit jenen seltenen Fällen, wo hie und da Teufel auch ohne Fasten ausgetrieben wurden. Das mag wohl bei dem einen oder anderen Teufelsbeschwörer so gewesen sein, aber es ist ganz ausgeschlossen, dass jemand vom Unglück dieses Wahnsinnes geheilt werde, wenn er der Schwelgerei ergeben ist. Denn gerade für einen solchen Kranken ist Fasten und Gebet unbedingt notwendig. Da sagst du: Ja, wenn der Glaube notwendig ist, wozu dann noch fasten? Weil außer dem Glauben gerade das Fasten große Kraft verleiht. Es pflanzt große Tugendhaftigkeit in die Seele und macht aus dem Menschen einen Engel, so dass er mit den Mächten der Geister zu ringen vermag. Für sich allein genügt aber das Fasten nicht, auch das Gebet ist erforderlich, und zwar an erster Stelle.. Erwäge nun, wieviel Gutes aus beidem erwächst. Wer ordentlich betet und fastet, hat nicht viele Bedürfnisse; wer nur wenig bedarf, wird nicht leicht habsüchtig; wer nicht habsüchtig ist, der ist auch geneigter zum Almosengeben. Wer fastet ist leicht und beschwingt, wacht und betet, erstickt die Glut der bösen Begierden, zieht die Gnade Gottes auf sich und hält seine Seele, wenn sie sich selbst erhebt, nieder. Deshalb übten auch die Apostel beinahe ohne Unterlass das Fasten. Wer mit dem Fasten zugleich das Gebet verbindet, hat zwei Flügel, die leichter sind als der Wind. Ein solcher gähnt und streckt sich nicht vor Schläfrigkeit beim Beten, wie es die meisten machen; er ist vielmehr glühender als S. d829 Feuer und erhebt sich hoch über die Erde. Ein solcher Beter ist darum den Teufeln auch besonders verhasst und zuwider. Es gibt eben nichts Stärkeres als einen rechten Beter. Denn wenn schon ein Weib einen grausamen Gewalthaber, der weder Gott noch Menschen fürchtet, zu erweichen imstande ist1 , wieviel mehr wird da einer, der seine Eßlust beherrscht und der Wollust entsagt, bei Gott Gehör finden, wenn er ihn ohne Unterlass bittet.
Ist dein Leib zu schwach, um viel zu fasten, so ist er doch nicht zu schwach zum Beten, noch zu kraftlos, um die Esslust zu verachten. Wenn du auch nicht zu fasten vermagst, so kannst du doch die Üppigkeit vermeiden; auch das ist nichts Geringes und ist nicht weit vom Fasten entfernt; vielmehr ist auch diese Enthaltsamkeit ein sehr geeignetes Mittel, die wütenden Anfälle des Teufels zu vereiteln. Denn nichts sieht der Teufel so gern, wie Schwelgerei und Trunkenheit, weil daraus alle Laster entspringen und geboren werden. Damit verführte er seinerzeit die Israeliten zum Götzendienst; damit entflammte er die Sodomiter zu widernatürlicher Liebe. Die Schrift sagt nämlich: „Das war die Schuld Sodomas: Sie schwelgten in Hochmut, in Genüge an Brot und Überfluss“2 . Damit hat er auch schon tausend andere ins Verderben und in die Hölle gestürzt. Gibt es wohl ein Laster, zu dem die Üppigkeit nicht führt? Sie macht aus Menschen Schweine; ja noch Schlimmeres als Schweine. Das Schwein wälzt sich im Schlamme und frist Unrat. Der Üppige sucht sich noch abscheulichere Genüsse zu verschaffen als ein Schwein, indem er nach sündhaften Umarmungen und unerlaubter Liebe trachtet. Ein solcher Mensch unterscheidet sich in nichts von einem Besessenen, so schamlos und toll ist er. Mit einem Besessenen haben wir noch Mitleid, ein Wollüstiger flößt uns nur Abscheu und Ekel ein. Und weshalb? Weil er selbst an seiner Tollwut schuld ist, indem er seinen Mund, die Augen, die Nase und alle Glieder zu Schmutzkanälen macht. Könntest du gar S. d830 einen Blick in sein Inneres tun, du würdest sehen, dass seine Seele wie vor Frost und Regen erstarrt, gelähmt und außerstande ist, das Fahrzeug zu lenken wegen der Heftigkeit des Sturmes. Scham erfasst mich, wenn ich sagen soll, wieviel Unmäßigkeit über Mann und Weib bringt; das überlasse ich lieber denen, die darin Erfahrung haben, die es genauer wissen. Oder kann es etwas Schändlicheres geben als ein betrunkenes Weib, das nur so hin und her taumelt? Je gebrechlicher das Fahrzeug, desto entsetzlicher ist auch der Schiffbruch, mag die Trunkene nun eine Freigeborene sein oder eine Sklavin. Die Freie ist eben zum schamlosen Schauspiel der Slaven geworden, die Sklavin ist unter ihresgleichen unanständig. Beide sind schuld, dass die Gaben Gottes von den Unverständigen geschmäht werden. Denn gar häufig, wenn so etwas Böses vorkommt, höre ich sagen: Es sollte keinen Wein geben! Wie töricht! Wie beschränkt! Wenn andere sündigen, ziehst du gegen die Gaben Gottes los? Was ist das doch für ein Wahnsinn! Nicht der Wein trägt die Schuld, sondern diejenigen, welche ihn zur Unmäßigkeit missbrauchen. Sage also: es sollte keine Trunkenheit, es sollte keine Unmäßigkeit geben. Wer aber meint, es sollte keinen Wein geben, der wird allmählich weiter gehen und behaupten, wegen der Mörder sollte es kein Eisen geben, wegen der Diebe keine Nacht, wegen der Betrüger kein Licht, wegen der Ehebrüche keine Frauen; so gelangt man schließlich dahin, alles abschaffen zu wollen.