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Commentaire sur l'Evangile selon Saint Matthieu
3.
Si c’est un crime d’aimer ces choses, quel crime n’est-ce pas de les rechercher avec tant d’empressement? Jésus-Christ avait jusqu’ici passé assez légèrement sur les autres abus des pharisiens qui ne pouvaient nuire à leurs disciples; et il s’était contenté de les condamner et de les blâmer; mais quand il s’agit du désir des préséances et des dignités, ou de rechercher par ambition la chaire de vérité, pour instruire les hommes, le Fils de Dieu s’y arrête davantage. Il ne se contente plus de blâmer et de condamner les excès de ce genre mais il donne à ses disciples des avis et des instructions toutes contraires à cette conduite.
« Mais, pour vous, ne désirez point d’être appelés maîtres, parce que vous n’avez tous qu’un Maître, et que vous êtes tous frères (8)», sans que l’un d’entre vous ait aucun avantage sur l’autre, puisqu’il n’est rien de lui-même. C’est ce qui fait dire à saint Paul : « Qui est Paul? Qui est Apollon? Qui est Céphas? Que sont- ils autre chose que des ministres»? (I Cor. III, 5.) Il ne dit pas : Que sont-ils autre chose que des docteurs ou des maîtres?
« Et n’appelez personne sur la terre votre père, parce que vous n’avez qu’un Père, qui est dans le ciel (9) ». Jésus-Christ ne leur fait point ce commandement, afin qu’ils l’observent à la lettre, et qu’ils ne donnent effectivement à personne le nom de père, mais afin qu’ils sachent quel est celui qu’ils doivent par excellence appeler leur «Père ». Car, comme il n’y a point d’homme qui soit proprement maître, il n’y en a point non plus qui soit proprement père. Dieu seul est essentiellement le Maître et le Père de tous les hommes, et c’est lui qui forme tous ceux qui sont les maîtres et les pères de son Eglise.
« Et ne vous faites point appeler docteurs, (563) parce que vous n’avez qu’un docteur qui est le Christ (10) ». Il ne dit pas « qui est moi», imitant encore cette conduite qu’il vient de garder, en disant : « Que vous semble du Christ? de qui doit-il être fils » ? Je demanderais volontiers ici à ceux qui, pour déshonorer le Fils de Dieu, disent si souvent du Père qu’il n’y a qu’un Dieu; qu’il n’y a qu’un Seigneur, si le Père n’est pas aussi le Maître et le docteur des hommes? Y aurait-il un seul d’entre eux qui osât nier cette vérité? Et cependant le Fils de Dieu dit « qu’il n’y a qu’un docteur qui est le Christ ». Comme donc cette parole : « Il n’y a qu’un Maître qui est le Christ», n’exclut pas le Père, et ne veut pas dire qu’il ne soit pas aussi le Maître des hommes; de même cette parole : « Il n’y a qu’un Seigneur, il n’y a qu’un Dieu », qui est proprement dite du Père, n’exclut pas non plus le Fils, et ne veut pas dire qu’il ne soit pas Dieu et Seigneur comme son Père. Car ces mots : « Il n’y a qu’un Dieu, il n’y a qu’un Seigneur », ne sont que pour distinguer Dieu, et le séparer des hommes et du reste des créatures. Après que Jésus-Christ a fait voir à ses apôtres la grandeur de cette maladie qui est si contagieuse, il leur apprend maintenant que c’est par l’humilité qu’il faut la prévenir et y porter remède. C’est pourquoi il ajoute aussitôt : « Celui qui est le plus grand parmi vous sera votre serviteur « (14). Car, quiconque s’élèvera sera abaissé, « et quiconque s’abaissera sera élevé (12) » . Comme il n’y a rien qui soit comparable à la vertu de l’humilité, Jésus-Christ a soin d’en parler souvent à ses disciples. Il le fait en cet endroit. Il le fit encore dans cette autre rencontre où il mit un enfant au milieu d’eux. Il le fit lorqu’en son sermon sur la montagne, il commença par cette béatitude « Bienheureux les pauvres d’esprit ». Mais il arrache ici comme la racine de ce vice, lorsqu’il dit « Quiconque s’abaissera sera élevé». Je vous prie de remarquer encore ici ce que je vous ai souvent fait voir, que Jésus-Christ exhorte ses disciples à acquérir ce qu’ils souhaitent, par une voie qui semble toute contraire. Il ne leur commande pas seulement de ne point désirer les premières places, mais il les porte même à rechercher la plus basse, et il les assure que c’est le moyen- de posséder les premières qu’ils souhaitaient. Parce qu’il faut nécessairement que celui qui veut être le premier, devienne le dernier de tous. « Celui qui s’abaissera sera élevé ». Mais où trouverons-nous cette humilité? Il m’est aisé de répondre à votre demande.
Voulez-.vous, mes frères, que nous montions encore aujourd’hui à cette ville bienheureuse, à cette demeure de saints, à ces montagnes et à ces vallées où habitent les vertus? C’est là que nous verrons l’humilité dans sa grandeur et dans son éclat. Car il y a dans ces troupes saintes des solitaires, qui, après avoir été autrefois dans les dignités du monde, dans les richesses et dans la magnificence, s’humilient maintenant et se rabaissent en toutes choses, dans leur vêtement, dans leur cellule et dans-leurs emplois; et qui regardent l’humilité comme la lin générale où ils rapportent tout le reste. Tout ce qui allume le feu de l’orgueil, les beaux habits, les splendides habitations, les nombreux domestiques, toutes ces choses qui nous engagent malgré nous dans la vanité, sont retranchées parmi eux, Ils vont eux-mêmes couper le bois dont ils ont besoin. Ils allument eux-mêmes leur feu. Ils font cuire eux-mêmes ce qu’ils doivent manger, et ils servent eux-mêmes ceux qui les viennent voir.
Nul en ce lieu, ni ne blesse un autre ni n’en est blessé. Nul ne commande, et nul n’a besoin qu’on lui commande. Ils sont tous serviteurs les uns des autres. Ils s’empressent de laver les pieds des hôtes qui les viennent voir. Chacun tâche de prévenir son frère dans ce devoir et ils ne disputent jamais qu’à qui sera le plus humble. On rend cet office de charité à un hôte quel qu’il soit, sans s’informer s’il est pauvre ou s’il est riche , s’il est libre ou s’il est esclave. On traite tout le monde indistinctement. Il n’y a parmi eux ni grand ni petit. Tout y est égal. Il y a donc là, me direz-vous, une grande confusion. Nullement, mes frères, mais on y voit au contraire régner souverainement l’ordre et la paix. Personne ne considère ce qu’est son -frère, s’il était noble, s’il ne l’était pas. Chacun se croit le dernier de tous, et devient grand en cela même qu’il aime à se mettre au-dessous des autres.
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Kommentar zum Evangelium des hl. Matthäus (BKV)
3.
In Bezug auf diese Dinge ließ es der Herr bei dem bloßen Tadel bewenden, weil sie nur unbedeutend und geringfügig waren und weil keine Notwendigkeit vorlag, die Jünger besonders darüber zu unterweisen. Anders verhielt es sich mit der Herrschsucht und der Anmaßung des Lehramtes; daraus ging alles Unheil hervor. Er geht daher eigens darauf ein, um die Jünger genau zu belehren und ihnen darüber nachdrückliche Weisungen zu geben. Was sagt er doch?
V.8: „Ihr aber sollt euch nicht Rabbi nennen lassen.“
Er gibt auch den Grund an: „Denn einer ist euer Lehrmeister, ihr alle aber seid Brüder."
Keiner hat etwas vor dem anderen voraus, denn niemand weiß etwas aus sich selbst. Deshalb schreibt Paulus: „Was ist denn Paulus, was Apollo, was Kephas, wenn nicht Diener?"[^1874] Also nicht „Lehrmeister". Weiter spricht der Herr:
V. 9: „Auch sollt ihr niemand Vater nennen",
nicht etwa, als sollten sie diesen Namen nie gebrauchen, sondern sie sollten wissen, wen man vorzüglich Vater zu heißen hätte. Wie nämlich der Name „Lehrer" nicht einem Lehrer vorzugsweise und ausschließlich zukommt, so ist es auch mit dem Namen Vater. Gott ist der Ursprung aller Lehrerschaft und Vaterschaft. Dann fügt Christus noch hinzu:
V. 10: „Und lasset euch nicht Meister nennen. Denn einer ist euer Meister: Christus."
Er sagt nicht: Ich. Früher hatte er auch nicht gefragt: „Was haltet ihr von mir?" sondern: „von Christus?"[^1875] so drückt er sich auch jetzt aus. Hier möchte ich gerne fragen, was diejenigen wohl erwidern, welche die Worte S. d1038 „einer“ und „einziger“ stets nur auf den Vater beziehen, um den Sohn zu verwerfen. Ist der Vater ein Lehrer? Alle sagen: ja; keiner widerspricht. Aber „euer Meister ist einer; Christus“, heißt es. Wie also Christus, wenn er sich den einen Meister nennt, damit nicht den Vater aus dem Amte eines Meisters verdrängt, ebenso schließt auch der Vater, wenn er der eine Lehrer heißt, den Sohn nicht vom Amte des Lehrers aus. Die Worte „einer" und „einziger" drücken bloß den Gegensatz zu den Menschen und der übrigen Schöpfung aus. Nachdem er so die Jünger vor dieser schlimmen Leidenschaft, dem Hochmute, gewarnt, gibt er ihnen an, durch welche Mittel sie sich dagegen schützen können: er lehrt sie die Demut. Deshalb fährt er fort:
V. 11: „Wer aber der Größere ist unter euch, wird euer Diener sein.
V. 12: Wer aber sich selbst erhöht, wird erniedrigt werden; und wer sich selbst erniedrigt, wird erhöht werden."
Nichts kommt der Bescheidenheit gleich. Deshalb erinnert er sie unablässig an diese Tugend, so damals als er die Kinder in ihre Mitte stellte, desgleichen hier; als er auf dem Berge die Seligkeiten vortrug, machte er eben damit den Anfang. Hier sucht er den Wurzelstock selbst auszureißen, wenn er sagt: „Wer sich selbst erniedrigt, wird erhöht werden." Merkst du, wie er den Zuhörer auf das gerade Gegenteil der Eitelkeit hinweist? Er verbietet nicht allein, nach den ersten Plätzen zu trachten, sondern heißt uns vielmehr die letzten wählen. So wirst du erreichen, will er sagen, wonach du verlangst. Mithin muss man, wenn man nach dem ersten Platze strebt, den letzten einzunehmen trachten, denn „wer sich selbst erniedrigt, wird erhöht werden."
Wo würden wir nun eine solche Demut finden? Wohlan, gehen wir wieder an jene Stätte der Tugend, in die Hütten der Heiligen, ich meine in die Berge und Täler! Dort können wir die vollkommene Demut finden. Leute, die durch weltliche Würden oder durch Reichtum einen Namen hatten, erniedrigen sich dort in jeder Beziehung, in Kleidung, Wohnung, Bedienung, und drücken S. d1039 in ihrem ganzen Wesen wie mit Lettern die Demut aus. Alles, was für den Hochmut ein Zunder sein kann, ist von dort ferngehalten: schöne Kleider, vornehme Wohnung, zahlreiche Dienerschaft; lauter Dinge, die oft, ohne dass man es will, den Hochmut erwecken. Eigenhändig machen sie das Feuer an, spalten Holz und in eigener Person bedienen sie die Fremden. Da hört man niemanden schimpfen, da sieht man keinen, der gescholten wird, niemand erteilt Befehle, keinem werden sie erteilt; alle sind Diener, alle wetteifern miteinander, den Gästen die Füße zu waschen. Sie tun es, ohne zu fragen, wer es ist, ob Knecht oder Herr, sie erweisen Dienst allen ohne Unterschied. Da gibt es weder Große noch Geringe. Wie ist aber das möglich? reißt denn da keine Unordnung ein? Mit nichten, es herrscht vielmehr die schönste Ordnung. Und wenn auch ein Geringer dort ist, der Große bemerkt es nicht, er erachtet sich selbst für niedrig und gewinnt gerade dadurch an Größe. Alle haben nur einen Tisch, sowohl die Bedienten wie die Dienenden, alle die gleiche Kost, die gleiche Kleidung, die gleiche Behausung, die gleiche Lebensweise. Als groß gilt, dort jener, der sich einer niedrigen Arbeit unterzieht. Mein und Dein kennt man nicht, sogar das bloße Wort, das Anlass zu unzähligen Kriegen gab, ist gänzlich verbannt.